CHAPITRE XVIII. RÉALITÉ DE L'INCARNATION.
20. Nous n'accepterons pas non plus le langage de ceux qui avancent que Jésus-Christ ne s'est pas revêtu d'un vrai corps humain, qu'il n'est pas né de la femme, mais qu'il n'a montré aux regards qu'une fausse chair, qu'une forme simulée de notre corps. Ces hérétiques ne comprennent pas comment la substance de Dieu, en gouvernant toute la création, ne saurait jamais recevoir la moindre souillure; et. cependant ils répètent partout que ce soleil suspendu au-dessus de nos têtes, pénètre de ses rayons les corps les plus vils et les plus corrompus, sans que ces mêmes rayons soient jamais altérés ni souillés. Or, si des objets visibles sont à l'abri des souillures et de la corruption d'autres objets visibles; à plus forte raison la vérité invisible et immuable prenant une âme par l'esprit, et un corps par l'âme, a-t-elle pu, en se revêtant de l'homme tout entier, le soustraire à toutes nos infirmités sans contracter elle-même aucune tache ! Aussi se trouvent-ils dans le plus grand embarras, et, quand ils craignent, chose impossible, que la Vérité ne soit souillée par le contact de la chair, ils accusent la Vérité de mensonge. Jésus-Christ lui-même a fait ce commandement : « Que votre bouche dise : cela est, cela n'est pas1 »; l'Apôtre aussi nous crie à haute .voix : « Il n'y avait pas en lui le oui et le non, le oui était en lui2 !». Cependant ces malheureux ajoutent que le corps entier de Jésus n'a été chair qu'en apparence; aussi ne croiraient-ils pas imiter le Christ, s'ils n'employaient le mensonge auprès de leurs auditeurs.