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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUM CIII.
TROISIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.

22.

Et après le coucher du soleil, après la passion du Seigneur, qu’est-il arrivé? Je ne sais quelles ténèbres couvrirent les Apôtres, leur espérance vint à faillir, eux qui avaient vu tout d’abord en lui un grand personnage, le Rédempteur des hommes. Pourquoi? Parce que « Nous avez répandu les ténèbres1, et la nuit s’est faite; c’est là que passeront toutes les bêtes des forêts. Les lionceaux rugissent après leur proie, ils demandent à Dieu leur nourriture2». Que devons-nous comprendre par ces lionceaux, sinon les esprits de malice3? Que faut-il comprendre, sinon les mauvais esprits, ces esprits qui se repaissent des erreurs des hommes? Car il y a parmi les démons des princes, et d’autres qui sont méprisables. Ces démons cherchent à séduire les âmes, mais là seulement où le soleil ne s’est point levé, où règnent encore les ténèbres. Et c’est dans ces ténèbres que les lionceaux cherchent des proies à dévorer. Or, qu’est-il dit à propos du premier de ces lions, du chef de ces lionceaux? « Ne savez-vous pas que le diable votre ennemi tourne autour de vous, comme le lion qui rugit et cherche quelqu’un à dévorer4?» C’est donc à Dieu qu’ils demandent leur proie, car nul ne peut être tenté par le diable, sans la permission de Dieu. Job, dans sa sainteté, était en présence du diable, et néanmoins il en était bien éloigné; il était présent aux yeux du démon, mais bien éloigné de sa puissance. Or, comment eût-il osé le tenter dans sa chair, ou dans ses biens, s’il n’en eût reçu le pouvoir? Pourquoi ce pouvoir lui est-il donné? Pour la condamnation des méchants, et pour l’épreuve des justes. En tout cela Dieu agit avec justice: et le diable n’a de pouvoir ni sur un homme, ni sur rien de ce qui lui appartient, s’il ne lui est accordé par celui qui a le grand, le souverain pouvoir. C’est ainsi que ni le diable, ni aucun homme n’ont de pouvoir sur un autre, s’il ne leur vient d’en haut. Le juge des vivants et des morts comparaissait devant un homme qui le jugeait; et cet homme voyant le Christ à son tribunal, s’en enorgueillit, et lui dit: « Ne savez-vous donc pas que j’ai le pouvoir de vous faire mourir ou de vous renvoyer? » Mais le Christ venant pour instruire celui-là même qui le jugeait, lui répondit : « Vous n’auriez sur moi aucun pouvoir, s’il ne vous était donné d’en haut5 ». Ni l’homme donc, ni le diable, ni aucun démon, ne peuvent nous nuire s’ils n’en ont le pouvoir: mais ils ne nuisent point à ceux qui s’avancent dans la piété. Ils sont donc pour les méchants, ce que la flamme est pour le foin, et pour les bons, ce que le feu est pour l’or. Judas fut consumé comme le foin, Job éprouvé comme l’or. « Vous avez répandu les ténèbres, et la nuit s’est formée; c’est là que passeront les bêtes de la forêt». Ici nous donnons aux bêtes de la forêt un sens différent de celui que nous avons donné; c’est que l’on donne aux mêmes noms des significations différentes; de même que le Seigneur est tout à la fois un agneau et un lion. Et pourtant quelle différence entre le lion et l’agneau ! Mais quel agneau ? Un agneau qui triomphe du loup, qui triomphe du lion. C’est lui qui est la pierre, lui le pasteur, lui la porte. Le pasteur entre par la porte, et dit : « Je suis le bon pasteur »; et encore: « Je suis la porte6 ». Or, cette dénomination de lion, désigne Notre-Seigneur, car: « Le lion de la tribu de Juda a vaincu7 », et aussi le diable; car: « Tu marcheras sur le lion et sur le dragon8 ». Apprenez donc, mes frères, comment il faut entendre ces expressions figuratives, et toutefois ne vous imaginez pas que quand vous entendez que la pierre signifie le Christ9, toute pierre doit s’entendre du Christ. Elle a tantôt un sens, tantôt un autre sens il en est de ceci comme d’une lettre, la place qu’elle occupe nous en indique la force. En voyant la première lettre dans l’expression Dieu, si tu crois q u’elle ne peut avoir que cette signification, il faudra donc l’effacer de l’expression diable; car c’est la même lettre qui commence le nom de diable, et celui de Dieu; et toutefois rien n’est plus opposé que Dieu et diable. Comprend dès lors combien il serait étranger aux usages divins et humains, celui qui dirait que le signe D ne doit point commencer le mot diable. Pourquoi? lui direz-vous: parce que j’ai vu cette lettre dans le mot Dieu, vous répondra-t-il. Un tel homme vous ferait- sourire, mais vous dédaigneriez de lui rendre aucunement raison. Gardez-vous donc de tout sentiment puéril, quand il s’agit de choses divines, et parce que j’ai entendu par les bêtes des forêts, les Gentils, que j’entends maintenant les démons, les anges prévaricateurs, qu’on ne s’imagine pas que je sois en contradiction avec moi-même. Ce sont là des figures, que l’on explique selon les circonstances, et selon la place qu’elles occupent. « C’est là que passeront les bêtes des forêts ». Où? Dans cette nuit que le Seigneur a répandue, parce que « le soleil a connu son coucher. Les lionceaux rugissent après leur proie, demandant à Dieu leur nourriture ». C’est donc avec raison que le Seigneur, touchant à sa dernière heure, ce même soleil de justice qui connaissait son couchant, dit à ses disciples, aux approches des ténèbres, et quand le lion allait rôder autour d’eux, cherchant à en dévorer quelques-uns, mais sans pouvoir dévorer personne qu’il ne l’ait demandé: « Cette nuit, Satan a demandé à vous cribler comme le froment, et moi, Pierre, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne connaisse point la défaillance10». Or, quand Pierre jusqu’à trois fois reniait son maître11, n’était-il point déjà entre les dents de ce lion? « Les lionceaux rugissent après leur proie, demandant à Dieu leur nourriture ».


  1. Ces verset, sont expliqués dans le discours sur le Ps. C, n. 12, 13.  ↩

  2. Ps. CIII, 20, 21  ↩

  3. Ephés. VI, 12. ↩

  4. I Pierre, V 8.  ↩

  5. Jean, XIX, 10, 11.  ↩

  6. Id. X, 7, 11.  ↩

  7. Apoc. V, 5. ↩

  8. Ps. XC, 13.  ↩

  9. I Cor. X, 4.  ↩

  10. Luc, XXII, 31, 32.  ↩

  11. Matth. XXVI, 70 - 74. ↩

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