3.
« O Dieu, mon Dieu, regardez-moi : Pourquoi m’abandonner ainsi ? » Ce sont les mêmes paroles que nous avons entendues à la croix, quand le Seigneur s’est écrié : « Eli, Eli », c’est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu « Lama sabachtani? » Pourquoi m’avez-vous abandonné? L’Evangéliste a traduit ces paroles, et dit que le Seigneur s’écria en hébreu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’abandonnez-vous? » Que voulait dire le Seigneur? Car Dieu ne l’avait pas abandonné, puisque lui-même est Dieu, que le Fils de Dieu est Dieu, que le Verbe de Dieu est Dieu. Ecoutons dans son premier chapitre, cet Evangéliste qui répandait au dehors la surabondance qu’il avait puisée dans le coeur de Jésus(Jean, XXIII, 23 ); voyons si le Christ est Dieu. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Ce Verbe donc, qui était Dieu, « s’est fait chair pour habiter parmi nous n. C’est ce Verbe qui était Dieu, et qui, s’étant fait chair, disait pendant qu’il était cloué à la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, jetez les yeux sur moi , pourquoi m’avez-vous abandonné? » A quoi bon parler de la sorte, sinon parce que nous étions là nous-mêmes, et que l’Eglise est le corps de Jésus-Christ (Eph. I, 23 )? Pourquoi dire : « Mon Dieu, mon Dieu, jetez les yeux sur moi, m’auriez-vous donc abandonné? » sinon pour stimuler notre attention , et nous dire en quelque manière: « C’est de moi qu’il est parlé dans ce psaume? Les cris de mes péchés éloignent de moi le salut ». Quels péchés avait celui dont il est dit : « Qu’il n’a commis aucune faute, et que le mensonge ne s’est point trouvé dans sa bouche (I Pier. II, 23 )? » Comment peut-il dire: «mes péchés n, sinon parce qu’il implore le pardon de nos fautes, et qu’il a voulu qu’elles devinssent ses fautes, afin que sa justice devînt notre justice?