3.
Voici le titre ou l’inscription du psaume: « Psaume de David pour le quatrième jour du sabbat ». Ce psaume doit enseigner la patience à tous les justes qui sont dans l’affliction. Il affermit notre patience, et nous apprend à voir sans aigreur le bonheur des méchants. Voilà ce qu’il contient d’un bout à l’autre. Pourquoi donc est-il intitulé : Pour le quatrième jour de la semaine? Le premier jour de la semaine est le dimanche. Le second est la seconde férie, que le monde appelle jour de la Lune ou lundi; le troisième jour est la troisième férie, appelé jour de Mars ou mardi. Le quatrième jour du sabbat est donc la quatrième férie, appelée jour de Mercure, ou mercredi par les païens et beaucoup de chrétiens. Nous voudrions qu’ils s’en corrigeassent, et ne parlassent plus ainsi; car ils ont leur langage dont ils doivent se servir. Ces noms en effet ne sont point les mêmes chez tous les peuples, et les uns ont tel nom, les autres tel autre. Il serait donc mieux qu’un chrétien se servît du langage de l’Eglise. Toutefois si quelqu’un se laisse entraîner à la coutume, et se sert d’un langage qu’il condamne au fond de son coeur, qu’il reconnaisse du moins que ceux dont on adonné les noms aux astres sont des hommes, et que les astres n’ont point commencé avec ces hommes, qu’ils étaient dans les cieux avant que ces hommes fussent sur la terre. Mais que ces hommes puissants et éminents ici-bas, s’étant rendus chers à leurs semblables, à cause de certains bienfaits périssables, et qui ne regardaient point la vie éternelle, mais bien cette vie présente, ont reçu des mortels les honneurs divins. En effet les anciens du monde, trompés eux-mêmes et trompant les autres adulateurs envers ceux qui leur procuraient quelque bonheur en cette vie, montraient dans les cieux les constellations, et assuraient que c’était ici l’étoile d’un tel et là l’étoile de tel autre. Car des hommes qui n’avaient rien examiné auparavant, qui n’avaient point vu que ces étoiles occupaient celte place même avant leur naissance, crurent qu’elles commençaient à luire. Ainsi s’accrédita une opinion mensongère; opinion que le diable confirmée, que le Christa détruite. Dans votre langage donc, le quatrième jour de la semaine est le quatrième, en commençant au dimanche, Que votre charité examine le sens du titre, II y a là un grand mystère, mais très-caché. Le reste du psaume sera clair, les mouvements en sont de toute évidence et se comprennent facilement mais il faut l’avouer, le titre n’est pas d’une faible obscurité. Toutefois, avec le secours de Dieu, le nuage se dissipera, vous comprendrez le psaume, et dès l’entrée vous en saisirez le sens. Car c’est au début que nous lisons: « Psaume pour David ou quatrième jour du sabbat ». Voilà ce qui est écrit au frontispice, gravé sur le portail. Un homme veut lire l’enseigne avant d’entrer dans la maison. Rappelons-nous alors les oeuvres que dans la Genèse l’Ecriture sainte assigne au premier jour; nous trouvons qu’alors fut créée la lumière : ce qui fut lait le second jour; et notas trouvons le firmament appelé le ciel : ce qui fut fait le troisième jour; et nous trouvons la terre qui prend une forme, ainsi que la mer, et leur séparation de manière que l’on appela mer le vaste réservoir des eaux, et terre tout ce qui était aride. Le quatrième jour Dieu fit les deux grands flambeaux des cieux1: le soleil pour luire pendant le jour, et la lune et les étoiles pour briller pendant la nuit2, Voilà l’oeuvre du quatrième jour. Mais pourquoi ce titre de quatrième jour donné à notre psaume? C’est qu’il nous apprend à supporter avec patience la félicité des méchants, l’affliction des bons. Souvenons-nous de cette parole de saint Paul aux fidèles et aux saints affermis dans le Christ : « Accomplissez toutes choses sans murmure et sans contestation, afin que vous soyez sans reproche, simples et sans tache comme des enfants de Dieu, au milieu d’une nation perverse et corrompue, où vous brillerez comme des astres dans le monde, portant en vous la parole de la vie3». Saint Paul compare les saints à des astres, afin qu’ils soient sans murmure dans le monde, qui est tortueux et dépravé.