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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXX.

7.

Si donc, mes frères, chacun fait avec justice tout ce qu’il peut, s’il ne porte aucune envie à celui qui peut davantage, s’il lui en témoigne de la joie, parce qu’il est avec lui dans un même corps ; il chante avec le psaume: « Seigneur, mon coeur ne s’est point enorgueilli, mes yeux ne se sont point élevés, je n’ai point marché sur les hauteurs, ni sondé les merveilles qui me surpassent ». Ce qui est au-dessus de mes forces, dit le Prophète, je ne l’ai point cherché : je ne m’y suis point avancé, je n’y ai point cherché ma gloire. Rien, en effet, n’est à craindre comme cette élévation du coeur, qui provient des dons de la grâce : que nul donc ne s’enorgueillisse des dons du Seigneur, mais que chacun se maintienne dans l’humilité, qu’il suive ce précepte de l’Ecriture : « Plus tu es grand, plus il faut t’humilier en tout, afin de trouver grâce devant le Seigneur1 ». Il faut donc de plus en plus insister auprès de votre charité , pour lui montrer combien est à craindre l’orgueil qui vient des dons du Seigneur; je le fais d’autant plus volontiers que ce psaume très-court nous permet de nous étendre. Bien que l’apôtre saint Paul ait été persécuteur avant d’être prédicateur, Dieu bénit ses travaux apostoliques beaucoup plus que ceux des autres Apôtres; afin de montrer que ce don vient de Dieu, et non de l’homme. De même que c’est sur des malades désespérés que les médecins peuvent montrer la puissance de leur art; de même Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur et Médecin, fit éclater dans un homme désespéré, dans un persécuteur de son Eglise, la puissance de son art, puisqu’il en fit non-seulement un chrétien, mais un Apôtre, et non-seulement un Apôtre, nnais un Apôtre qui a travaillé plus que tous les autres, comme il l’a consigné lui-même. Il avait donc reçu une grâce par excellence. Aussi vous voyez, mis frères, la faveur dont jouissent dans l’Eglise les Epîtres de saint Paul2, bien plus que celles des autres Apôtres. Les uns n’ont point écrit, mais seulement prêché dans l’Eglise. Car les écrits que les hérétiques publient sous leur nom, ne sont point à eux; l’Eglise les désapprouve et les rejette. Pour les autres qui ont écrit,ils ne l’ont fait ni autant, ni avec tant de grâce. Comme donc il avait reçu une telle grâce, et mérité de Dieu des dons si extraordinaires, que dit-il dans un certain endroit? « De peur que la grandeur de mes révélations une m’élève ». Ecoutes, mes frères, voici de quoi nous faire trembler. « De peur que la grandeur de mes révélations ne me donne de l’orgueil, nous dit-il, il m’a été donné un aiguillon de la chair, un ange de Satan, pour me souffleter3 ». Qu’est-ce à dire, mes frères? De peur que cet Apôtre ne s’élève comme un jeune homme, on le soufflette comme un enfant. Qui le soufflette? Un ange de Satan. Qu’est-ce à dire? Que l’Apôtre sentait en son corps une douleur violente; or, les douleurs corporelles nous viennent presque toujours par les anges de Satan ; mais ils ne peuvent rien sans la permission de Dieu. C’est à cette épreuve que fut mis Job, tout saint qu’il était4. Il fut permis à Satan de l’éprouver; et il le frappa d’une telle plaie que son corps s’en allait en pourriture avec les vers. L’esprit impur avait ce pouvoir afin d’éprouver cette âme sainte. Le diable ne sait point quels grands biens il fait, même dans ses fureurs.

Ce fut dans sa fureur qu’il pénétra dans le coeur de Judas, dans sa fureur qu’il livra le Christ5, dans sa fureur qu’il le mit en croix; et ce fut par la croix que Jésus racheta le monde. C’est ainsi que la fureur du démon nuisit au démon et devint utile pour nous. Et cette fureur lui a fait perdre ceux qu’il tenait sous sa puissance, et qui ont été rachetés par ce sang du Seigneur, que sa rage lui a fait répandre. S’il eût connu la perte qu’il allait faire, il n’eût point répandu sur la terre ce prix infini qui a racheté le monde. C’est ainsi encore qu’il fut permis à l’ange de Satan de souffleter saint Paul. Mais comme ce remède appliqué parle Médecin, était insupportable au malade, celui-ci pria le Médecin de l’enlever. Quelquefois un médecin applique., sur les entrailles d’un malade, un remède cuisant et insupportable, et qui doit cependant guérir ces entrailles gonflées : brûlé bientôt par ce remède, le malade prie le médecin de l’enlever; mais voilà que le médecin console son malade, l’encourage à la patience parce qu’il connaît l’utilité de son remède. C’est ce que saint Paul nous fait voir dans la suite. Après avoir dit : « Il m’a été donné un aiguillon de la chair, un ange de Satan pour me souffleter » ; il en montre la cause : « De peur », dit-il, « que la grandeur des révélations ne vînt à m’enorgueillir, il m’a été donné un aiguillon de la chair, un ange de Satan pour me souffleter. Trois fois», dit-il encore, «j’ai prié le Seigneur de m’en délivrer6 ». C’est bien là dire : J’ai prié le médecin de me délivrer de ce remède fâcheux qu’il m’avait appliqué. Mais écoute la réponse du médecin : « Et le Seigneur m’a dit : Ma grâce te suffit; car la vertu se perfectionne dans l’infirmité ». Je connais le remède appliqué, je connais la cause du mal, je sais ce qui te guérira.


  1. Eccli. III, 20. ↩

  2. I Cor. XV, 10.  ↩

  3. II Cor. XII, 7.  ↩

  4. Job, II, 6, 7. ↩

  5. Jean, XIII, 27.  ↩

  6. II Cor. XII, 7 et seq. ↩

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