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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXXV.

7.

« Car vous êtes doux, Seigneur, facile à fléchir1». Donnez-moi donc quelque joie. Fatigué de trouver l’amertume sur la terre, il a désiré quelque douceur, et il en cherche la source, mais ne la trouve point sur la terre. Quelque part qu’il se trouve, il ne rencontre que des scandales, des craintes, des tribulations, des épreuves. En quel homme trouver la sécurité? Qui lui donnera la vraie joie? pas même lui assurément, combien moins encore un autre! Ou bien les hommes sont méchants, et il faut les souffrir, espérer qu’ils se pourront convertir; ou ils sont hommes de bien, et alors il faut les aimer, non sans crainte qu’ils ne deviennent méchants, car ils peuvent toujours changer. Ici donc l’âme du Prophète est pleine d’amertume, par la malice des uns, et là elle est tourmentée par la crainte que l’homme de bien ne vienne à déchoir. Quelque part qu’il jette les yeux, il ne trouve qu’amertume sur la terre il ne peut l’adoucir qu’en s’élevant à Dieu: « Vous êtes doux, Seigneur, facile à fléchir ». Qu’est-ce à dire « doux? » Vous me supportez jusqu’à ce que vous me perfectionniez. Car, mes frères, je dois vous parler comme un homme au milieu d’autres hommes, et d’après l’expérience des hommes : que chacun rentre en son coeur, qu’il s’examine et se considère sans flatterie. Car s’examiner pour se tromper, serait le comble de la folie. Que chacun donc examine et voie ce qui se passe dans le coeur humain, comment nos prières sont pour la plupart entravées par nos futiles pensées, de sorte que son coeur peut à peine se tenir devant Dieu; et lui-même, qui voudrait s’y tenir, échappe en quelque sorte à ses propres efforts; il ne trouve ni barrière pour s’enfermer, ni digue pour contenir ses divagations, ses mouvements désordonnés, afin de se tenir devant Dieu et y goûter la joie. A peine dans toutes ces prières, trouvons-nous une prière digne de ce nom. Nous croirions peut-être que d’autres n’éprouvent pas ce que nous éprouvons, si nous ne lisions dans l’Ecriture cette parole du roi David au milieu de sa prière « J’ai trouvé mon coeur, ô mon Dieu, pour vous invoquer2 ». Il a trouvé son coeur, dit-il, comme si ce coeur lui échappait d’ordinaire, comme s’il le poursuivait dans sa fuite, et que dans l’impossibilité de le saisir, il criât vers Dieu: « Mon coeur m’a échappé3». Donc, mes frères, en examinant ces paroles du Prophète : « Vous êtes doux et facile à fléchir »; il me semble que quand il dit « Vous êtes doux; versez la douceur dans l’âme de votre serviteur, parce que vous êtes suave et doux »; il me semble, dis-je, qu’il attribue à Dieu la douceur, parce que Dieu souffre nos faiblesses et attend pour nous perfectionner la prière de notre coeur. Et quand nous la lui avons donnée, il la reçoit favorablement et nous exauce; il oublie tant d’autres prières faites avec dissipation, et il accepte celle que nous avons à peine trouvée. Où est, mes frères, où est l’homme qui souffrirait que son ami, après avoir commencé à s’entretenir avec lui, au lieu d’écouter sa réponse, lui tournât le dos et parlât avec un autre? Quel juge pourrait vous souffrir si, après en avoir appelé à son tribunal, tout en lui parlant, vous le quittiez tout à coup pour aller deviser avec votre ami? Et cependant Dieu souffre ces égarements du coeur, et dans ceux qui le prient, ces pensées que je n’appelle point dangereuses, que je n’appelle point coupables et ennemies de Dieu; mais vous occuper des pensées frivoles, c’est outrager votre interlocuteur. Or, cette prière est une conversation avec Dieu. Dans une lecture, c’est Dieu qui vous parle; dans une prière, c’est vous qui parlez à Dieu. Mais quoi? Faut-il désespérer du genre humain, et dire que tout homme sera damné, dès qu’une distraction se glissera dans sa prière et viendra l’interrompre? Si cela était, mes frères, je ne vois pas quelle espérance il nous resterait. Mais puisque nous espérons en Dieu, puisque sa miséricorde est grande, disons-lui : « Répandez la joie dans l’âme de votre serviteur, ô mon Dieu, parce que j’ai élevé mon âme vers vous ». Et comment l’ai-je élevée? Comment l’ai-je pu faire? Autant que vous m’en avez donné les forces, autant que j’ai pu la retenir dans sa fuite. Mais as-tu oublié, te répond le Seigneur, combien de fois tu t’es présenté devant moi, pour t’occuper de tant de frivolités, qu’à peine tu pouvais faire une prière fixe et arrêtée? « Vous êtes suave et doux, ô mon Dieu », doux pour me tolérer. Je suis malade et m’écoule comme l’eau; guérissez-moi, et je serai stable ; affermissez-moi, et je serai ferme; jusque-là vous me tolérez, parce que vous êtes suave et doux, ô mon Dieu!


  1. Ps. LXXXV, 5.  ↩

  2. II Rois, VII, 27. ↩

  3. Ps. XXXIX, 13. ↩

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