34.
Comme si nous demandions au Prophète, pourquoi Dieu comblait son peuple de tant de faveurs, et de peur que l’on ne s’imagine que ces faveurs temporelles sont la souveraine félicité, le Prophète nous montre que c’est ailleurs qu’il nous faut chercher le souverain bien. « Afin», dit-il, « qu’ils gardent ses ordonnances, et qu’ils observent ses lois1 ». D’où il nous taut comprendre que les serviteurs de Dieu, les élus, les enfants selon la promesse, la véritable postérité d’Abraham, qui imitent la foi d’Abraham, reçoivent de Dieu ces biens terrestres, non pour se répandre dans le luxe ou pour s’endormir dans une fausse sécurité, mais afin qu’étant mis par la divine miséricorde en possession de ces biens dont l’acquisition leur eût coûté des travaux très-compliqués, ils n’eussent plus à s’occuper que de s’enrichir des biens éternels, c’est-à-dire : « Afin qu’ils gardent ses ordonnances et qu’ils observent ses lois ». Enfin, comme le Prophète veut désigner par la postérité d’Abraham les hommes qui sont la véritable postérité, tels qu’il y en eut assurément chez ce peuple, ainsi que nous le montre suffisamment l’Apôtre : « Mais tous ne furent « point agréables à Dieu » (si tous ne le furent point, il y en eut assurément qui le furent); comme c’est de ces justes que le Prophète nous parle, il ne fait aucune mention de leurs fautes, de leurs murmures, de leurs révoltes, qui déplurent au Seigneur. Toutefois, parce que Dieu fit éclater sur les impies eux-mêmes, non-seulement les effets de sa justice, mais aussi les effets de sa miséricorde et de sa clémence; le psaume suivant nous en parlera dans ses louanges au Seigneur. Néanmoins les uns et les autres étaient dans le même peuple, et la contagieuse iniquité des uns ne souillait pas les autres, « Car le Seigneur connaît ceux qui sont à lui ». Et si dans ce monde nous ne pouvons nous séparer des méchants, « quiconque invoque le nom de Jésus-Christ, qu’il renonce à la malice2 ».