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Works Augustine of Hippo (354-430)

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La cité de dieu

CHAPITRE XIX.

TOUS LES DÉFAUTS CORPORELS, QUI, PENDANT CETTE VIE, SONT CONTRAIRES À LA BEAUTÉ DE L’HOMME, DISPARAÎTRONT A LA RÉSUMRECTION, LA SUBSTANCE NATURELLE DU CORPS TERRESTRE DEVANT SEULE SUBSISTER, MAIS AVEC D’AUTRES PROPORTIONS D’UNE JUSTESSE ACCOMPLIE.

Est-il besoin de répondre maintenant aux objections tirées des ongles et des cheveux? Si l’on a bien compris une fois qu’il ne périra rien de notre corps, afin qu’il n’ait rien de difforme, on comprendra aussi aisément que ce qui ferait une monstrueuse énormité sera distribué dans toute la masse du corps, et non pas accumulé à une place où la proportion des membres en serait altérée. Si, après avoir fait un vase d’argile, on le voulait défaire pour en recomposer un vase nouveau, il ne serait pas nécessaire que cette portion de terre qui formait l’anse ou le fond dans le premier vase, les formât aussi dans le second; il suffirait que toute l’argile y fût employée. Si donc les ongles et les cheveux, tant de fois coupés, ne peuvent revenir à leur place qu’en produisant une difformité, ils n’y reviendront pas. Cependant ils ne seront pas anéantis, parce qu’ils seront changés en la même chair à laquelle ils appartenaient, afin d’y occuper une place où ils ne troublent pas l’économie générale des parties. Je ne dissimule pas, au surplus, que cette parole du Seigneur: « Pas un cheveu de votre tête ne périra », ne paraisse s’appliquer plutôt au nombre des cheveux qu’à leur longueur. C’est dans ce sens qu’il a dit aussi : « Tous les cheveux de votre tête sont comptés1 ». Je ne crois donc pas que rien doive périr de notre corps de tout ce qui lui était naturel; je veux seulement montrer que tout ce qui en lui était défectueux, et servait à faire voir la misère de sa condition, sera rendu à sa substance transfigurée, le fond de l’être restant tout entier, tandis que la difformité seule périra. Si un artisan ordinaire, qui a mal fait une statue, peut la refondre si bien qu’il en conserve toutes les parties, sans y laisser néanmoins ce qu’elle avait de difforme, que ne faut-il pas attendre, je le demande, du suprême Artisan? Ne pourra-t-il ôter et retrancher aux corps des hommes toutes les difformités naturelles ou monstrueuses, qui sont une condition de cette vie misérable, mais qui ne peuvent convenir à la félicité future des saints, comme ces accroissements naturels sans doute, mais cependant disgracieux, de notre corps, sans rien enlever pour cela de sa substance?

Il ne faut point dès lors que ceux qui ont trop ou trop peu d’embonpoint appréhendent d’être au séjour céleste ce qu’ils ne voudraient pas être, même ici-bas. Toute la beauté du corps consiste, en effet, en une certaine proportion de ses parties, couvertes d’un coloris agréable. Or, quand cette proportion manque, ce qui choque la vue, c’est qu’il y a quelque chose qui fait défaut, ou quelque chose d’excessif. Ainsi donc, cette difformité qui résulte de la disproportion des parties du corps disparaîtra, lorsque le Créateur, par des moyens connus de lui, suppléera à ce qui manque ou ôtera le superflu. Et quant à la couleur des chairs, combien na sera-t-elle pas vive et éclatante en ce séjour où : « Les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur père2 ?» Il faut croire que Jésus-Christ déroba cet éclat aux yeux de ses disciples, quand il parut devant eux après sa résurrection; car ils n’auraient pu le soutenir, et cependant ils avaient besoin de regarder leur maître pour le reconnaître. C’est pour cette raison qu’il leur fit toucher ses cicatrices, qu’il but et mangea avec eux, non par nécessité, mais par puissance. Quand on ne voit pas un objet présent, tout en voyant d’autres objets également présents, comme il arriva aux disciples qui ne virent pas alors l’éclat du visage de Jésus-Christ, quoique présent, et qui pourtant voyaient d’autres choses, les Grecs appellent cet état aorasia mot que les Latins ont traduit dans la Genèse par caecitas, faute d’un autre équivalent. C’est l’aveuglement dont les Sodomites furent frappés, lorsqu’ils cherchaient la porte de Loth sans pouvoir la trouver. En effet, si c’eût été chez eux une véritable cécité, comme celle qui empêche de rien voir, ils n’auraient point cherché la porte pour entrer, mais des guides pour les ramener3,

Or, je ne sais comment, l’affection que nous avons pour les bienheureux martyrs nous fait désirer de voir dans le ciel les cicatrices des plaies qu’ils ont reçues pour le nom de Jésus-Christ, et peut-être les verrons-nous. Ce ne sera pas une difformité dans leur corps, mais une marque d’honneur, qui donnera de l’éclat, non point à leur corps, mais à icuz gloire. Il ne faut pas croire toutefois que les membres qu’on leur aura coupés leur manqueront à la résurrection, eux à qui il a été dit: « Pas un cheveu de votre tête ne périra ». Mais, s’il est à propos qu’on voie, dans le siècle nouveau, ces marques glorieuses de leur martyre gravées jusque dans leur chair immortelle, on doit penser que les endroits où ils auront été blessés ou mutilés conserveront seulement une cicatrice, en sorte qu’ils ne laisseront pas de recouvrer les membres qu’ils avaient perdus. La foi nous assure, il est vrai, que dans l’autre vie aucun des défauts de notre corps ne paraîtra plus; mais ces marques de vertu ne peuvent être considérées comme des défauts4.


  1. Luc, XII, 7. ↩

  2. Matt. XIII, 43. ↩

  3. Comp. saint Augustin, Quaest. in Gen., qu. 42. ↩

  4. Comp. saint Jean Chrysostome, Hom., I in SS. Machab., n. 1, et saint Ambroise, lib. 10, in Lucam. ↩

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De civitate Dei (CCSL)

Caput XIX: Quod omnia corporis uitia, quae in hac uita humano contraria sunt decori, in resurrectione non sint futura, ubi manente naturali substantia in unam pulchritudinem et qualitas concurret et quantitas.

Quid iam respondeam de capillis atque unguibus? semel quippe intellecto ita nihil periturum esse de corpore, ut deforme nihil sit in corpore, simul intellegitur ea, quae deformem factura fuerant enormitatem, massae ipsi accessura esse, non locis in quibus membrorum forma turpetur. uelut si de limo uas fieret, quod rursus in eundem limum redactum totum de toto iterum fieret, non esset necesse ut illa pars limi, quae in ansa fuerat, ad ansam rediret, aut quae fundum fecerat, ipsa rursus faceret fundum, dum tamen totum reuerteretur in totum, id est, totus ille limus in totum uas nulla sui perdita parte remearet. quapropter si capilli totiens tonsi unguesue desecti ad sua loca deformiter redeunt, non redibunt; nec tamen cuique resurgenti peribunt, quia in eandem carnem, ut quemcumque ibi locum corporis teneant, seruata partium congruentia materiae mutabilitate uertentur. quamuis quod ait dominus: capillus capitis uestri non peribit, non de longitudine, sed de numero capillorum dictum multo aptius possit intellegi; unde et alibi dicit: capilli capitis uestri numerati sunt. neque hoc ideo dixerim, quod aliquid existimem corpori cuique periturum, quod naturaliter inerat; sed quod deforme natum fuerat - non utique ob aliud, nisi ut hinc quoque ostenderetur, quam sit poenalis condicio ista mortalium - , sic esse rediturum, ut seruata integritate substantiae deformitas pereat. si enim statuam potest artifex homo, quam propter aliquam causam deformem fecerat, conflare et pulcherrimam reddere, ita ut nihil inde substantiae, sed sola deformitas pereat, ac si quid in illa figura priore indecenter exstabat nec parilitate partium congruebat, non de toto, unde fecerat, amputare atque separare, sed ita conspergere uniuerso atque miscere, ut nec foeditatem faciat nec minuat quantitatem: quid de omnipotenti artifice sentiendum est? ergo ne non poterit quasque deformitates humanorum corporum, non modo usitatas, uerum etiam raras atque monstrosas, quae huic miserae uitae congruunt, abhorrent autem ab illa futura felicitate sanctorum, sic auferre ac perdere, ut, quascumque earum faciunt etsi naturalia, tamen indecora excrementa substantiae corporalis, nulla eius deminutione tollantur? ac per hoc non est macris pinguibusque metuendum, ne ibi etiam tales sint, quales si possent nec hic esse uoluissent. omnis enim corporis pulchritudo est partium congruentia cum quadam coloris suauitate. ubi autem non est partium congruentia, aut ideo quid offendit quia prauum est, aut ideo quia parum, aut ideo quia nimium. proinde nulla erit deformitas, quam facit incongruentia partium, ubi et quae praua sunt corrigentur, et quod minus est quam decet, unde creator nouit, inde subplebitur, et quod plus est quam decet, materiae seruata integritate detrahetur. coloris porro suauitas quanta erit, ubi iusti fulgebunt sicut sol in regno patris sui. quae claritas in Christi corpore, cum resurrexit, ab oculis discipulorum potius abscondita fuisse quam defuisse credenda est. non enim eam ferret humanus atque infirmus adspectus, quando ille a suis ita deberet adtendi, ut posset agnosci. quo pertinuit etiam, ut contrectantibus ostenderet suorum uulnerum cicatrices, ut etiam cibum potumque sumeret, non alimentorum indigentia, sed ea qua et hoc poterat potestate. cum autem aliquid non uidetur, quamuis adsit, a quibus alia, quae pariter adsunt, uidentur, sicut illam claritatem dicimus adfuisse non uisam, a quibus alia uidebantur, ἀορασία Graece dicitur, quod nostri interpretes Latine dicere non ualentes in libro geneseos caecitatem interpretati sunt. hanc enim sunt passi Sodomitae, quando quaerebant ostium iusti uiri nec poterant inuenire. quae si caecitas fuisset, qua fit ut nihil possit uideri, non ostium qua ingrederentur, sed duces itineris a quibus inde abducerentur, inquirerent. nescio quo autem modo sic adficimur amore martyrum beatorum, ut uelimus in illo regno in eorum corporibus uidere uulnerum cicatrices, quae pro Christi nomine pertulerunt; et fortasse uidebimus. non enim deformitas in eis, sed dignitas erit, et quaedam, quamuis in corpore, non corporis, sed uirtutis pulchritudo fulgebit. nec ideo tamen si aliqua martyribus amputata et ablata sunt membra, sine ipsis membris erunt in resurrectione mortuorum, quibus dictum est: capillus capitis uestri non peribit. sed si hoc decebit in illo nouo saeculo, ut indicia gloriosorum uulnerum in illa inmortali carne cernantur, ubi membra, ut praeciderentur, percussa uel secta sunt, ibi cicatrices, sed tamen eisdem membris redditis, non perditis, apparebunt. quamuis itaque omnia quae acciderunt corpori uitia tunc non erunt, non sunt tamen deputanda uel appellanda uitia uirtutis indicia.

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