• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XXXIX

9.

Mais un homme frappé de ce verset, et qui voudra se corriger, un homme que saisit de crainte la justice de la foi, et qui veut marcher dans la voie étroite, viendra peut-être me dire : Je ne pourrai marcher dans cette voie, si rien ne l’offre à mes yeux. Que faisons-nous donc, mes frères ?Le renverrons-nous, sans qu’il ait rien vu? Il en mourra, il n’y tiendra pas, il ne pourra nous suivre. Que faire? Remplaçons donc ses spectacles par d’autres spectacles. Et quels spectacles donner à un chrétien que nous voulons retirer des spectacles mondains? Grâces en soient rendues au Seigneur notre Dieu; dans le verset suivant, le psalmiste nous indique le genre de spectacle que nous devons mettre sous les yeux de ceux qui veulent des spectacles. Le voilà qui s’exile du cirque, de l’amphithéâtre; qu’il cherche des spectacles, qu’il cherche à voir; nous ne l’abandonnerons point sans spectacles. Par quoi les remplacerons-nous? Ecoutez ce qui suit : « Vous avez fait, Seigneur mon Dieu, de nombreuses merveilles (Ps. XXXIX, 6 ) ». Il se repaissait des spectacles des hommes, qu’il envisage les merveilles de Dieu. Ces merveilles de Dieu sont innombrables; qu’il les admire et les contemple. Pourquoi n’en est-il pas ému? Il vante un cocher qui conduit quatre chevaux et les fait courir sans aucun choc ; et le Seigneur n’a-t-il pas aussi des miracles spirituels dans le même genre? Que cet homme mette le frein à son avarice, le frein à sa nonchalance, le frein à son injustice, le frein à son imprudence, le frein à tous ces mouvements dont la fougue enfante les vices, qu’il leur mette un frein et se les assujettisse, qu’il gouverne ses passions sans en être l’esclave; qu’il les dirige où bon lui semble et ne se laisse pas entraîner malgré lui. Il louait un cocher; on le louera à son tour comme le cocher de ses passions; il demandait un vêtement pour un cocher, lui-même sera revêtu d’immortalité. Tels sont les jeux et les spectacles auxquels Dieu nous fait assister. Du haut du ciel, il nous crie : Je vous regarde; combattez, je vous soutiendrai; remportez le prix et je vous couronnerai. « Vous avez fait, Seigneur mon Dieu, de nombreuses merveilles; et dans vos conseils nul ne peut vous ressembler1 ». Vois maintenant un histrion. Il a mis tous ses soins pour apprendre à marcher sur une corde, il s’y suspend et se tient ainsi en suspens. Mais voyez Dieu qui vous donne de plus grands spectacles. Cet homme apprend à marcher sur une corde, en fait-il marcher un autre sur la mer? Oublie donc le théâtre, et vois notre bienheureux Pierre, non plus un funambule, mais un mariambule, si je puis dire ainsi. A ton tour, marche aussi, non plus sur ces eaux de la mer, où la marche de Pierre était une figure, mais sur d’autres eaux, puisque ce siècle est une mer. Il a son amertume dangereuse, il a ses flots de tribulations, ses tempêtes de tentations : il a pour poissons des hommes qui paraissent heureux de leur malheur, et se dévorent mutuellement; c’est là que tu dois marcher, c’est là ce que tu dois fouler aux pieds. Tu veux des spectacles, sois toi-même un spectacle. Ne perds point courage ; vois celui qui t’a précédé et qui te crie : « Nous sommes en spectacle à ce bas « monde, et aux anges et aux hommes2 ». Foule aux pieds la mer, afin de n’y être pas submergé. Tu n’iras, tu ne marcheras que sur l’ordre de celui qui le premier marcha sur la mer, comme le disait autrefois saint Pierre : « Si c’est vous, Seigneur, faites que j’aille à vous sur les eaux3 ». Et comme c’était lui-même, il entendit sa prière, il exauça son désir, il l’appela sur les eaux, et le souleva quand il enfonçait. Telles sont les merveilles du Seigneur qu’il te faut contempler; mais vois de l’oeil de la foi. Fais toi-même ces merveilles ; car si les vents se déchaînent, si les flots se soulèvent, si la faiblesse humaine te fait désespérer de ton salut, tu as une prière toute préparée Seigneur, je péris. Si déjà tu marches sur la pierre , tu n’as pas à craindre sur les eaux; mais si tu n’étais sur la pierre, tu serais englouti par les flots; car il nous faut marcher sur ce rocher que ne recouvre point leur fureur.


  1. Ps. XXXIX, 6.  ↩

  2. Cor. IV, 9  ↩

  3. Matt. XIV, 28-31. ↩

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Translations of this Work
Discours sur les Psaumes

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy