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Pour la signaler donc à l’oreille de Dieu, qu’il s’écrie : « Seigneur, Seigneur ». Vous Seigneur, Seigneur, c’est-à-dire vous qui êtes véritablement Seigneur, non Seigneur à la manière des hommes, non Seigneur comme ceux qui achètent à prix d’argent, mais Seigneur qui nous avez rachetés de votre sang. « Seigneur, Seigneur, vous, la force de mon salut1 » ; c’est-à-dire qui donnez la force à mon salut. Qu’est-ce à dire « la force de mon salut? » Le Prophète se plaignait des scandales et des piéges des pécheurs, de ces hommes pervers apostés par le diable pour aboyer autour de lui et tendre des embûches, de ces orgueilleux jaloux des justes, au milieu desquels nous sommes forcés de vivre tant que nous sommes ici-bas dans l’exil. Le Sauveur lui-même nous a prédit qu’il y aura beaucoup de semblables scandales quand il dit: « L’iniquité doit abonder, et parce que l’iniquité abondera, la charité se refroidira dans plusieurs ». Mais il ajoute, pour nous consoler: « Quiconque aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé2». L’interlocuteur a donc tout considéré, et saisi de crainte à la vue de tant d’iniquités, il se réfugie dans l’espérance; car celui-là sera sauvé qui aura persévéré jusqu’à la fin. Il fait des efforts pour persévérer, et voyant combien la route est longue et difficile, il invoque celui qui lui ordonne de persévérer, afin d’obtenir la persévérance parfaite. Je serai certainement sauvé, dit-il, si je persévère jusqu’à la fin; mais la persévérance qui seule peut me donner le salut est une force; vous donc, Seigneur, qui êtes la force de mon salut, c’est vous qui me faites persévérer pour arriveras salut. « Seigneur, Seigneur, vous êtes la force de mon salut ». Mais d’où vient que j’espère que vous êtes pour moi la force du salut? « Votre ombre a protégé ma tête au jour du combat ». Maintenant encore je suis en guerre; guerre au dehors contre les faux justes, guerre au dedans contre mes convoitises : « Car je vois dans mes membres une autre loi, contraire à la loi de l’esprit, et qui me tient captif sous la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort? La grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre-Seigneur3 ». Donc, fatigué de cette guerre, il jette les yeux sur les faveurs de Dieu, et comme la chaleur du combat épuise ses forces, il semble qu’il trouve un ombrage qui lui rend la vie: « Votre ombre a protégé ma tête au jour du combat », c’est-à-dire dans l’ardeur du combat, de peur que je ne fusse épuisé par la fatigue.