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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE II. SI LA LOI N'EST PAS ABOLIE, IL FAUT DONC OBSERVER TOUTES SES PRESCRIPTIONS?
Soit : admettons que tu n'es pas coupable de t'être trompé jusqu'ici. Mais que feras-tu désormais ? Te replaceras-tu sous l'empire de la loi, puisque le Christ l'a accomplie, plutôt qu'abolie ? Te feras-tu circoncire, c'est-à-dire imprimera-t-on une marque honteuse sur tes parties honteuses, et penseras-tu honorer Dieu par de telles cérémonies ? Observeras-tu le repos du sabbat, et mettras-tu tes mains aux chaînes de Saturne ? Pour satisfaire l'appétit vorace du démon des Juifs (car il ne s'agit pas de Dieu ici), égorgeras-tu des taureaux, des béliers, des boucs, pour ne pas dire des hommes, et ce qui nous a fait détester les idoles, le reproduiras-tu avec plus de cruauté sous la loi et les Prophètes? Parmi les chairs d'animaux, en estimeras-tu quelques-unes mondes, et d'autres immondes et souillées, comme la loi et les Prophètes le disent surtout de la chair de porc? Assurément, tu diras que nous ne devons rien faire de cela, si nous voulons rester ce que nous sommes; d'autant plus que tu entends le Christ dire que celui qui sera circoncis deviendra doublement fils de la géhenne[^1]. Tu ne vois pas d'ailleurs qu'il ait lui-même observé le sabbat, ni recommandé qu'on l'observât. D'autre part tu l'entends affirmer, à propos des aliments, que ce n'est point ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais plutôt ce qui en sort[^2]. Pour ce qui regarde les sacrifices, nous l'entendons répéter souvent que Dieu veut la miséricorde et non le sacrifice[^3]. Or, s'il en est ainsi, où est donc l'assertion : qu'il n'est pas venu abolir la loi et les Prophètes, mais les accomplir ? S'il l'a dit, ou il l'a dit dans un autre sens, ou il a menti en le disant (ce qu'à Dieu ne plaise), ou il ne l'a pas dit du tout. Mais personne, pourvu qu'il soit chrétien, n'osera dire que Jésus ait menti ; donc ou il a dit cela dans un autre sens, ou il ne l'a pas dit du tout.
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Matt. XXIII, 15.
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Id. XV, 11.
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Id. IX, 13, XII, 7.
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
2.
Sed esto, licuerit in praeteritum errasse. Quid nunc tandem? Placetne ire sub legem, si eam Christus non tam solvit sed adimplevit? Placet circumcidi, id est pudendis insignire pudenda et deum credere sacramentis talibus delectari? Placet suscipere sabbatorum otium et Saturniacis manus insertare catenis? Placet in ingluviem Iudaeorum daemonis –neque enim dei – nunc tauros, nunc arietes, nunc etiam hircos, ut non et homines dicam, cultris sternere, ac propter quod idola simus exosi, id nunc exercere crudelius sub prophetis ac lege? p. 491,10 Placet denique feralium ciborum quaedam existimare munda, quaedam in immundis et contaminatis habere, ex quibus inquinatiorem porcinam lex asserunt et prophetae? Negabis profecto horum quicquam faciendum nobis volentibus perseverare esse, quod sumus, quoniam quidem Christum dicentem audias dupliciter filium gehennae fieri eum, qui fuerit circumcisus, sabbatum vero nec ipsum servasse videas nec usquam mandasse servandum, de cibis item ipsum asseverantem audias nullo eorum inquinari hominem, quae in os ingrediuntur, sed ea potius, quae de ore procedunt, polluere, p. 491,19 de sacrificiis item frequentem ipsius esse sermonem deum misericordiam velle, non sacrificium. Haec igitur si ita sunt, ubi illud erit non eum venisse solvere legem et prophetas, sed adimplere? Quod si dixit, aut aliud significans dixit aut, quod absit, mentiens dixit aut omnino non dixit. Sed Iesum quidem mentitum esse nullus dicat dumtaxat christianus; ac per hoc aut aliter dictum est aut omnino nec dictum.