12.
« Nul d’entre les dieux n’est semblable à vous, Seigneur1 ». Quelle est cette parole?
« Nul d’entre les dieux n’est semblable à vous, Seigneur ». Que les païens se fassent des dieux selon leurs caprices; que les ouvriers en argent, en or, les ciseleurs, les sculpteurs, leur fabriquent des dieux. Quels dieux? Des dieux qui ont des yeux pour ne point voir2, et tous ces défauts que le Psalmiste leur a reprochés. Mais, me dit un païen, ce n’est point là ce que j’adore, ils ne sont que des signes, je ne les adore point. Qu’adorez-vous donc? Quelque chose de pire: « Car les dieux des nations sont les démons3 ». Qu’est-ce donc? Ni les démons non plus, nous ne les adorons pas. Et pourtant vous n’avez que le démon dans vos temples, et il n’y a que lui qui inspire vos devins. Mais que nous alléguez-vous? Nous adorons les anges, les anges sont, nos dieux. Vous ne connaissez nullement les anges, car les anges adorent un seul Dieu, et n’accordent aucune faveur aux hommes qui veulent adorer les anges, et non Dieu. Des anges que l’on voulait honorer, ont défendu aux hommes de leur rendre un culte4; il le faut au vrai Dieu. Mais qu’on les appelle des anges ou des hommes, bien qu’il soit écrit: « Je l’ai dit : vous « êtes des dieux, vous êtes tous les fils du Très-Haut5 ; nul parmi les dieux n’est semblable à vous, ô mon Dieu ». Quelles que soient les pensées des hommes, la créature ne sera point semblable au Créateur. Or, à l’exception de Dieu, tout ce qui est dans la nature est l’oeuvre de Dieu. Qui pourra mesurer la distance entre l’oeuvre et l’ouvrier? Le Prophète s’écrie donc: « Nul parmi les dieux n’est semblable à vous, ô mon Dieu ». Mais il n’a point précisé la différence avec Dieu, parce que cette précision est impossible. Que votre charité le veuille bien comprendre, Dieu est ineffable; il est plus facile de dire ce qu’il n’est pas, que de dire ce qu’il est. Ta pensée s’arrête sur la terre, ce n’est pas Dieu; sur la mer, ce n’est pas Dieu; sur tout ce qui est sur la terre, ce sont des hommes et des animaux, ce n’est pas Dieu; sur tout ce qui est sur la mer, sur tout ce qui vole dans les airs, ce n’est pas Dieu; sur tout ce qui brille dans les cieux, ce sont les étoiles, le soleil et la lune, ce n’est pas Dieu; sur le ciel, ce n’est pas Dieu. Elève ta pensée jusqu’aux Anges, aux Vertus, aux Puissances, aux Archanges, aux Trônes, aux Sièges, aux Dominations, tout cela n’est pas Dieu. Qu’est-il donc? J’ai seulement pu te dire ce qu’il n’est pas. Tu me demandes ce qu’il est? Ce que l’oeil n’a point vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme6. Comment pourrait arriver à ma langue ce qui n’est pas arrivé jusqu’à mon coeur? «Nul n’est semblable à vous parmi les dieux, ô mon Dieu; nul ne peut vous être comparé dans vos oeuvres ».