Edition
Hide
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
20.
Sed inquis propterea credidi, quae non mihi ostendit, quia duas naturas, boni scilicet et mali, mihi in hoc ipso mundo evidenter ostendit. At hoc ipsum est, infelix, unde decepta es, quia sicut in illa scriptura evangelica, ita in hoc mundo nihil mali putare potuisti, nisi quo tuus carnalis sensus offensus est, sicut serpentem, ignem, venenum et similia, nec aliquid boni, nisi quod eundem tuum carnalem sensum aliqua iucunditate permulsit, sicut saporum iucunditas et odorum suavitas et lucis huius aspectus et si quid aliud vel auribus vel oculis tuis vel naribus vel palato similiter forte blanditum est. p. 782,7 At si universam creaturam ita prius aspiceres, ut auctori deo tribueres, quasi legens magnum quendam librum naturae rerum, atque ita si quid ibi te offenderet, causam te tamquam hominem latere posse tutius crederes quam in operibus dei quicquam reprehendere auderes, numquam incidisses in sacrilegas nugas et blasphema figmenta, quibus non intellegens, unde sit malum, deum implere conaris omnibus malis.
Translation
Hide
Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XX. LE SENS CHARNEL, SOURCE DE L'ERREUR MANICHÉENNE.
Mais, dis-tu, j'ai cru ce qu'on ne me démontrait pas, parce qu'on m'a fait voir clairement en ce monde deux natures, celle du bien et celle du mal. Et voilà précisément, malheureux, la source de ton erreur: tu n'as pu imaginer dans ce monde, pas plus que dans les écrits évangéliques, d'autre mal que ce qui blesse ton sens charnel, le serpent, par exemple, le feu, le poison et autres choses de ce genre; ni d'autre bien que ce qui chatouille en quelque manière ce même sens charnel, comme l'agrément des saveurs, le parfum des odeurs, l'aspect de la lumière et tout ce qui peut flatter l'ouïe, la vue, l'odorat, le goût ou le toucher. Mais si, lisant pour ainsi dire dans le grand livre de la nature, tu embrassais d'abord l'ensemble de la création pour reconnaître que Dieu en est l'auteur; si, dans le cas où quelque chose t'y blesserait, tu préférais croire que tu n'en sais pas la raison parce que tu n'es qu'un homme, plutôt que de te hasarder insolemment à critiquer les oeuvres de Dieu : jamais tu ne te serais laissé aller aux sacrilèges niaiseries, aux inventions blasphématoires par lesquelles, dans ton ignorance de la source du mal, tu t'efforces de charger Dieu lui-même de toute espèce de maux.