• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

Translation Hide
Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE LII. CE QUE REPRÉSENTENT MYSTIQUEMENT LIA ET RACHEL.

Bien que, dans mon opinion, les deux femmes libres de Jacob figurent le Nouveau Testament par lequel nous avons été appelés à la liberté, ce n'est cependant pas sans raison qu'elles sont deux. A moins peut-être qu'on ne veuille y voir (ce qui peut se remarquer et se trouver dans les Ecritures) les deux vies du corps du Christ: l'une temporelle, que nous passons dans le travail, l'autre éternelle, où nous jouirons de la vue de Dieu. Le Seigneur a marqué l'une par sa passion, et l'autre par sa résurrection. Les noms mêmes de ces femmes nous aident à comprendre. On dit, en effet, que l'un signifie: « Qui travaille », et Rachel: « Principe vu », ou Verbe par qui on voit le principe. Ainsi, le mouvement de cette existence humaine et mortelle, dans laquelle nous vivons de foi, appliqués à beaucoup d'oeuvres pénibles, incertains du profit qu'en tireront ceux à qui nous nous intéressons, c'est Lia, la première femme de Jacob; aussi raconte-t-on qu'elle avait les yeux malades. Car les pensées des hommes sont timides et nos prévoyances incertaines[^1]. Mais l'espoir de l'éternelle contemplation de Dieu renfermant l'intelligence et la jouissance assurée de la vérité, c'est Rachel; aussi dit-on qu'elle avait une figure agréable et une grande beauté. Cette espérance est chère à tout homme sincèrement pieux qui sert, à cause d'elle, la grâce de Dieu par laquelle nos péchés, fussent-ils rouges comme l'écarlate, deviennent blancs comme la neige[^2] ; en effet, Laban veut dire blancheur, et c'est Laban que Jacob servit pour avoir Rachel[^3]. Car personne ne se convertit par la grâce de la rémission des péchés afin de servir la justice, si ce n'est pour vivre en paix dans le Verbe par lequel on voit le principe, qui est Dieu ; par conséquent, c'est pour Rachel, et non pour Lia. Car, qui aime, dans les oeuvres de justice, le travail attaché aux actions et aux souffrances ? qui désire cette vie pour elle-même ? Pas plus que Jacob ne désirait Lia. On la lui donna cependant par fraude, il en usa comme de son épouse et connut par expérience sa fécondité. Comme il ne pouvait l'aimer pour elle-même, le Seigneur la lui rendit d'abord supportable par l'espoir de parvenir à Rachel; ensuite, il la lui rendit chère à cause de ses enfants. Mais quel but se proposait dans sa conversion tout vrai serviteur de Dieu, établi sous la grâce qui a blanchi ses péchés, que portait-il dans son coeur, qu'aimait-il avec passion, sinon la doctrine de la sagesse ? La plupart espèrent l'obtenir et la recevoir dès qu'ils ont mis en pratique les sept commandements qui concernent le prochain et défendent de lui nuire, c'est-à-dire: « Honore ton père et ta mère; tu ne commettras pas d'adultère; tu ne tueras pas; tu ne voleras pas; tu ne diras point de faux témoignage; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain ; tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain[^4] ». Après les avoir observés de son mieux, l'homme, au lieu de la très-belle jouissance de la doctrine qu'il désirait et qu'il espérait, doit traverser des tentations diverses, qui sont comme la nuit de ce siècle, et subir un travail continu; c'est Lia inopinément substituée à Rachel. Pourtant s'il est constant dans son amour, il supporte celle-là pour parvenir à celle-ci, et il accepte sept autres commandements (comme si on lui disait: « Sers pendant sept autres années pour avoir Rachel »), de manière à être pauvre d'esprit, doux, à verser des larmes, à avoir faine et soif de la justice, à avoir le coeur pur, à être pacifique[^5]. L'homme voudrait, en effet, si cela était possible, arriver immédiatement aux délices de la belle et parfaite sagesse, sans le travail de l'action, sans l'épreuve de la souffrance : mais cela n'est pas possible sur la terre des mourants. C'est là, semble-t-il, le sens de ces paroles adressées à Jacob : « Ce n'est pas l'usage dans notre pays de donner en mariage la plus jeune avant l'aînée[^6]». On appelle ici, et avec raison, l'aînée celle qui est la première dans l'ordre du temps. Or, dans les règles de la saine instruction donnée à l'homme, la peine de faire ce qui est juste passe avant le plaisir de comprendre ce qui est vrai.

  1. Sag. IX, 14.

  2. Is. I, 18.

  3. Gen. XXIX, 17, 30.

  4. Ex. XX, 12-17.

  5. Matt. V, 3-9.

  6. Gen. XXVII, 27, 26.

Edition Hide
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

52.

Quamquam enim duas liberas uxores Iacob ad novum testamentum, quo in libertatem vocati sumus, existimem pertinere, non tamen frustra duae sunt, nisi forte quia – id quod in scripturis adverti et inveniri potest – duae vitae nobis in Christi corpore praedicantur, una temporalis, in qua laboramus, alia aeterna, in qua delectationem dei contemplabimur. Istam dominus passione, illam resurrectione declaravit. p. 645,18 Admonent nos ad hoc intellegendum illarum etiam nomina feminarum. Dicunt enim, quod Lia interpretatur laborans, Rachel autem visum principium sive verbum, ex quo videtur principium. Actio ergo humanae mortalisque vitae, in qua vivimus ex fide multa laboriosa facientes, incerti quo exitu proveniant ad utilitatem eorum, quibus consulere volumus, ipsa est Lia, prior uxor Iacob. Ac per hoc et infirmis oculis fuisse commemoratur; cogitationes enim mortalium timidae, et incertae providentiae nostrae. Spes vero aeternae contemplationis dei habens certam et delectabilem intellegentiam veritatis, ipsa est Rachel. Unde etiam dicitur bona facie et pulchra specie. Hanc enim amat omnis pie studiosus et propter hanc servit gratiae dei, qua peccata nostra, etsi fuerint sicut phoenicium, tamquam nix dealbantur. p. 646,4 Laban quippe interpretatur dealbatio; cui servivit Iacob propter Rachel. Neque enim se quisquam convertit sub gratia remissionis peccatorum servire iustitiae, nisi ut quiete vivat in verbo, ex quo videtur principium, quod est deus, ergo propter Rachel, non propter Liam. Nam quis tandem amaverit in operibus iustitiae laborem actionum atque passionum? Quis eam vitam propter se ipsam expetiverit? Sicut nec Iacob Liam! Sed tamen sibi nocte suppositam in usum generandi amplexus et fecunditatem eius expertus est. Dominus enim eam, quia per se ipsam diligi non poterat, primo ut ad Rachel perveniretur, tolerari fecit, deinde propter filios commendavit. Ita vero unusquisque utilis dei servus sub dealbationis peccatorum suorum gratia constitutus quid aliud in sua conversatione _ (conversione C!)_meditatus est, quid aliud corde gestavit, quid aliud adamavit nisi doctrinam sapientiae? p. 646,19 Quam plerique se adepturos et percepturos putant statim, ut se in septem praeceptis legis exercuerint, quae sunt de dilectione proximi, ne cuiquam homini noceatur, id est: Honora patrem et matrem, non moechaberis, non occides, non furaberis, non falsum testimonium dices, non concupisces uxorem proximi, non concupisces rem proximi. Quibus quantum potuerit observatis posteaquam homini pro concupita et sperata pulcherrima delectatione doctrinae per temptationes varias quasi per huius saeculi noctem tolerantia laboris adhaeserit – velut pro Rachel Lia inopinata coniuncta sit – et hanc sustinet, ut ad illam perveniat, si perseveranter amat, p. 547,5 acceptis aliis septem praeceptis – ac si dicatur ei: Servi alios septem annos pro Rachel – , ut sit pauper spiritu, mitis, lugens, esuriens sitiensque iustitiam, misericors, mundi cordis, pacificus. Vellet enim homo, si fieri posset, sine ulla tolerantia laboris, quae in agendo patiendoque amplectenda est, statim ad pulchrae atque perfectae sapientiae delicias pervenire, sed hoc non potest in terra morientium. Hoc enim videtur significare, quod dictum est ad Iacob: Non est moris in loco nostro, ut minor nubat prius quam maior, quia non absurde maior appellatur, quae tempore prior est. Prior est autem in recta hominis eruditione labor operandi, quae iusta sunt, quam voluptas intellegendi, quae vera sunt.

  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Editions of this Work
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
Translations of this Work
Contre Fauste, le manichéen
Gegen Faustus Compare
Reply to Faustus the Manichaean Compare

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy