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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CVIII.

18.

Mais voyons, s’il nous est possible, et autant que Dieu nous en fera la grâce, comment tout cela peut convenir au peuple Juif, qui est demeuré obstiné dans sa haine contre le Christ, et dont nous avons dit que Judas étai t la figure, comme l’apôtre saint Pierre figurait l’Eglise : « Etablissez le pécheur au-dessus de lui, et que le diable se tienne à sa droite ». Ceci doit s’entendre du peuple aussi bien que de Judas ; car ayant repoussé le Christ, il a été assujetti au diable, dont il a préféré les suggestions à son propre salut, afin de jouir de ses convoitises dépravées et terrestres. «Quand il sera mis en jugement, qu’il en sorte condamné » ; parce qu’en demeurant dans son impiété , dans son infidélité , il s’amasse un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres1. « Et que sa prière devienne un péché », parce qu’elle n’est point faite au nom du médiateur de Dieu et des hommes, de Jésus-Christ, homme2 et prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech3 . « Que ses jours soient peu nombreux ». Ceci doit s’entendre du royaume des Juifs, qui n’a pas duré bien longtemps. « Et qu’un autre soit mis en son épiscopat ». Cet épiscopat des Juifs peut fort bien s’entendre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est né, selon la chair, de la tribu de Juda; et l’Apôtre a dit : « Je soutiens que le Christ a été ministre de la circoncision, pour vérifier la parole de Dieu, et confirmer les promesses faites à nos pères4». Lui-même a dit: « Je ne suis envoyé que vers les brebis perdues de la maison d’Israël5 »; parce que c’est à eux seuls qu’il s’est montré dans sa chair. Et les Mages de l’Orient firent cette question : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître6 ? » C’est encore ce que portait le titre apposé à la croix; et ce n’est pas sans raison que Pilate répondit à ceux qui voulaient le changer : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit7 ». Donc, cet épiscopat du peuple Juif, ou plutôt le Christ Notre-Seigneur, c’est un autre peuple qui le reçoit en apanage, c’est-à-dire le peuple des Gentils. « Que ses fils deviennent orphelins», eux dont il est dit : « Quant aux enfants du royaume, ils iront dans les ténèbres extérieures8 ». Ils sont devenus orphelins, parce qu’ils ont perdu le royaume, comme s’ils eussent perdu leur parenté, bien qu’on puisse fort bien comprendre qu’ils ont perdu Dieu qui est leur père. « Car», la Vérité l’a dit: « quiconque n’a point le Fils n’a point le Père non plus9 ». Que sa femme devienne « veuve ». Par cette épouse du royaume, on peut comprendre le peuple, sur qui les rois ont la domination, et la perte du royaume a été pour lui un veuvage. « Que ses enfants soient errants et mendiants ». Ils ont erré pour fuir le péril, ces enfants du royaume des Juifs; leurs ennemis les ont emmenés et vaincus. Qu’est-ce que mendier, sinon vivre de la pitié des hommes, comme ils vivent sous les rois de ces nations où ils sont dispersés? « Qu’ils soient chassés de leurs habitations ». C’est là ce qui est arrivé. « Que l’usurier dévore sa substance »; c’est-à-dire de ce peuple. Le sens le plus plausible à donner à ces paroles, c’est que leurs fautes ne leur soient point remises, puisqu’elles ne sont remises que dans le Christ qu’ils ont rejeté; c’est de lui que nous avons appris à dire : « Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons à nos débiteurs10 ». « Toute sa substance », est-il dit, ou toute sa vie, en sorte que nulle dette, ou plutôt nulle faute, ne lui soit remise. « Et que les étrangers dissipent ses travaux»; c’est-à-dire le diable et ses anges; car ils ne thésaurisent point pour le ciel, ceux qui ne possèdent point le Christ, « Que « nul ne lui soit en aide ». Qui vient en aide à celui que n’aide pas le Christ? « Que nul ne prenne en pitié ses petits enfants » qui, après avoir perdu leur père , ou le royaume, sont demeurés orphelins, ou qui, après avoir perdu Dieu, dont ils ont haï et persécuté le Fils, ne trouvent personne qui les prenne en pitié, non-seulement pour leur donner la vie temporelle, ou pour les soutenir, mais pour leur donner la véritable vie, ou la vie éternelle. « Que ses enfants soient a dévoués à la mort »; oui, à la mort éternelle. « Que son nom disparaisse dans une seule génération »; car il n’y a pour eux que génération, et non pas régénération de là vient qu’ils s’éteignent dans une seule génération. Quant à l’autre, ou à la régénération, s’ils la connaissaient, ils ne disparaîtraient point. « Que l’iniquité de leurs pères revienne à la mémoire en la présence du Seigneur »; afin que le Seigneur fasse retomber sur ce peuple, qui s’obstine dans sa malice, l’iniquité de ses pères. Voici en effet ce qu’il leur dit: « Vous portez contre vous-mêmes ce témoignage que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les Prophètes ». Et un peu après : « Voilà que va retomber sur vous le sang des justes répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zacharie11. Et que le péché de sa mère ne soit point effacé »; c’est-à-dire le péché de Jérusalem, qui est dans la servitude avec ses enfants, qui tue les Prophètes, et qui lapide ceux qui lui sont envoyés. « Qu’ils soient tou«jours sous les yeux du Seigneur », leurs crimes, leurs iniquités; c’est-à-dire, qu’ils ne s’effacent point de la présence du Seigneur, qu’il en tire une vengeance éternelle : « Que leur mémoire s’efface de la terre ». Cette terre de Dieu est le champ de Dieu; et le champ de Dieu, c’est l’Eglise de Dieu, et leur mémoire a disparu de cette terre, car ils étaient les rameaux naturels, et Dieu les a brisés à cause de leur infidélité12.


  1. Rom. II, 5, 6. ↩

  2. I Tim. II, 5  ↩

  3. Ps. CIX, 4.  ↩

  4. Rom. XV, 8.  ↩

  5. Matth. XV, 24. ↩

  6. Matth. II, 1, 2.  ↩

  7. Jean, XIX, 19-22.  ↩

  8. Matth. VIII, 12.  ↩

  9. 1 Jean, II, 24. ↩

  10. Matth. VI, 12. ↩

  11. Matth. XXIII, 31- 37.  ↩

  12. Rom, II, 20, 21.  ↩

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