9.
« Quand il sera mis en jugement, qu’il en sorte condamné1». Car il n’a point voulu être de ceux à qui l’on dit: « Entrez dans la joie de votre maître » ; mais bien de ceux qui entendent : « Jetez-le dans les ténèbres extérieures2. » « Et que sa prière lui devienne un crime». Nulle prière, en effet, n’est juste que dans le Christ qu’il vendit par le plus grand des crimes. Or, la prière qu’on ne fait point au nom du Christ, non-seulement ne peut effacer le péché, mais devient elle-même un péché. On peut demander : Quand Judas a-t-il pu prier de telle manière que sa prière devint un péché? C’est, je pense, avant de livrer le Seigneur, alors qu’il pensait à le trahir; car il ne pouvait déjà plus prier au nom du Christ. Car après l’avoir trahi, quand il se repentit de son crime, s’il eût prié au nom de Jésus-Christ, il eût demandé son pardon : or, demander son pardon, c’est avoir l’espérance ; avoir l’espérance, c’est croire en la miséricorde; et s’il eût cru à la miséricorde, le désespoir ne lui eût point mis la corde au cou. Aussi, quand le Prophète a dit : « Lorsqu’il sera mis en jugement, qu’il en sorte condamné »; de peur qu’on ne vienne à croire qu’il eût pu se délivrer par cette prière qu’il avait apprise de son maître avec les autres disciples, et où l’on trouve cette parole : « Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons à nos débiteurs3 ; que sa prière », dit le Prophète, « lui devienne un crime »; parce qu’elle n’est point faite au nom du Christ, qu’il n’a pas voulu suivre, mais poursuivre.