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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
9.
Patres autem nostri, qui deo placuerunt, tenuerunt ordinem suum in ipsa oboedientia, ut quicquid deus temporibus congruis iubendo distribuit, sic observarent, quemadmodum ille distribuit. Itaque non solum carnes ad cibos datas, cum omnes natura mundae essent, quasdam tamen nonnulla significatione immundas illo tempore non ederunt, quo eas non edi praeceptum erat, ut talibus significationibus futura rerum manifestatio praefiguraretur, sed et azymum panem et cetera huiusmodi, in quibus fuisse umbram futurorum dicit apostolus, tam rei essent illius temporis et illius populi homines, si observare contemnerent, quando illa sic fieri, ista quae nunc revelata sunt, tunc sic praenuntiari oportebat, quam nos desipientes essemus, si nunc iam manifesto novo testamento illas praenuntiatiuas observationes aliquid nobis prodesse putaremus, p. 300,8 sicut sacrilegi et impii, si eosdem libros, qui propter nos scripti sunt, ut ea quae iam nobis revelata et in manifestatione adnuntiata sunt, tanto ante illis figuris praenuntiata cognoscentes fideliter et firmiter teneremus, ideo putaremus abiciendos, quia ea quae ibi scripta sunt, non iam observare corporaliter, sed intellegere et facere spiritaliter nos dominus iubet; p. 300,14 scripta sunt enim propter nos, in quos finis saeculorum obvenit, sicut item dicit idem apostolus. Omnia enim, quae ante scripta sunt, ut nos doceremur, scripta sunt. Quapropter non manducare azymum per statutos septem dies tempore veteris testamenti peccatum fuit, tempore autem novi testamenti non est peccatum. Sed in spe futuri saeculi, quam habemus in Christo, qui et animam nostram induens iustitia et corpus nostrum induens immortalitate totos nos innovat, credere aliquid ex veteris corruptionis necessitate atque indigentia nos passuros vel acturos semper peccatum est, quamdiu volvuntur isti septem dies, quibus peragitur tempus. p. 300,25 Sed hoc veteris testamenti temporibus in figura occultatum a quibusdam sanctis intellegebatur, tempore autem novi testamenti in manifestatione revelatum populis praedicatur. Unde scriptura ipsa tunc erat praeceptum, nunc testimonium. Scenopegia non celebrare aliquando peccatum fuit, nunc non est peccatum, tabernaculo autem dei, quod est ecclesia, non conpaginari semper peccatum est. Sed tunc agebatur sub praecepto figuratio, nunc legitur in testimonio revelatio. Nam illud, quod tunc factum est, non diceretur tabernaculum testimonii, nisi alicui veritati, quae suo tempore declaranda erat, quadam congruentia significationis attestaretur. Lineis vestibus miscere purpuram et linostima veste indui aliquando peccatum fuit, nunc non est peccatum; sed inordinate vivere et diversi generis professiones velle miscere, ut vel sanctimonialis habeat ornamenta nuptarum vel ea quae se non continens nupsit, speciem virgnis gerat, omni modo peccatum est; p. 301,14 et si quid inconvenienter ex diverso genere in vita cuiusque contexitur. Verum illud tunc figurabatur in vestibus, quod nunc declaratur in moribus; illud enim erat tempus significandi, hoc manifestandi. Ergo ipsa scriptura, quae tunc fuit exactrix operum significantium, nun testis est rerum significatarum; et quae tunc observabatur ad praenuntiationem, nunc recitatur ad confirmationem. Bovem et asinum ad operandum iungere tunc non licebat, nunc licet. Declaratum est enim per apostolum, cum de bove triturante non infrenando scripturam recoleret, dicentem: Numquid de bubus cura est deo? p. 301,24 Quare ergo nunc legitur, quando id quod prohibuit iam licet? Quia idem ipse ibi secutus apostolus ait: Propter nos scriptura dicit. Et utique impium est, ut non legamus nos, quod scriptum est propter nos; magis enim propter nos, quibus manifestatur, quam propter illos, in quibus figurabatur. Bovem quippe et asinum, si necesse sit, unusquisque sine detrimento operis iungit; sapientem vero et stultum, non ut unus praecipiat et alter obtemperet, sed pariter ex aequali potestate, ut adnuntient verbum dei, non sine scandalo quisque comites facit. Itaque eandem scripturam tenemus et tunc potestate praecipientem umbris tegendum, quod nunc aperiretur, et nunc auctoritate attestantem luce apertum, quod tunc tegebatur. p. 302,9 De calvo autem et reburro, quod eos immundos lex dixerit, parum Faustus attenderat aut in mendosum codicem inciderat. Sed utinam ipse calvam frontem habere voluisset atque in ea crucem Christi figere non erubuisset! Profecto Christum clamantem: Ego sum veritas, nec cum falsis vulneribus occubuisse nec cum falsis cicatricibus resurrexisse credidisset. Quin etiam dicit: Ego fallere non didici; quod sentio loquor. Non est ergo discipulus Christi sui, quem falsas cicatrices dubitantibus discipulis demonstrasse insanus opinatur et non solum de ceteris vanitatibus suis, sed etiam de ipsa Christi fallacia sibi tamquam non fallenti vult credi. Utrum Christo melior, quo fallente ipse non fallit, an eo ipso non veracis Christi, sed fallacis Manichaei discipulus, cum et in hoc fallit, in quo se non didicisse fallere gloriatur.
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE IX. PAINS AZYMES, VÊTEMENTS INTERDITS AUTRES OBSERVANCES.
Nos pères qui furent si agréables à Dieu, restèrent dans la règle du devoir que leur traçait l'obéissance; toutes les prescriptions établies par Dieu en rapport avec leur temps, ils les observaient comme elles leur étaient imposées. Ainsi, quoique toute chair destinée à servir d'aliment à l'homme soit pure par nature, ils s'abstenaient cependant de celle de quelques animaux déclarée impure par la signification qui s'y rattachait, parce qu'il leur était défendu d'en manger; il y avait là une figure prophétique de la révélation future des mystères. De même il eût été aussi criminel pour les hommes de leur temps et de leur nation, de ne pas user des pains azymes et d'autres choses semblables, alors que ces pratiques devaient être observées, et les mystères, aujourd'hui dévoilés, être ainsi annoncés, qu'il serait insensé pour nous, sous la nouvelle alliance, de croire que ces observances prophétiques peuvent nous être utiles. Ainsi encore pour ces Livres sacrés qui ont été écrits pour nous, et doivent nous inspirer l'attachement le plus fidèle et le plus inviolable pour les mystères qui nous ont été dévoilés et manifestés, en nous les faisant voir annoncés si longtemps d'avance sous le voile de ces figures, ce serait de notre part impiété et sacrilège de les rejeter, sous prétexte que le Seigneur ne nous fait plus un devoir de pratiquer à la lettre ce qui y est écrit, mais de le comprendre et de l'observer dans le sens spirituel. Car, « ces choses ont été écrites pour nous qui vivons à la fin des siècles », ainsi que s'exprime l'Apôtre[^1]. Tout ce qui a été écrit avant nous, l'a été pour notre instruction[^2]. Sous l'Ancien Testament, c'était un péché de ne pas manger des azymes pendant les sept jours désignés par la loi; sous le Nouveau, ce n'est plus une faute; mais avec l'espérance du siècle à venir que nous avons dans le Christ, lequel fera de nous des hommes tout nouveaux en revêtant nos âmes de la justice et nos corps de l'immortalité, croire qu'alors notre condition ou nos actes se ressentiront du penchant et de la misère de l'ancienne corruption, c'est toujours un péché, durant le cours de ces sept jours qui forment le temps présent. Cette vérité, dans l'Ancien Testament, cachée sous le voile de la figure, n'était comprise que d'un petit nombre de justes; maintenant elle a paru au grand jour et est annoncée aux peuples. Ce qui était alors un précepte, est maintenant un témoignage. Ce fut autrefois un péché de ne pas célébrer la scénopégie[^3]; il en est autrement aujourd'hui ; mais ne pas faire partie du tabernacle de Dieu qui est l'Eglise, c'est toujours un péché; ce qui se pratiquait alors comme précepte figuratif, nous sert maintenant de témoignage manifeste.
Car le tabernacle qui fut construit alors n'eût pas été appelé le tabernacle du témoignage, si par une signification en rapport avec une vérité qui devait être révélée en son temps, il n'eût rendu témoignage à cette même vérité.
C'était un péché de mêler dans les vêtements la pourpre au lin, ou le lin à la laine; il n'en est plus ainsi; mais c'en est un assurément de mener une vie désordonnée, et de vouloir faire un mélange de professions diverses, comme si une religieuse se parait à l'égal d'une épouse, ou comme si la femme qui, n'ayant pas le don de la continence, a embrassé le mariage, voulait paraître sous l'extérieur d'une vierge, ou en un mot, comme si quelqu'un prétendait unir dans sa conduite les choses les plus disparates. Ce qui alors était figuré dans les vêtements se produit maintenant dans les moeurs. C'était le temps de la figure; c'est aujourd'hui celui de la manifestation. L'Ecriture qui imposait autrefois les observances figuratives, est donc devenue le témoin des mystères qu'elles représentaient; et ce qui se pratiquait comme prophétie, nous le lisons maintenant comme confirmation. Il n'était pas permis alors d'unir le bœuf et l'âne pour le travail[^4] : on le peut aujourd'hui. L'Apôtre, rappelant le passage de l'Ecriture où il est dit qu'on ne doit point lier la bouche au bœuf qui foule le grain, fait cette réflexion : « Dieu se met-il en peine de ce qui regarde les boeufs ? » Or, à quoi bon lire dans l'Ecriture une défense qui n'existe plus ? L'Apôtre en donne immédiatement la raison: «C'est pour nous que cela a été écrit[^5]». Et quelle impiété si nous ne lisions pas ce qui a été écrit pour nous ? C'était bien plus pour nous qui en.avons reçu la manifestation, que pour ceux en qui cela n'était qu'une figure.
Assurément chacun, s'il le juge nécessaire, peut se servir en même temps du bœuf et de l'âne sans nuire à son travail; maison ne peut sans scandale envoyer ensemble un sage et un fou annoncer la parole de Dieu, si l'un n'est pour commander, et l'autre pour obéir, mais s'ils sont revêtus tous les deux de la même autorité. Nous recevons donc l'Ecriture, autrefois imposant des prescriptions sous lesquelles étaient voilés les mystères qui devaient être révélés de nos jours, et maintenant confirmant du poids de son autorité les mêmes mystères désormais mis au grand jour.
Dire que la loi avait déclaré impur l'homme chauve ou roux[^6], c'était un défaut d'attention de la part de Fauste, ou l'exemplaire qu'il avait entre les mains était infidèle. Que n'a-t-il désiré avoir lui-même un front chauve, sans rougir d'y tracer le signe de la croix du Christ ! Eût-il pu croire que celui qui s'écriait : « Je suis la vérité[^7] », avait succombé à de fausses blessures, et était ressuscité avec de fausses cicatrices ? Il a osé dire : « Pour moi j'ai appris à ne pas mentir : ce que je pense, je le dis ». Insensé, il n'est donc pas le disciple de son Christ, qu'il représente montrant de fausses cicatrices à ses disciples agités par le doute, lui qui veut qu'on ajoute foi à ses paroles, comme à autant d'oracles de vérité, non-seulement quand il débite ses autres inepties, mais même quand il affirme la fausseté du Christ ! Vaut-il mieux que le Christ, puisqu'il ne trompe pas comme lui? ou n'est-il pas par là même le disciple, non pas du vrai Christ, mais de l'imposteur Manès, quand il trompe là où il se vante d'avoir appris à ne pas tromper ?
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I Cor. X, 11.
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Rom. XV, 4.
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Lév. XXIII, 34.
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Deut. XXII, 10.
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I Cor. IX, 10.
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Lévit. XIII, 40.
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Jean, XIV, 6.