18.
Que le chrétien ne murmure donc point, qu’il considère celui dont il suit les traces. Mais s’il veut des jours heureux, qu’il entende le divin docteur qui lui dit: « Venez, mes enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte de Dieu ». Que veux-tu, ô chrétien? La vie et des jours heureux. Ecoute et agis : «Préserve ta langue du mal1». Oui, fais cela. Je ne veux point, dit l’homme du fond de sa misère, je ne veux point interdire le mal à ma langue, et pourtant je veux la vie et des jours heureux. Si un homme de peine te disait :Je ravage ta vigne, et je veux encore un salaire ; tu m’as amené à ta vigne afin de la tailler, de l’ébourgeonner, j’en coupe tous les bois fruitiers, j’énerve les branches vigoureuses, afin que tu n’y puisses rien recueillir, et quand j’aurai fait cela, tu me paieras mon travail. Ne dirais-tu point que cet homme est insensé? Ne le chasserais-tu pas de chez toi, avant qu’il prenne la serpe en main? Tels sont les hommes qui veulent faire le mal, commettre le parjure, blasphémer Dieu, murmurer, s’adonner à la fraude, à l’intempérance, aux procès, à l’adultère, user d’amulettes, consulter les devins, et avoir des jours heureux. On lui dit : Tu ne peux, en commettant le mal, revendiquer la récompense du bien. Si tu es injuste, le Seigneur le sera-t-il aussi? Que ferai-je donc? Et que veux-tu? Je veux la vie, je veux des jours heureux, « Préserve donc ta langue du mal, et que tes lèvres ne distillent point la fraude » ; c’est-à-dire, que nul ne soit victime de ta fraude, nul de tes mensonges.
-
Ps. XXXIII, 14. ↩