6.
« Il s’est souvenu de son alliance dans la suite des siècles1». D’autres exemplaires portent, non plus, in saeculum, mais in aeternum, dans l’éternité ; ambiguïté qui vient du grec. S’il faut coin prendre ici in aeternum, éternellement, et non in saeculum, dans la suite des siècles, comment alors expliquerons-nous ce qui suit: « De ce Verbe qu’il étend à mille générations? » car ici il y a une fin; mais il dit ensuite : «Que Dieu disposa de cette parole en faveur d’Abraham, d’un serment en faveur d’Isaac; qu’il l’affermit en Jacob comme un précepte, et en Israël comme un testament éternel2». Ici, nulle ambiguïté: le grec porte aionion , que l’on n’a jamais traduit en latin que par aeternum ; à peine quelques-uns l’ont-ils traduit par aeternale. A moins, cependant, qu’on ne traduise plus familièrement aiona par « un siècle », et aionion par « non éternel », mais une durée séculaire; je ne connais personne qui ait hasardé cette traduction. S’il vous faut comprendre ici l’Ancien Testament à cause de la terre de Chanaan; car voici le texte: « Il l’a donné à Jacob comme une lois, et à lui encore, à Israël comme un testament éternel, en disant : « Je te donnerai la terre de Chanaan, partagée entre vous comme un héritage3». Comment alors entendre l’expression « éternel », puisque cette terre ne peut demeurer éternellement en héritage ? Et s’il y a un Ancien Testament, c’est qu’il a été aboli par le Nouveau. Mais « mille générations » ne paraissent rien désigner d’éternel, car elles ont une fin, et sont bien nombreuses pour des années temporelles. Bien qu’une génération, en grec, genean ne contienne pas beaucoup d’années, puisque l’on a borné la moindre à quinze années, âge où un homme peut engendrer, quelles sont ces mille générations, à partir non-seulement d’Abraham à qui Dieu fit ces promesses, jusqu’au nouveau Testament, mais même à partir d’Adam jusqu’à la fin du monde ? Qui oserait assurer au monde une durée de quinze mille années?