2.
Il ajoute: « Plus qu’à tous mes ennemis vous m’avez fait connaître votre loi, parce que je l’ai embrassée pour jamais1». Ils ont à la vérité le zèle de Dieu, mais non selon la science. Ne connaissant point en effet la justice de Dieu, et s’efforçant d’établir leur propre justice , ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu2. Mais l’interlocuteur, devenu par la loi de Dieu plus sage que ses ennemis, veut être, ainsi que saint Paul, trouvé en Jésus-Christ, n’ayant point une justice qui lui soit propre, mais une justice qui lui vienne de Dieu par la foi3. Ce n’est point que la loi que lisent ses ennemis ne soit aussi de Dieu, mais ils ne la goûtent point comme la goûte celui qui est plus sage que ses ennemis, qui s’attache à cette pierre contre laquelle ils se sont heurtés4. Car le Christ est la tin de la loi pour justifier ceux qui croiront5, afin qu’ils soient justifiés gratuitement par sa grâce6 ; non point comme ceux qui s’imaginent accomplir la loi par leurs propres forces, cherchant, dans la loi de Dieu, il est vrai, mais leur propre justice : ils veulent ressembler au contraire au fils de la promesse, qui a faim et soif de cette justice7, qui cherche, qui demande, qui frappe, qui mendie en quelque sorte auprès du Père8, afin d’être adopté et d’obtenir par le Fils unique. Mais quand eût-il pu goûter ainsi la loi de Dieu, s’il n’eût reçu ces dispositions de Celui à qui il dit: « Vous m’avez fait goûter votre loi d’une manière bien supérieure à mes ennemis ?» Or, ces ennemis, ces fils d’Agar, nés dans l’esclavage9, n’ont cherché dans cette loi que des récompenses temporelles: de là vient qu’elle n’a pu être pour eux une loi éternelle, comme elle l’est pour celui-ci. La traduction, « pour l’éternité », est préférable en effet à celle qui a dit « pour le siècle », comme si une fois le siècle écoulé, il n’y ait plus de préceptes de la loi. Il n’y en aura plus en effet d’écrite sur les tables et les livres visibles; mais l’amour de Dieu et du prochain demeure éternellement dans le livre du coeur; et ce double précepte renferme la loi et les Prophètes10; le législateur lui-même sera la récompense de ceux qui auront gardé ces préceptes; Dieu que nous aimons sera le prix de notre amour quand il sera tout en tous11.