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La cité de dieu
CHAPITRE XVII.
DE L’ARCHE DU TESTAMENT ET DES MIRACLES QUE DIEU OPÉRA POUR FORTIFIER L’AUTORITÉ DE SA LOI ET DE SES PROMESSES.
C’est pour cela que la loi de Dieu, donnée au peuple juif par le ministère des anges, et qui ordonnait d’adorer le seul Dieu des dieux, à l’exclusion de tous les autres, était déposée dans l’arche dite du Témoignage. Ce nom indique assez que Dieu, à qui s’adressait tout ce culte extérieur, n’est point contenu et enfermé dans un certain lieu, et que si ses réponses et divers signes sensibles sortaient en effet de cette arche, ils n’étaient que le témoignage visible de ses volontés. La loi elle-même était gravée sur des tables de pierre et renfermée dans l’arche, comme je viens de le dire. Au temps que le peuple errait dans le désert, les prêtres la portaient avec respect avec le tabernacle, dit aussi du Témoignage, et le signe ordinaire qui l’accompagnait était une colonne de nuée durant le jour et une colonne de feu durant la nuit1 . Quand cette nuée marchait, les Hébreux levaient leur camp, et ils campaient, quand elle s’arrêtait2. Outre ce miracle et les voix qui se faisaient entendre de l’arche, il y en eut encore d’autres qui rendirent témoignage à la loi; car, lorsque le peuple entra dans la terre de promission, le Jourdain s’ouvrit pour donner passage à l’arche aussi bien qu’à toute l’armée3. Cette même arche ayant été portée sept fois autour de la première ville ennemie qu’on rencontré (laquelle adorait plusieurs dieux à l’instar des Gentils) , les murailles tombèrent d’elles-mêmes sans être ébranlées ni par la sape ni par le bélier4. Depuis, à une époque où les Israélites étaient déjà établis dans la terre promise, il arriva que l’arche fut prise en punition de leurs péchés, et que ceux qui s’en étaient emparés l’enfermèrent avec honneur dans le temple du plus considérable de leurs dieux5. Or, le lendemain, à l’ouverture du temple, ils trouvèrent la statue du dieu renversée par terre et honteusement fracassée. Divers prodiges et la plaie honteuse dont ils furent frappés les engagèrent dans la suite à restituer l’arche de Dieu. Mais comment fut-elle rendue ? ils la mirent sur un chariot, auquel ils attelèrent des vaches dont ils eurent soin de retenir les petits, puis ils laissèrent aller ces animaux à leur gré, pour voir s’il se produirait quelque chose de divin. Or, les vaches, sans guide, sans conducteur, malgré les cris de leurs petits affamés, marchèrent droit en Judée et rendirent aux Hébreux l’arche mystérieuse, Ce sont là de petites choses au regard de Dieu; mais elles sont grandes par l’instruction et la terreur salutaire qu’elles doivent donner aux hommes. Si certains philosophes, et à leur tête les Platoniciens, ont montré plus de sagesse et mérité plus de gloire que tous les autres, pour avoir enseigné que la Providence divine descend jusqu’aux derniers êtres de la nature, et fait éclater sa splendeur dans l’herbe des champs aussi bien que dans les corps des animaux, comment ne pas se rendre aux témoignages miraculeux d’une religion qui ordonne de sacrifier à Dieu seul, à l’exclusion de toute créature du ciel, de la terre et des enfers? Et quel est le Dieu de cette religion? Celui qui peut seul faire notre bonheur par l’amour qu’il nous porte et par l’amour que nous lui rendons, celui qui, bornant le temps des sac,rifices de l’ancienne loi dont il avait prédit la réforme par un meilleur pontife, a témoigné qu’il ne les désire pas pour eux-mêmes, et que s’il les avait ordonnés, c’était comme figure de sacrifices plus parfaits; car enfin Dieu ne veut pas notre culte pour en tirer de la gloire, mais pour nous unir étroitement à lui, en nous enflammant d’un amour qui fait notre bonheur et non pas le sien.
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De civitate Dei (CCSL)
Caput XVII: De arca testamenti miraculisque signorum, quae ad commendandam legis ac promissionis auctoritatem diuinitus facta sunt.
Proinde lex dei, quae in edictis data est angelorum, in qua unus deus deorum religione sacrorum iussus est coli, alii uero quilibet prohibiti, in arca erat posita, quae arca testimonii nuncupata est. quo nomine satis significatur non deum, qui per illa omnia colebatur, circumcludi solere uel contineri loco, cum responsa eius et quaedam humanis sensibus darentur signa ex illius arcae loco, sed uoluntatis eius hinc testimonia perhiberi; quod etiam ipsa lex erat in tabulis conscripta lapideis et in arca, ut dixi, posita, quam tempore peregrinationis in eremo cum tabernaculo, quod similiter appellatum est tabernaculum testimonii, cum debita sacerdotes ueneratione portabant; signumque erat, quod per diem nubes apparebat, quae sicut ignis nocte fulgebat; quae nubes cum moueretur, castra mouebantur, et ubi staret, castra ponebantur. reddita sunt autem illi legi magni miraculi testimonia praeter ista, quae dixi, et praeter uoces, quae ex illius arcae loco edebantur. nam cum terram promissionis intrantibus eadem arca transiret, Iordanes fluuius ex parte superiore subsistens et ex inferiore decurrens et ipsi et populo siccum praebuit transeundi locum. deinde ciuitatis, quae prima hostilis occurrit more gentium deos plurimos colens, septiens eadem arca circumacta muri repente ceciderunt, nulla manu oppugnati, nullo ariete percussi. post haec etiam cum iam in terra promissionis essent et eadem arca propter eorum peccata fuisset ab hostibus capta, hi, qui ceperant, in templo eam dei sui, quem prae ceteris colebant, honorifice conlocarunt abeuntesque clauserunt, aperto que postridie simulacrum, cui supplicabant, inuenerunt conlapsum deformiterque confractum. deinde ipsi prodigiis acti deformiusque puniti arcam diuini testimonii populo, unde ceperant, reddiderunt. ipsa autem redditio qualis fuit. inposuerunt eam plaustro eique iuuencas, a quibus uitulos sugentes abstraxerant, subiunxerunt et eas quo uellent ire siuerunt, etiam inde uim diuinam explorare cupientes. at illae sine duce homine atque rectore ad Hebraeos uiam pertinaciter gradientes nec reuocatae mugitibus esurientium filiorum magnum sacramentum suis cultoribus reportarunt. haec atque huiusmodi deo parua sunt, sed magna terrendis salubriter erudiendisque mortalibus. si enim philosophi praecipueque Platonici rectius ceteris sapuisse laudantur, sicut paulo ante commemoraui, quod diuinam prouidentiam haec quoque rerum infima atque terrena administrare docuerunt numerosarum testimonio pulchritudinum, quae non solum in corporibus animalium, uerum in herbis etiam faenoque gignuntur: quanto euidentius haec adtestantur diuinitati, quae ad horam praedicationis eius fiunt, ubi ea religio commendatur, quae omnibus caelestibus, terrestribus, infernis sacrificari uetat, uni deo tantum iubens, qui solus diligens et dilectus beatos facit eorumque sacrificiorum tempora imperata praefiniens eaque per meliorem sacerdotem in melius mutanda praedicens non ista se adpetere, sed per haec alia potiora significare testatur, non ut ipse his honoribus sublimetur, sed ut nos ad eum colendum eique cohaerendum igne amoris eius accensi, quod nobis, non illi, bonum est, excitemur.