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La cité de dieu
Préface
En écrivant cet ouvrage dont vous m’avez suggéré la première pensée, Marcellinus1, mon très-cher fils, et que je vous ai promis d’exécuter, je viens défendre la Cité de Dieu contre ceux qui préfèrent à son fondateur leurs fausses divinités; je viens montrer cette cité toujours glorieuse, soit qu’on la considère dans son pèlerinage à travers le temps, vivant de foi au milieu des incrédules2, soit qu’on la contemple dans la stabilité du séjour éternel, qu’elle attend présentement avec patience3 , jusqu’à ce que la patience se change en force4 au jour de la victoire suprême et de la parfaite paix5. Cette entreprise est, à la vérité, grande et difficile, mais Dieu est notre appui6 .Aussi bien de quelle force n’aurai-je pas besoin pour persuader aux superbes que l’humilité possède une vertu supérieure qui nous élève, non par une insolence toute humaine, mais par une grâce divine, au-dessus des grandeurs terrestres toujours mobiles et chancelantes? C’est le sens de ces paroles de l’Ecriture, où le roi et le fondateur de la cité que nous célébrons, découvrant aux hommes sa loi, déclare que « Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles7 ». Cette conduite toute divine, l’orgueil humain prétend l’imiter, et il aime à s’entendre donner cet éloge :
« Tu sais pardonner aux humbles et dompter les superbes 3».
C’est pourquoi nous aurons plus d’une fois à parler dans cet ouvrage, autant que notre plan le comportera, de cette cité terrestre dévorée du désir de dominer et qui est elle-même esclave de sa convoitise, tandis qu’elle croit être la maîtresse des nations.
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Marcellinus était un personnage considérable à la cour de l’empereur Honorius. Il fut envoyé en Afrique en 411, pour connaître de l’affaire des Donatistes, qui parvinrent par leurs intrigue, à le faire condamner au dernier supplice. L’Eglise le compte parmi ses saints et ses martyrs. Voyez sur Marcellinus (saint Marcellin) les lettres de saint Augustin, notamment la 136e, n. 3, la 138e, n. 20, et la 259e. ↩
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Habac. II, 4. ↩
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Rom. VIII, 25. ↩
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J’ai traduit ces mots, empruntée au Psalmiste, dans le sens indiqué par saint Augustin lui-même en divers écrits. Voyez De Trin., lib. III, cap. 15 De gen. ad litt., lib. II, cap. 22. ↩
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Psal. XCIII, 15. ↩
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Psal. LXI, 9. ↩
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Jac. IV, 6; I Petr. V, 5. — 3 Enéide, liv. VI, vers 854. ↩
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Zweiundzwanzig Bücher über den Gottesstaat (BKV)
Vorrede.
Band 1, S. 24 Teuerster Sohn Marcellin1! In diesem an dich gerichteten Werke, mit dem ich zugleich ei n Versprechen2 einlöse, habe ich es übernommen, den glorreichen Gottesstaat, sowohl wie er sich im Ablauf der Weltzeit darstellt, da er, „aus dem Glauben lebend“3, unter Gottlosen pilgert, als auch wie er in der Stetigkeit des ewigen Wohnsitzes ruht, die er zur Zeit „in Geduld erhofft“4, bis sich die Gerechtigkeit wendet zum Gerichte“5, dann aber in Herrlichkeit erlangen wird mit dem letzten Sieg und in vollkommenem Frieden, diesen Gottesstaat also will ich verteidigen gegen die, die seinem Gründer ihre Götter vorziehen: ein großes und schweres Werk, doch Gott ist unser Beistand. Denn ich weiß, welcher Anstrengung es bedarf, um den Band 1, S. 25Hochmut zu überzeugen, wie groß die Kraft der Demut sei, durch die sich, nicht angemaßt von Menschenstolz, sondern als ein Geschenk von Gottes Gnaden, eine Hoheit auswirkt, überragend alle menschliche Erhabenheit in ihrer zeitlich bedingten Wandelbarkeit, Denn der König und Gründer dieses Staates hat in der Schrift für sein Volk den Spruch des göttlichen Gesetzes verkündet des Inhalts: „Gott widersteht den Hochmütigen, den Demütigen aber gibt er Gnade“6. Allein das, was Gott zusteht, äfft auch der aufgeblähte Geist menschlichen Hochmutes nach und läßt gern von sich rühmen, daß er die „Unterwürfigen schone und niederkämpfe die Stolzen“7. Darum soll auch vom Weltstaat, der, lüstern nach Herrschaft, dennoch seinerseits, wennschon sich die Völker dienend beugen, von der Herrschbegierde beherrscht wird, hier die Rede sein, soweit es der Plan des Werkes erheischt und sich die Möglichkeit bietet.