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Works Augustine of Hippo (354-430) De opere et eleemosynis Du travail des Moines

CHAPITRE XXVI. COMMENT IL FAUT ENTENDRE LA MAXIME : NE PAS S'INQUIÉTER DE LA NOURRITURE NI DU VÊTEMENT. — EN QUEL SENS FAUT-IL PRENDRE L'EXEMPLE DES OISEAUX DU CIEL ET DES LIS DES CHAMPS.

34. On réplique : Le Seigneur a pourtant dit : « Ne soyez point inquiets, pour votre vie, de ce que vous mangerez; ni, pour votre corps, comment vous le vêtirez1 ».

Sans doute ; et c'est parce qu'il avait dit d'abord : « Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent ». — En effet, celui qui prêche l'Evangile dans l'unique but d'avoir de quoi manger et de quoi se vêtir, doit se croire tout ensemble au service de Dieu, dont il prêche la parole; et au service de l'argent, puisqu'il prêche pour gagner ce nécessaire: voilà l'œuvre double que le Seigneur déclare impossible. Dès lors, celui qui prêche l'Evangile pour ce motif, est convaincu de servir, non pas Dieu, mais l'argent, bien que Dieu se serve de lui, à son insu, pour le progrès spirituel du prochain. Telle est la maxime principale que Notre-Seigneur fait suivre de celle-ci : « Et c'est pourquoi je vous dis: ne soyez pas inquiets, pour votre vie, « de ce que vous mangerez; ni, pour votre corps, comment vous le vêtirez ». Il ne défend pas qu'on se procure ces choses dans la mesure du besoin et par des moyens honnêtes; mais il ne permet pas qu'on en fasse son but, qu'on travaille pour cet objet, surtout dans les œuvres qu'impose la prédication de l'Evangile. Il s'agit donc de l'intention; et, ce mobile de nos oeuvres, Jésus-Christ l'appelle notre oeil. Aussi, pour arriver à la conséquence qui nous occupe, il avait commencé par poser ce principe : « Votre œil est la lampe de votre corps; si votre œil est simple, tout votre corps sera lumineux; mais si votre oeil est mauvais, tout votre corps sera ténébreux ». Autrement : telle est l'intention qui détermine votre acte, tel est aussi votre acte lui-même. — Pour en venir à cette maxime, le Seigneur avait fait précédemment en ces termes le précepte de l'aumône : « Gardez-vous d'enfouir vos trésors dans la terre, où la rouille et les vers les dévorent, où les voleurs les déterrent et les dérobent. Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où ni la rouille ni les vers ne les mangent, où les voleurs ne les déterrent ni ne les dérobent. Car où est votre trésor, là aussi est votre coeur». Et c'est immédiatement qu'il ajoute: « Votre œil est le flambeau de votre corps », sans doute afin que ceux qui font l'aumône ne la fassent pas dans l'intention de plaire aux hommes, ou de retrouver sur la terre le bien qu'ils ont fait. De là encore, l'Apôtre, en commandant à Timothée de donner des avis aux riches, lui dit et Qu'ils donnent facilement, qu'ils fassent part et de leurs biens, qu'ils se préparent un trésor « qui soit un fondement solide pour l'avenir, afin d'arriver à la véritable vie2 ».

Ainsi, Dieu a voulu élever vers la vie future et la céleste récompense l'oeil de ceux qui font des aumônes, afin que leur œil étant simple, toutes leurs actions soient lumineuses. C'est ce suprême salaire qu'il désigne encore quand il dit ailleurs: « Celui qui vous reçoit, me reçoit; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en sa qualité de prophète, recevra la récompense « du prophète; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra la récompense du juste; et quiconque aura donné seulement un verre d'eau froide à boire à l'un de ces plus petits, comme étant un de mes disciples, je vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense3 ».

Ainsi le Seigneur craint que l'on ne trompe et surprenne l'oeil de ceux qui donnent le nécessaire aux pauvres qu'on trouve parmi les prophètes, les justes et les disciples de Jésus; et que l'œil, aussi, de ceux qui sont l'objet de ces bienfaits, ne se gâte à son tour, en ce sens qu'ils auraient la volonté de servir Jésus-Christ dans le but de se les attirer. C'est pour cela qu'il dit : « Non, personne ne peut servir deux maîtres »; et bientôt après « Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent », et aussitôt, enfin, comme conclusion inévitable « C'est pourquoi je vous dis: ne soyez pas inquiets, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, comme vous le couvrirez4 ».

35. Quant à la maxime suivante qui a trait aux oiseaux et aux lis des champs, Notre-Seigneur la prononce pour que personne au monde ne tombe dans cette erreur funeste, de croire notre Dieu indifférent aux besoins indispensables de ses serviteurs. Puisqu'au contraire sa Providence s'étend jusqu'à créer et protéger des créatures aussi chétives, combien moins refusera-t-il de nourrir et de vêtir les hommes qui travaillent de leurs mains ! — Toutefois, pour éviter que ses serviteurs ne rabaissent leur sainte milice à la seule ambition de ces choses matérielles, le Seigneur leur donne un avis important. C'est qu'en payant la noble dette de notre enrôlement sacré sous sa bannière, notre intention se dirige non pas vers ce but terrestre, mais vers son royaume et sa justice. A cette condition, le reste nous sera donné, soit que le travail de nos mains y suffise, soit même que nos infirmités physiques nous empêchent d'y pourvoir, soit encore que sa sainte milice nous enchaîne à des labeurs qui ne nous permettent aucune autre occupation.


  1. S. Matt. chap. VI. S. Augustin en explique plusieurs versets consécutifs. ↩

  2. I Tim. VI, 18, 19.  ↩

  3. Matt. X, 40-42. ↩

  4. Matt. VI, 24. ↩

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