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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra mendacium Contre le mensonge. À consentius

28.

Il en est de même de ce passage qu'ils objectent, dis-tu, et où il est raconté que le Seigneur Jésus, après sa résurrection, fit route avec deux disciples, et que, comme ils approchaient du village où ils allaient, Jésus feignit d'aller plus loin, car l'Evangéliste en disant expressément : « Il feignit d'aller plus loin1 », emploie le verbe particulièrement cher aux menteurs et à l'abri duquel ils cachent leurs mensonges : comme si toute feinte était un mensonge, tandis qu'on feint si souvent pour donner à entendre une chose par une autre. Si donc Jésus n'avait pas eu d'autre intention en feignant d'aller plus loin, on pourrait dire qu'il y a eu mensonge; mais si on saisit bien le véritable sens, si on se reporte à l'objet qu'il voulait indiquer, on trouvera qu'il y a eu mystère. Autrement il faudrait traiter de mensonges tous les récits de faits allégoriques de faits qui ne sont pas réels; comme par exemple cette longue parabole de l'homme qui a deux fils dont l'aîné reste chez son père, et dont le plus jeune s'en va dans une contrée lointaine2. Dans ce genre de fiction on a même prêté les actes et la parole de l'homme à des animaux privés de raison et à des objets inanimés, pour rendre plus sensible la pensée que l'on voulait exprimer, à l'aide de récits fictifs, il est vrai, mais d'une signification conforme à la vérité. Non-seulement cela se rencontre chez les auteurs profanes, dans Horace, par exemple, où le rat parle au rat, la belette au renard, pour faire ressortir d'un récit imaginaire le but que l'auteur se propose3; et aussi dans Esope dont les fables ont la même portée, sans que personne, pas même le plus ignorant, soit tenté de les appeler mensonges; mais on en trouve aussi dans les Livres saints, comme dans le livre des Juges, par exemple, où les arbres veulent se donner un roi et parlent à l'olivier, au figuier, à la vigne et au buisson a. Pure fiction, dont le but est d'amener à l'objet que l'on en a vue, par une narration supposée, mais exempte de mensonge, et d'une signification vraie. Tout ceci soit dit à l'occasion de ce que nous lisons de Jésus

« Et il feignit d'aller plus loin4 », pour que personne, voulant comme les Priscillianistes, se permettre le mensonge, ne conclue de ce mot que le Christ lui-même a menti. Or pour saisir le sens figuré de cette feinte, il faut voir ce que Jésus fit ensuite. Il est en effet allé plus loin, au-delà de tous les cieux, sans cependant abandonner ses disciples. Son humanité feint dans le présent, pour prophétiser en figure ce que sa divinité fera dans l'avenir. Et la signification de la feinte est vraie, parce que la vérité du départ s'en est suivie. Que celui-là donc prétende que le Christ a menti en feignant, qui nie qu'il ait réellement accompli ce qu'il avait donné à entendre.


  1. Luc, XXIV, 28. ↩

  2. Luc, XV, 11-32.  ↩

  3. Hor. Sat. liv. II, sat. 6 ; Epîtres, liv. I, ép. 7.  ↩

  4. Juges, IX, 8-15. ↩

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Contre le mensonge. À consentius

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