Translation
Hide
Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE V. LA RENOMMÉE QUE FAUSTE INVOQUE, LE CONFOND A L'ÉGARD DU CHRIST.
Si vous avez cru au Christ sur la foi de la renommée (c'est ce que, dans son extrême embarras, Fauste insinue en passant, évidemment pour ne pas être forcé à produire des livres dont l'autorité est nulle, ou à en accepter dont l'autorité lui est contraire) ; si, dis-je, vous avez cru au Christ sur la foi de la renommée, voyez si c'est là un témoin convenable, et prenez bien garde à l'abîme où vous vous précipitez, car la renommée publie de vous bien du mal auquel vous ne voulez pas qu'on croie. Et pourquoi voulez-vous qu'elle soit véridique quand elle parle du Christ, et mensongère quand elle parle de vous? Et si j'ajoute que vous êtes en contradiction avec la renommée même, à propos du Christ? En effet, il y en a une plus claire, une plus dominante encore, qui remplit les oreilles, les esprits, les langues de tous les peuples, celle qui nous fait voir dans le Christ né, suivant les Ecritures hébraïques, de la race de David, l'accomplissement de ce qui y est écrit et de ce qui a été promis à Abraham, à Isaac, à Jacob : « En ta postérité seront bénies toutes les Nations[^1] ». Que répondrez-vous ? A qui croirez-vous touchant le Christ, vous qui rejetez les témoins étrangers? Or, l'autorité de nos livres, fortifiée par le consentement de tant de nations, par la succession des Apôtres, des évêques et des conciles, vous est contraire ; et celle des vôtres est nulle, parce qu'elle n'est produite que par un petit nombre d'hommes et par des hommes qui adorent un Dieu faux et un Christ menteur. Aussi s'élève-t-elle contre leur doctrine mensongère, moins qu'on ne les regarde eux-mêmes comme de faux imitateurs de leur Dieu et de leur Christ. Or, la renommée, si on la consulte fait de vous des hommes très-mauvais, et elle ne cesse de prêcher contre vous le Christ né de la race de David. Vous n'avez pas entendu la voix du Père, descendant du ciel[^2], vous n'avez pas vu les oeuvres que le Christ donnait comme des témoignages en sa faveur; pour tromper sous un masque de christianisme, vous avez l'air d'accepter les livres où ces choses sont écrites, mais pour échapper aux textes qui vous y condamnent, vous les dites falsifiés. Vous nous présentez le Christ disant : « Si vous ne me croyez pas, croyez à mes oeuvres[^3] »; et encore : « C'est moi qui rends témoignage de moi-même : mais il rend aussi témoignage de moi, mon Père qui m'a envoyé[^4] » :et vous ne voulez pas qu'on vous le cite quand il dit : « Scrutez les Ecritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle; car ce sont elles qui rendent témoignage de moi » ; et encore : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; car c'est de moi qu'il a écrit[^5]» ; et ailleurs, « Ils ont Moïse et les Prophètes, qu'ils les écoutent » ; et encore
« S'ils n'écoutent: point Moïse et les Prophètes, quand même quelqu'un des morts ressusciterait, ils ne croiraient pas[^6] ». Comment en êtes-vous venus là? Sur quoi vous appuyez-vous? Vous rejetez les Ecritures confirmées et recommandées par une si grande autorité, vous ne faites pas de miracles, et, quand vous en feriez, nous nous en défierions, d'après l'avertissement que nous adonné le Seigneur « Il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes, et ils feront des signes et beaucoup de prodiges, en sorte qu'ils tromperont même les élus, s'il est possible : voilà que je vous l'ai prédit[^7] ». Tant il tenait à ce qu'on ne crût rien contre le témoignage des Ecritures, contre une autorité qui se démontre par les faits, qui nous montre accompli et réalisé dans la suite des temps ce qu'elle nous avait annoncé si longtemps d'avance !
-
Gen. XXII, 18, XXVI, 4, XXVIII, 14.
-
Matt. III, 7; XVII, 5.
-
Jean, X , 38.
-
Id. VIII, 18.
-
Id. V, 39, 46.
-
Luc, XVI, 29, 31.
-
Matt. XXIV, 24, 25.
Translation
Hide
Reply to Faustus the Manichaean
5.
But perhaps you believe the common report about Christ. Faustus makes a feeble suggestion of this kind as a last resource, to escape being obliged either to produce his worthless authorities, or to come under the power of those opposed to him. Well, if report is your authority, you should consider the consequences of trusting to such evidence. There are many bad things reported of you which you do not wish people to believe. Is it reasonable to make the same evidence true about Christ and false about yourselves? In fact, you deny the common report about Christ. For the report most widely spread, and which every one has heard repeated, is that which distinctly asserts that Christ was born of the seed of David, according to the promise made in the Hebrew Scriptures to Abraham and Isaac and Jacob: "In thy seed shall all nations be blessed." You will not admit this Hebrew testimony, but you do not seem to have any other. The authority of our books, which is confirmed by the agreement of so many nations, supported by a succession of apostles, bishops, and councils, is against you. Your books have no authority, for it is an authority maintained by only a few, and these the worshippers of an untruthful God and Christ. If they are not following the example of the beings they worship, their testimony must be against their own false doctrine. And, once more, common report gives a very bad account of you, and invariably asserts, in opposition to you, that Christ was of the seed of David. You did not hear the voice of the Father from heaven. You did not see the works by which Christ bore witness to Himself. The books which tell of these things you profess to receive, that you may maintain a delusive appearance of Christianity; but when anything is quoted against you, you say that the books have been tampered with. You quote the passage where Christ says, "If ye believe not me, believe the works;" and again, "I am one that bear witness of myself, and the Father that sent me beareth witness of me;" but you will not let us quote in reply such passages as these: "Search the Scriptures; for in them ye think that ye have eternal life, and they are they that testify of me;" "If ye believed Moses, ye would believe me, for he wrote of me;" "They have Moses and the prophets, let them hear them;" "If they hear not Moses and the prophets, neither will they believe though one rose from the dead." What have you to say for yourselves? Where is your authority? If you reject these passages of Scripture, in spite of the weighty authority in their favor, what miracles can you show? However, if you did work miracles, we should be on our guard against receiving their evidence in your case; for the Lord has forewarned us: "Many false Christs and false prophets shall arise, and shall do many signs and wonders, that they may deceive, if it were possible, the very elect: behold, I have told you before." 1 This shows that the established authority of Scripture must outweigh every other; for it derives new confirmation from the progress of events which happen, as Scripture proves, in fulfillment of the predictions made so long before their occurrence.
-
Matt. xxiv. 24, 25. ↩