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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE III. CES PAROLES : « JE NE SUIS PAS VENU, ETC.», S'APPLIQUENT A LA LOI ET AUX PROPHÈTES DE LA VÉRITÉ.
Donc, puisqu'il y a trois espèces de lois et trois espèces de prophètes, et qu'on ne voit pas clairement desquels Jésus a voulu parler, il est cependant permis de le conjecturer d'après ce qui s'est passé ensuite. En effet, s'il avait tout d'abord nommé la circoncision, le sabbat, les sacrifices et les autres rites propres aux Hébreux, et qu'il eût parlé de quelque chose tendant à les accomplir, on ne pourrait pas douter qu'il eût vraiment en vue la loi et les Prophètes des Juifs, quand il disait qu'il était venu, non pour les abolir, mais pour les accomplir. Mais comme il n'en fait aucune mention, qu'il se contente de rappeler les plus anciens commandements : « Tu ne tueras point, tu ne commettras point d'adultère, tu ne te parjureras pas », et que ces commandements étaient de toute antiquité connus chez les nations, ainsi qu'il est facile de le prouver, puisqu'ils ont été promulgués par Enoch, Seth et les autres justes de cette espèce à qui les principaux des anges les avaient fait connaître pour adoucir les moeurs sauvages des hommes : cela étant, dis-je, qui ne voit que le Christ a parlé ici de la loi et des Prophètes de la vérité ? Ensuite il est également facile de prouver que l'accomplissement se trouve précisément dans ce que le Christ a ajouté. Que dit-il, en effet ? « Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point ; mais moi je vous dis de ne pas même vous fâcher » : voilà l'accomplissement. « Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point d'adultère ; mais moi je vous dis de ne pas même convoiter » : voilà l'accomplissement. « Il a été dit : Tu ne te parjureras pas; et moi je vous dis de ne pas même jurer » : voilà encore l'accomplissement. Par là, il confirme le passé et ajoute ce qui lui manquait. Mais s'il a quelquefois semblé parler de ce qui était propre aux Juifs, ce n'était pas pour le compléter, mais pour le détruire par des prescriptions contraires. Que dit-il en effet à la suite? « Vous avez entendu qu'il a été dit : Oeil pour oeil et dent pour dent; et moi je vous dis : Si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre ». Voilà déjà une abrogation. « Il a été dit : Tu aimeras ton ami et tu haïras ton ennemi ; mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ». C'est encore une abrogation. « Il a été dit : Que celui qui renvoie sa femme, lui donne un acte de répudiation ; et moi je vous dis que quiconque renvoie sa femme, hors le cas d'adultère, la rend adultère, et devient lui-même adultère, s'il en épouse ensuite une autre[^1] » . Evidemment, ce sont là des commandements de Moïse, et, pour cela, ils sont abolis ; les autres étaient ceux des anciens justes, et, à cause de cela, ils sont complétés. Si tu adoptes cette interprétation, tu comprendras l'à-propos avec lequel Jésus a dit qu'il est venu, non abolir la loi, mais l'accomplir. Que si cette explication ne te convient pas, cherches-en une autre. Seulement, ne te mets pas dans la nécessité de dire ou que Jésus a menti, ou que tu es obligé de te faire juif, pour cesser de détruire la loi qu'il n'a point abolie lui-même.
- Matt. V, 21-44.
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
3.
Lege ergo tripertita et tripertitis prophetis, de quonam eorum Iesus dixerit, non satis liquet, est tamen conicere ex consequentibus. Etenim si circumcisionem statim nominaret et sabbata ac sacrificia et observationes Hebraicas inque eas aliquid adimpletionis gratia protulisset, dubium non erat, quin de Iudaeorum lege dixisset et prophetis, quia eos non solvere venerit, sed adimplere. Ubi vero horum quidem nihil memorat, sola vero recenset antiquiora praecepta, id est: non occides, non moechaberis, non peierabis –haec autem erant antiquitus in nationibus, ut est in promptu probare, p. 498,21 olim promulgata per Enoch et Seth et ceteros eorum similes iustos, quibus eadem illustres tradiderint angeli temperandae in hominibus gratia feritatis – cui non videatur hoc eum de veritatis dixisse lege et eius prophetis? Denique etiam adimpletio probatur eius circa haec eadem, quam promisit. Quid enim dicit? Audistis dictum esse antiquis: ‘non occides’; ego autem dico vobis, ne irascamini quidem; adimpletio est. Audistis dictum esse: ‘non moechaberis’; ego autem dico vobis, ne concupiscatis quidem: adimpletio est. Dictum est:‛ non peierabis’; ego autem dico vobis, ne iuretis quidem: aeque adimpletio est. p. 499,5 In his enim et priora roborat et quod defuit, adicit. Ubi vero Iudaeorum quaedam visus est nominasse, illa quidem nec adimplevit, sed etiam penitus eradicavit praeceptione contrariorum. Quid enim sequitur? Audistis dictum esse: ‛oculum pro oculo, dentem pro dente’; ego autem dico vobis: qui te percusserit in maxilla, praebe illi et alteram: hoc iam destructio est. Dictum est inquit ‘amabis amicum tuum et oderis inimicum tuum’; ego autem dico vobis: amate inimicos vestros et pro persecutoribus vestris orate: aeque destructio est. Dictum est:‛ qui voluerit uxorem dimittere, det ei repudium’; ego autem dico: quicumque uxorem suam dimiserit excepta causa fornicationis, et ipsam moechari faciet, et is erit moechus, si postea alteram duxerit. Haec igitur sunt de manifesto Moyseos praecepta idcircoque destructa, illa veterum iustorum et ob hoc adimpleta. p. 499,21 Quod si et tibi ita intellegere placet, non ab re erit et illud dixisse Iesum, quia non venit solvere legem, sed adimplere. Sin haec tibi nostra displicet expositio, aliam quaere! Tantum ne Iesum mentitum dicere cogaris, aut te necesse sit Iudaeum fieri, ne etiam nunc legem solvere perseveres, quam ipse non solvit.