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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXIX.

4.

« Arrachez-moi, Seigneur, au pouvoir de l’homme méchant1» ; non pas d’un seul, mais de toute la race ; non pas de ses instruments seulement, mais du prince même, c’est-à-dire du diable. Mais pourquoi dit-il de l’homme, si c’est du diable? C’est que lui-même est appelé homme d’une manière figurée : « L’homme ennemi vint et sema de l’ivraie par dessus » ; et quand les serviteurs viennent demander au Père de famille : « N’avez-vous pas semé de bon grain? d’où « vient qu’il y a de l’ivraie ? » il répond: « C’est l’homme ennemi qui a fait cela2». C’est donc de cet homme méchant que tu dois de tout ton pouvoir demander à Dieu ta délivrance ; « car tu n’as pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les Principautés et contre les Puissances, contre les princes des ténèbres de ce monde, c’est-à-dire contre les princes des pécheurs3 ». C’est ce que nous avons été nous-mêmes; écoutons en effet ce que dit l’Apôtre: « Autrefois vous étiez ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur4». Devenus lumière, non pas en nous, mais dans le Seigneur, prions non-seulement contre les ténèbres , c’est-à-dire contre les pécheurs qui sont encore au pouvoir du diable; mais contre le diable qui est leur prince, et qui agit dans les enfants de l’incrédulité5. « Délivrez-moi de l’homme injuste » ; c’est-à-dire du méchant qui est aussi injuste. Il est appelé méchant, par cela même qu’il est injuste : et ne croyons pas qu’un homme injuste puisse être bon. Il est beaucoup d’hommes injustes qui ne paraissent nuire à personne, qui n’ont ni cruauté, ni aigreur, qui ne persécutent, qui n’affligent personne : et néanmoins ils sont injustes, d’une autre manière, parce qu’ils sont adonnés à la luxure, à l’intempérance, à la débauche. Comment serait innocent cet homme qui se nuit à lui-même? Car être innocent, c’est ne pas nuire; on ne l’est plus dès qu’on se nuit. Et comment un homme qui se nuit peut-il ne pas te nuire?Mais, diras-tu, en quoi me nuit-il? Il n’en veut pas à mon bien, il n’attente pas à ma vie ; il se repaît de ses débauches, met sa joie dans ses voluptés; mais s’il a de honteux plaisirs, ils ne flétrissent que lui-même ; que m’importe, dès lors qu’il ne m’offense point? Il t’offense du moins par son exemple, car il vit près de toi et t’invite à faire ce qu’il fait. Quand tu le vois prospérer malgré ses dérèglements, n’es-tu point porté à aimer ses actes? Si tu ne cèdes point à ses désirs, il te donne au moins occasion de résister. Comment donc cet homme ne te nuisait-il en rien, puisque tu ne surmontes qu’avec peine l’impression qu’il a faite en ton coeur? Tout homme injuste est donc un méchant, il faut qu’il nuise, ou par ses flatteries, ou par ses violences. Quiconque le rencontrera, quiconque tombera dans ses piéges, éprouvera combien est dangereux ce qu’il croyait innocent. Les épines, mes frères, ne blessent point dans leur racine ; arrache-les de terre, touche cette racine, et vois si tu ressens aucune douleur; et néanmoins ce qui te meurtrit à la surface, vient de cette racine. Ne vous laissez donc point surprendre par ces hommes flatteurs et inoffensifs en apparence, mais adonnés aux plaisirs de la chair, esclaves de leurs honteuses convoitises; ne vous laissez point surprendre. Quelle que soit leur douceur en apparence, ils sont des épines par la racine. Souvent ils consomment dans la débauche tout ce qu’ils possèdent, et quelle fureur ensuite à recouvrer ce qu’ils ont dissipé ! Vont- ils reculer devant la rapine, devant les projets de fraudes, les machinations de friponnerie? Tu vois déjà la méchanceté de cet homme, que tu croyais inoffensif. Tu voyais en lui un ivrogne, et il te paraissait homme de bien ; tu le vois voleur, tu crains d’être volé; les épines sont sorties de la racine. Lorsque les racines te paraissaient douces, tu devais les brûler, si tu le pouvais, il n’en serait point sorti de quoi te meurtrir aujourd’hui. Vous donc, mes frères, qui êtes le corps du Christ et ses membres, qui gémissez au milieu des. méchants, quand vous rencontrerez de ces hommes qui se laissent entraîner à des passions criminelles, à de pernicieuses voluptés, n’épargnez ni le blâme, ni le châtiment, ni le feu. Brûlez la racine, afin qu’il n’en sorte aucun aiguillon. Si vous ne le pouvez, soyez assurés qu’ils seront un jour vos ennemis. Ils peuvent garder le silence, ils peuvent dissimuler leurs iniquités, ils ne sauraient vous aimer. Et dès lors qu’ils ne sauraient vous aimer que par haine pour vous, ils doivent chercher à vous nuire; votre langue et votre coeur doivent dire à Dieu : « Délivrez-moi, Seigneur, de l’homme du mal, délivrez-moi de l’homme injuste ».


  1. Ps. CXXXIX, 2. ↩

  2. Matth. XIII, 25-28. ↩

  3. Ephés. VI, 12.  ↩

  4. Id. V, 8. ↩

  5. Id. II, 2. ↩

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