2.
Disons donc avec notre psaume: « J’ai attendu patiemment le Seigneur1 ». Ce n’est point un homme quelconque avec ses promesses, un homme capable de tromper et de se tromper, que j’ai attendu avec patience; ni un homme pour me consoler, et qui séchera dans sa douleur, avant d’adoucir la mienne. Qu’il me console, mes frères, celui qui est triste avec moi; que nous puissions gémir ensemble, pleurer ensemble, prier et attendre ensemble. Qui pouvons-nous attendre, sinon le Seigneur qui ne nous trompera point dans ses promesses, bien qu’il en diffère l’accomplissement? Il les accomplira, certainement il les accomplira; il en a déjà mis sous nos yeux une grande partie, et Dieu ne nous eût-il rien montré, que nous ne devrions pas douter de sa véracité. Supposons qu’il nous a tout promis sans rien donner encore; il a la bonté pour promettre, la fidélité pour tenir parole; pour toi, demande avec piété, et si tu es petit, si tu es faible, demande miséricorde. Ne vois-tu pas les petits agneaux frapper de leurs têtes les mamelles de leur mère, pour en tirer du lait? « J’ai attendu», dit le Prophète, «j’ai attendu le Seigneur». Qu’a fait le Seigneur? A-t-il détourné de toi son visage ? A-t-il méprisé ta patience? Ne t’aurait-il pas vu? Il n’en est pas ainsi. Qu’est-ce donc? « Et il s’est rendu attentif, et il a écouté ma prière2 ». Il a écouté, il a exaucé. Ce n’est donc pas en vain que tu as attendu, puisque ses yeux te fixaient et ses oreilles t’entendaient. « Car les yeux du Seigneur sont sur de juste, et ses oreilles attentives à ses prières3 ». Mais quoi ! lorsque ta vie était un désordre, tes paroles un blasphème, ne voyait-il pas? n’entendait-il pas? Que devient donc cette parole du Psalmiste, que la face du Seigneur est sur ceux qui commettent le mal? et pourquoi? « Pour effacer leur mémoire de dessus la terre4 ». Donc, lorsque tu commettais le mal, Dieu te voyait, mais il n’était pas attentif à tes besoins. Dès lors c’était peu, pour celui qui a patiemment attendu le Seigneur, de dire: Le Seigneur m’a vu; mais il dit: Il s’est rendu attentif, c’est-à-dire, il a pris soin de me consoler, de me lire du bien. A quoi a-t-il été attentif? « A exaucer ma prière ».