9.
« Ils ne seront point confondus aux jours mauvais1 ». Qu’est-ce à dire « Ils ne seront point confondus aux jours mauvais? » Au jour de l’angoisse, au jour de l’épreuve, ils n’éprouveront point la confusion de l’homme déçu dans ses espérances. Quand un homme est-il déçu? quand il dit: Je n’ai pas trouvé ce que j’espérais. Et cela est juste; puisque c’était sur toi-même ou sur quelque ami que tu avais fondé ton espoir. Or, « maudit celui qui met son espérance dans un homme2 ». Tu seras confondu, ton espérance a été déçue; elle t’a trompé, cette espérance fondée sur le mensonge; puisque tout homme est menteur3 ». Mais si tu reposes en Dieu tes espérances, tu n’éprouveras point de confusion, car on ne peut tromper eu tel dépositaire. De là vient que ce juste dont je viens de parler, et que Dieu avait fortifié, n’était point confondu au temps du malheur et dans la tribulation, et s’écriait: « Nous nous glorifions dans nos afflictions, sachant que l’affliction produit la patience, la patience la pureté, et la pureté l’espérance; or, cette espérance n’est point vaine ». Pourquoi n’est-elle point vaine? Parce qu’elle repose en Dieu. Aussi dit-il ensuite: « Parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné4 ». Déjà le Saint-Esprit nous a été donné, et comment pourrait nous tromper celui qui nous a donné un tel gage? Ils n’éprouveront point de confusion au jour du malheur; et au jour de la disette ils seront rassasiés. Dès ici-bas, en effet, ils sont en quelque sorte rassasiés. Car les jours de la disette sont les jours de cette vie où les justes sont rassasiés quand les autres sont en proie à la faim. De quoi saint Paul se glorifiait-il, en disant: « Nous nous glorifions dans les épreuves », s’il eût intérieurement souffert de la faim? On voyait au dehors les angoisses, mais le coeur était dilaté par la joie.