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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XXXIII. DILEMME A FAUSTE A L'OCCASION DES CICATRICES DU CHRIST.
Vois-tu donc que je n'ai pas besoin de dire : Si tu es chrétien, crois au Christ, quand il dit que c'est de lui que Moïse a écrit, et si tu n'y crois pas, tu n'es pas chrétien ? Du reste, juge-toi toi-même, toi qui demandes qu'on t'instruise sur le Christ comme on le ferait avec un païen ou un juif. Je n'ai pas reculé devant la tâche; je t'ai, autant que j'ai pu, fermé toutes les issues de l'erreur. J'ai même bouché le précipice où vous vous jetez en aveugles quand vous traitez de faussetés tous les passages de l'Evangile qui gênent votre hérésie : en sorte qu'il ne vous reste aucune voie de retour, aucun moyen de croire au Christ, où l'on ne puisse vous opposer votre objection meurtrière. Bien plus, tu veux qu'on t'éclaire comme le chrétien Thomas, « dont le Christ (ce sont tes paroles) n'a pas dédaigné de dissiper les doutes, mais à qui il a montré les cicatrices de son corps pour remédier aux plaies de son âme ». Tu demandes à être instruit de cette façon : c'est heureux. Combien j'avais peur encore que tu ne visses une falsification dans ce trait de l'Evangile ! Crois donc aux cicatrices du Christ : car si elles étaient vraies, les blessures aussi l'avaient été, et les blessures n'auraient pu être véritables, s'il n'avait eu une véritable chair pour les subir: ce qui sape votre erreur par la base. Or, si le Christ a montré à son disciple hésitant de fausses cicatrices, tu dis, par là même, que le Christ, en donnant cette preuve, était un imposteur; par conséquent tu demandes à être trompé par ton maître. Or, comme personne ne demande à être trompé, mais que beaucoup cherchent à tromper, je crois que tu vises plutôt à enseigner l'erreur en t'appuyant sur l'exemple du Christ, qu'à te voir trompé à l'exemple de Thomas. Si donc tu crois que le Christ a trompé son disciple hésitant en lui montrant de fausses cicatrices, qui voudra ajouter foi à ses enseignements, ou plutôt ne se mettra pas en garde contre eux? Mais si cet apôtre a touché des cicatrices réelles sur le corps du Christ, tu es forcé de convenir que la chair du Christ était véritable. Tu cesseras donc d'être manichéen, si tu crois comme Thomas; et tu resteras manichéen, si tu ne crois pas même comme lui[^1].
- Jean, XX, 27, 28.
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Reply to Faustus the Manichaean
33.
You see, my argument is not that if you are a Christian you must believe Christ when He says that Moses wrote of Him, and that if you do not believe this you are no Christian. The account you give of yourself in asking to be dealt with as a Jew or a Gentile is your own affair. My endeavor is to leave no avenue of error open to you. I have shut you out, too, from that precipice to which you rush as a last resort, when you say that these are spurious passages in the Gospel; so that, freed from the pernicious influence of this opinion, you may be reduced to the necessity of believing in Christ. You say you wish to be taught like the Christian Thomas, whom Christ did not spurn from Him because he doubted of Him, but, in order to heal the wounds of his mind, showed him the marks of the wounds in His own body. These are your own words. It is well that you desire to be taught as Thomas was. I feared you would make out this passage too to be spurious. Believe, then, the marks of Christ's wounds. For if the marks were real, the wounds must have been real. And the wounds could not have been real, unless His body had been capable of real wounds; which upsets at once the whole error of the Manichaeans. If you say that the marks were unreal which Christ showed to His doubting disciple, it follows that He must be a deceitful teacher, and that you wish to be deceived in being taught by Him. But as no one wishes to be deceived, while many wish to deceive, it is probable that you would rather imitate the teaching which you ascribe to Christ than the learning you ascribe to Thomas. If, then, you believe that Christ deceived a doubting inquirer by false marks of wounds, you must yourself be regarded, not as a safe teacher, but as a dangerous impostor. On the other hand, if Thomas touched the real marks of Christ's wounds, you must confess that Christ had a real body. So, if you believe as Thomas did, you are no more a Manichaean. If you do not believe even with Thomas, you must be left to your infidelity.