2.
« Ceux qui vous craignent », dit-il, « me verront et seront dans la grâce»; ou, comme plusieurs ont traduit: « Seront dans l’allégresse, parce que j’ai espéré en votre parole1 » ; c’est-à-dire, dans les serments que vous avez faits, afin de vous former ce peuple de la promesse, cette race d’Abraham, en qui seront bénies les nations2. Or, quels sont les hommes qui craignent Dieu, et quel est celui qu’ils verront, q tu les réjouira, parce qu’il a espéré en la parole de Dieu ? Si c’est le corps de Jésus-Christ ou l’Eglise qui parle ici par Jésus-Christ, ou si c’est le Christ qui parle d’elle et en elle comme de lui-même; ceux qui craignent Dieu ne sont-ils pas dans le Christ et dans l’Eglise? Qui donc verront-ils pour être dans la joie ? Est-ce parce que le peuple se voit lui-même et en est dans la joie, qu’il est dit: « Ceux qui vous craignent vous verront, et seront dans la joie, parce que j’ai espéré eu vos paroles » ; ou, comme d’autres ont traduit plus justement: « J’ai surespéré3» ; comme s’il disait : « Ceux qui vous craignent verront» votre Eglise « et ils seront dans la joie, parce que j’ai surespéré en vos paroles » ; puisqu’ils sont eux-mêmes l’Eglise , ceux qui voient l’Eglise et en sont ravis? Mais alors pourquoi ne pas dire : Ceux qui vous craignent me voient, et en sont ravis ; tandis que craignent est au présent, et que verront et seront dans la joie sont des paroles au futur? Serait-ce parce que maintenant il y a crainte, tant que « la vie de l’homme est une épreuve sur la terre4» ; et que cette joie dont il est question ici ne s’épanouira que quand les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur père5? De là vient qu’on lit encore dans un autre psaume : « Combien est grande, ô mon Dieu, la douceur que vous avez cachée à ceux qui vous craignent6? » Tandis qu’ils craignent, ils ne voient pas encore; mais ils verront et seront dans la joie ; ce qui a rapport à la parole suivante : « Vous l’avez accomplie dans ceux qui espèrent en vous7 » ; comme il est dit ici : « Parce que j’ai espéré ou surespéré dans vos paroles». Ici le traducteur a composé son verbe, afin de nous faire mieux comprendre que « Dieu est assez puissant pour faire au-delà de ce que nous pouvons demander ou comprendre8» ; et que s’il dépasse la portée de nos prières et de notre intelligence, ce serait peu d’espérer, il nous faut un surcroît d’espérance.