• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

Translation Hide
Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE XXIII. DANS L'USAGE DES CHOSES ORDINAIRES DE LA VIE, LES MANICHÉENS DIFFÉRENT BEAUCOUP DES CATHOLIQUES ET SONT AU-DESSOUS MÉME DES PAÏENS.

Fauste, ne sachant ce qu'il dit, prétend encore que nous n'avons rien changé aux moeurs des Gentils. Mais comme le juste vit de foi[^3]; que la fin du précepte est la charité qui vient d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi non feinte[^4] ; que, pour former la conscience des fidèles, ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et la charité[^5] : comment celui qui n'a pas ces trois choses pourrait-il avoir les mêmes moeurs que celui qui les possède ? Car nécessairement celui qui croit, espère, aime autre chose, doit vivre différemment. Si nous paraissons avoir en commun avec les Gentils l'usage de certaines choses, comme la nourriture et la boisson, les maisons, les vêtements, les bains; et, pour ceux d'entre nous qui sont mariés, des femmes à épouser et à conserver, des enfants à mettre au monde, à nourrir, à laisser pour héritiers : bien différente cependant est la manière d'user de ces choses chez celui qui en rapporte l'usage à une autre fin, et chez celui qui en rend grâces à Dieu sans avoir de lui aucune idée mauvaise ou erronée. Car bien que, au sein de votre erreur, vous mangiez le même pain que les autres hommes, que vous viviez de fruits et de l'eau des fontaines, que vous soyez vêtus de laine et de lin tissés de la même manière, vous ne menez cependant point la même conduite, non précisément en mangeant, en buvant ou en vous habillant autrement que les autres, mais parce que vous avez d'autres sentiments, d'autres croyances, et que vous rapportez toutes ces choses à une autre fin, à savoir à vos erreurs et à votre vanité. De même, quoique nous usions de ces choses et d'autres encore de la même manière que les païens, nous ne vivons cependant pas comme les païens, parce que nous ne les rapportons pas à la même fin, mais à la fin du précepte légitime et divin, à savoir la charité qui vient d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi non feinte. Quelques-uns, pour s'en être écartés, se sont égarés en de vains discours. Parmi ceux-là vous tenez évidemment le premier rang, vous qui ne voyez pas, qui ne réfléchissez pas que la différence de foi entraîne aussi une différence de conduite dans la possession et l'usage des mêmes choses, tellement que, quand vos auditeurs ont des femmes, ont des enfants quoique malgré eux, leur amassent ou leur conservent un patrimoine, mangent de la viande, boivent du vin, vont aux bains, moissonnent, vendangent, font un négoce, exercent les fonctions publiques, vous les regardez comme vos disciples et non comme des païens, quoique leur conduite semble plus se rapprocher de celle des païens que de la vôtre. En effet, le genre de vie de certains païens ressemble plus au vôtre qu'à celui de quelques-uns de vos auditeurs, puisque, dans leurs cérémonies sacrilèges, ils s'abstiennent du vin, de la chair et des femmes; néanmoins, bien qu'ils fassent ce que vous faites, vous admettez, plutôt qu'eux, dans vos rangs des auditeurs qui usent de toutes ces choses et en cela s'éloignent de vous ; et vous regardez plutôt comme membre de votre secte une femme qui met au monde des enfants, pourvu qu'elle croie à Manès, qu'une Sibylle qui ne se marie même pas. Mais, dites-vous, il y a beaucoup de chrétiens appelés catholiques qui sont adultères, ravisseurs, avares, ivrognes, ou entachés de tout autre vice condamné par la saine doctrine. Eh ! dans votre petit, dans votre très-petit nombre, la plupart ne sont-ils pas tels, et n'y en a-t-il pas quelques-uns parmi les païens qui ne le sont pas? Dites-vous pour cela que ces païens valent mieux que vous ? Et cependant, à raison de ces vaines et sacrilèges erreurs de votre secte, ceux d'entre vous qui n'ont point de ces vices sont au-dessous des païens qui les ont. Il est donc clair que la saine doctrine, qui est la seule catholique, reste tout entière, bien qu'un grand nombre prétendent lui appartenir et ne veulent point être guéris par elle. Car il faut bien admettre ce petit nombre d'élus, que le Seigneur indique en particulier au milieu de cette vaste, de cette immense multitude répandue dans le monde entier[^1] : cependant ce petit nombre de saints et de fidèles (il faut souvent le répéter), cette quantité de grains si petite par comparaison à l'énorme quantité de paille, forme par elle-même une telle abondance de froment qu'elle l'emporte sans comparaison sur tous vos justes et vos réprouvés, les uns et les autres également réprouvés de la vérité. Nous ne sommes donc pas un schisme des Gentils, dont nous différons beaucoup en mieux; vous n'en êtes pas un non plus, parce que vous en différez beaucoup en pire.

  1. Rom. I, 17.

  2. I Tim. I, 5.

  3. I Cor. XIII, 13.

  4. Matt. XX, 16.

Translation Hide
Reply to Faustus the Manichaean

23.

Faustus says also, without knowing what he says, that we have retained the manners of the Gentiles. But seeing that the just lives by faith, and that the end of the commandment is love out of a pure heart, and a good conscience, and faith unfeigned, and that these three, faith, hope, and love, abide to form the life of believers, it is impossible that there should be similarity in the manners of those who differ in these three things. Those who believe differently, and hope differently, and love differently, must also live differently. And if we resemble the Gentiles in our use of such things as food and drink, and houses and clothes and baths, and those of us who marry, in taking and keeping wives, and in begetting and bringing up children as our heirs, there is still a great difference between the man who uses these things for some end of his own, and the man who, in using them, gives thanks to God, having no unworthy or erroneous ideas about God. For as you, according to your own heresy, though you eat the same bread as other men, and live upon the produce of the same plants and the water of the same fountain, and are clothed like others in wool and linen, yet lead a different life, not because you eat or drink, or dress differently, but because you differ from others in your ideas and in your faith, and in all these things have in view an end of your own--the end, namely, set forth in your false doctrines; in the same way we, though we resemble the Gentiles in the use of this and other things, do not resemble them in our life; for while the things are the same, the end is different: for the end we have in view is, according to the just commandment of God, love out of a pure heart, and a good conscience, and faith unfeigned; from which some having erred, are turned to vain jangling. In this vain jangling you bear the palm, for you do not attend to the fact that so great is the difference of life produced by a different faith, even when the things in possession and use are the same, that though your followers have wives, and in spite of themselves get children, for whom they gather and store up wealth; though they eat flesh, drink wine, bathe, reap harvests, gather vintages, engage in trade, and occupy high official positions, you nevertheless reckon them as belonging to you, and not to the Gentiles, though in their actions they approach nearer to the Gentiles than to you. And though some of the Gentiles in some things resemble you more than your own followers,--those, for instance, who in superstitious devotion abstain from flesh, and wine, and marriage,--you still count your own followers, even though they use all these things, and so are unlike you, as belonging to the flock of Manichaeus rather than those who resemble you in their practices. You consider as belonging to you a woman that believes in Manichaeus, though she is a mother, rather than a Sibyl, though she never marries. But you will say that many who are called Catholic Christians are adulterers, robbers, misers, drunkards, and whatever else is contrary to sound doctrine. I ask if none such are to be found in your company, which is almost too small to be called a company. And because there are some among the Pagans who are not of this character, do you consider them as better than yourselves? And yet, in fact, your heresy is so blasphemous, that even your followers who are not of such a character are worse than the Pagans who are. It is therefore no impeachment to sound doctrine, which alone is Catholic, that many wish to take its name, who will not yield to its beneficial influence. We must bear in mind the true meaning of the contrast which the Lord makes between the little company and the mass of mankind, as spread over all the world; for the company of saints and believers is small, as the amount of grain is small when compared with the heap of chaff; and yet the good grain is quite sufficient far to outnumber you, good and bad together, for good and bad are both strangers to the truth. In a word, we are not a schism of the Gentiles, for we differ from them greatly for the better; nor are you, for you differ from them greatly for the worse. 1


  1. [Augustin's exposure of the paganism of Manichaeism is an admirable and effective piece of argumentum ad hominem. That the Christianity of Augustin's time was becoming paganized is undoubted, but Manichaeism was pure paganism.--A.H.N.] ↩

  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Editions of this Work
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres Compare
Translations of this Work
Contre Fauste, le manichéen
Gegen Faustus Compare
Reply to Faustus the Manichaean

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy