• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Fortunatum Manichaeum Conférences entre saint Augustin et le manichéen Fortunat
PREMIÈRE CONFÉRENCE.

17.

Augustin. Ce passage de l'Apôtre, tel que vous avez daigné nous le citer, est tout en ma faveur, si je ne me trompe, et par là même contre vous. D'abord, parce que le libre arbitre, seul principe réel du péché, comme je l'ai dit, est ici formellement proclamé, lorsque l'Apôtre parle des péchés et affirme que notre réconciliation se fait avec Dieu par Jésus-Christ. En péchant, nous nous sommes détournés de Dieu, et en accomplissant les préceptes de Jésus-Christ, nous nous réconcilions avec Dieu. Ainsi, après être morts par le péché, nous revenons à la vie en observant les commandements, et nous rentrons en paix avec ce Dieu que nous avions quitté en refusant d'obtempérer à ses ordres. Notre foi nous enseigne que c'est là ce qui arriva pour le premier homme. Maintenant je m'appuie sur ce passage que vous nous avez rappelé, et je vous demande comment le péché peut nous atteindre, si c'est sous la coaction d'une nature contraire que nous agissons? En effet. celui qui agit sous le coup de la nécessité ne pèche pas. Si quelqu'un pèche, c'est par son libre arbitre qu'il pèche. Pourquoi donc nous imposer le précepte de la pénitence, si nous ne faisons aucun mal, si le mal n'est possible qu'à la nation des ténèbres? Et le pardon des péchés, à qui donc est-il accordé? est-ce à nous ou à la nation des ténèbres? Si la nation des ténèbres reçoit le pardon de ses péchés, elle régnera donc avec Dieu. Mais si c'est à nous que ce pardon est accordé, il faut conclure que le péché en nous est volontaire. Ne serait-ce pas une folie de pardonner à quelqu'un qui n'aurait fait aucun mal ? Or, aucun anal n'est possible qu'autant qu'il procède de la volonté. Je suppose donc qu'en réponse à la promesse qui lui est l'aile par Dieu d'obtenir la rémission de ses péchés et la réconciliation, si elle suspend le cours de ses pêchés et en fait pénitence, une âme, appuyée sur votre doctrine, s'écrie : Quel péché ai-je commis? Quel châtiment ai-je mérité? Pourquoi m'avez-vous chassée de votre royaume et m'avez-vous condamnée à combattre contre je ne sais quelle nation? Je suis humiliée, confondue avec le mal, corrompue, affaiblie, je n'ai plus mon libre arbitre. Vous connaissez la dure nécessité qui m'oppresse : pourquoi donc m'imputez-vous les blessures que j'ai reçues? Pourquoi m'obliger à la pénitence, quand c'est vous-même qui êtes la cause de tees blessures? Ne savez-vous pas que je ne suis réduite à cet état que par la violence que vous avez permis à la nation des ténèbres d'exercer contre moi, vous qui tout inviolable que vous êtes, n'avez précipitée dans cet abîme de misères afin de sauver l'intégrité de votre empire, auquel cependant rien ne peut nuire? Si je suis une partie tic vous-même, si je suis sortie de vos entrailles, de votre royaume et de votre bouche, que pouvait contre moi la nation des ténèbres? ne devait-elle pas être vaincue et moi rester incorruptible? Et voici qu'elle ne pouvait se montrer satisfaite qu'au prix de ma propre corruption ! comment donc suis-je une partie de vous-même, comment restez-vous inviolable, ou bien, comment ne pas vous accuser de cruauté de me condamner à la tyrannie de la nation des ténèbres , pour sauver votre royaume auquel rien ne pourrait porter atteinte? Répondez à cela, je vous en prie; daignez aussi m'expliquer ces paroles de saint Paul : « Nous étions naturellement des enfants de colère », quand il assure en même tentes que nous avons été réconciliés avec Dieu. Si naturellement les hommes étaient enfants de colère, comment pouvez-vous dire que naturellement l'âme est la fille et une portion de Dieu ?

Fortunat. Si en disant que les hommes sont par nature enfants de colère, l'Apôtre eût parlé de l'âme, c'est qu'à ses yeux l'âme serait séparée de Dieu. Vous auriez donc prouvé, contre votre propre système, que l'âme n'est point l'ouvre de Dieu ; car, dit l'Apôtre, nous sommes par nature enfants de colère. Toutefois il est clair que l'Apôtre parlait ainsi, en tant qu'il descendait de la race d'Abraham, et qu'à ce titre il était soumis à la loi judaïque1; c'était dire clairement que nous sommes, par notre corps, enfants de colère, comme le reste des hommes. Quant à l'âme, il prouve qu'elle est une substance sortie de Dieu, et que nous ne pouvons être réconciliés avec Dieu que par notre maître, Jésus-Christ. Tant que l'âme était morte à l'amitié de Dieu, elle paraissait indigne d'être sortie de la substance de Dieu même. Mais il nous suffit de savoir qu'elle a été envoyée sur la terre pour faire la volonté de Dieu ; nous en concluons aussitôt qu'elle est la fille substantielle du Dieu tout-puissant. De même nous croyons que le Christ Sauveur est venu du ciel pour faire la volonté de son Père ; et cette volonté avait pour objet la destruction de l'inimitié et la délivrance de nos âmes. En effet, si cette âme n'eût pas été en lutte avec Dieu, comment expliquer la coexistence de l'inimitié et de l'unité, de la mort et de la vie?


  1. Rom. XI, 1. ↩

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Download
  • docxDOCX (39.67 kB)
  • epubEPUB (25.85 kB)
  • pdfPDF (98.25 kB)
  • rtfRTF (80.80 kB)
Translations of this Work
Acts or Disputation Against Fortunatus, the Manichaean Compare
Conférences entre saint Augustin et le manichéen Fortunat

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy