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Apologeticum
XXIII.
[1] Sed quid ego amplius de religione atque pietate Christiana in imperatore? quem necesse est suspiciamus ut eum quem dominus noster elegit, ut merito dixerim: Noster est magis Caesar, a nostro deo constitutus. [2] Itaque ut meo plus ego illi operor in salutem, siquidem non solum ab eo postulo eam qui potest praestare, aut quod talis postulo qui merear impetrare, sed etiam quod temperans maiestatem Caesaris infra deum magis illum commendo deo, cui soli subicio. Subicio autem cui non adaequo. [3] Non enim deum imperatorem dicam, vel quia mentiri nescio, vel quia illum deridere non audeo, vel quia nec ipse se deum volet dici. Si homo sit, interest homini deo cedere. Satis habeat appellari imperator. Grande et hoc nomen est, quod a deo traditur. Negat illum imperatorem qui deum dicit; nisi homo sit non est imperator. [4] Hominem se esse etiam triumphans in illo sublimissimo curru admonetur. Suggeritur enim ei a tergo: Respice post te! Hominem te memento! Et utique hoc magis gaudet tanta se gloria coruscare, ut illi admonitio condicionis suae sit necessaria. Minor erat, si tunc deus diceretur quia non vere diceretur. Maior est qui revocatur, ne se deum existimet.
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Apologétique
XXXIII.
Mais pourquoi parler davantage du religieux, sentiment et de la piété chrétienne qui nous lie à l'empereur? Pourrions-nous y manquer envers l'élu de notre Dieu? A ce titre, je le dirai hardiment: César est à nous plus qu'à personne, puisque c'est notre Dieu qui l'a établi ce qu'il est. Je suis donc à même plus qu'un autre de contribuer à sa conservation, non-seulement parce que je la demande à celui qui peut l'accorder, et que je suis dans les conditions nécessaires pour l'obtenir, mais encore parce qu'en abaissant la majesté impériale au-dessous de Dieu, mais de Dieu seul, j'intéresse bien plus sûrement en sa faveur le Dieu auquel je soumets César. Je le fais sujet de Dieu; mais son égal, non. Je ne l'appellerai point. Dieu, et parce que je ne sais pas mentir, et parce qu'il ne me vient point à l'esprit de l'insulter, et parce que lui-même ne voudrait pas s'entendre appeler dieu. Homme, il ne peut que gagner à s'abaisser devant Dieu. C'est bien assez pour lui de porter le titre d'empereur, titre auguste qui lui vient d'en haut. L'appeler dieu, c'est lui dénier sa qualité de César: il ne peut être empereur sans être un homme. Lors même qu'il s'avance environné de gloire sur le char triomphal, on a soin de l'avertir qu'il est mortel. Derrière lui est placé un héraut qui lui crie: Regarde derrière toi, et souviens-toi que tu es homme. Rien de si flatteur, de si propre à lui donner une haute idée de sa pompe éblouissante, que l'indispensable précaution de lui rappeler la fragilité de son être. Appelez-le dieu, il descend, parce qu'il a la conscience du mensonge: mais qu'il est mille fois plus grand quand on l'avertit de ne pas se croire un dieu!