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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE LXVI. ÉLOGE DE DAVID.
Ainsi, nous lisons dans l'Ecriture les péchés du roi David, mais nous y lisons aussi ses bonnes actions. Or, ce qui l'emporta chez lui, et ce qui lui donna la victoire, c'est chose assez évidente, non pour l'aveugle malveillance avec laquelle Fauste se ruait contre les livres sacrés et contre les saints, mais pour la prudence religieuse qui sait voir et distinguer l'autorité divine et les mérites de l'homme. Que les Manichéens lisent, et ils verront que Dieu a trouvé plus à reprendre en David que Fauste lui-même[^7] ; mais ils verront aussi, dans les mêmes pages, un admirable exemple de pénitence, une incomparable douceur envers le plus acharné et le plus cruel des ennemis, qui tombé tant de fois entre ces mains vaillantes, sort autant de fois sain et sauf de ces mains pieuses[^8]. On y verra une humilité touchante s'inclinant sous les fléaux de Dieu, une tête couronnée soumise au joug du Seigneur, à tel point que, entouré d'hommes armés et armé lui-même, il supporte avec une patience héroïque les injures amères vomies par un ennemi; qu'il réprime avec douceur le zèle de son compagnon irrité d'entendre ainsi traiter le roi et prêt à s'élancer pour frapper l'insulteur : le saint roi appuyant sa défense du motif de la crainte de Dieu et disant qu'il souffrait ce qu'il avait mérité, que le Seigneur lui-même avait envoyé cet homme, pour le couvrir ainsi d'opprobre[^1]. On y verra le tendre amour d'un berger pour le troupeau qui lui était confié, jusque-là qu'il voulait mourir pour lui, quand après le dénombrement de son peuple, Dieu, pour punir en lui un mouvement de vanité, avait résolu de diminuer cette multitude de sujets qui flattait son orgueil : secret jugement de celui en qui il n'y a pas d'injustice[^2], et qui, d'une part, enlevait ainsi de ce monde des hommes indignes de vivre, et de l'autre, guérissait l'enflure du coeur chez un roi fier de la multitude de ses sujets, précisément, en lui en diminuant le nombre. On y verra une religieuse crainte de Dieu, qui respectait le sacrement du Christ dans l'onction sainte, au point d'avoir le coeur saisi d'une pieuse épouvante, lorsqu'il eut coupé, sans être aperçu, un petit morceau du vêtement de Saül, pour pouvoir lui démontrer qu'il n'avait pas voulu le tuer quoiqu'il le pût. On y verra une sage clémence envers ses fils, et tellement grande qu'il ne pleura pas même la mort de l'enfant dont il avait demandé la guérison au Seigneur, prosterné à terre, versant un torrent de larmes et dans les sentiments de la plus profonde humilité ; qu'il voulait laisser en vie, et qu'il pleura après sa mort, un jeune fils entraîné par une fureur parricide, qui avait profané, par des actions honteuses, la couche paternelle et excité contre lui une guerre criminelle : prévoyant des supplices éternels pour cette âme souillée de tant de crimes, et désirant le voir vivre et se corriger par l'humiliation et la pénitence[^3]. On trouvera, dis-je, dans ce saint homme, ces choses et beaucoup d'autres dignes d'être louées et imitées, si on étudie avec une intention droite les passages de l'Ecriture qui parlent de lui, surtout si on accepte avec soumission d'esprit, avec piété et fidélité le jugement de Dieu, qui connaissait le fond de ce coeur, ne pouvait se tromper, et l'agréa tellement qu'il le proposait pour modèle à ses enfants.
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II Rois, XII, XXIV.
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I Rois, XXIV, XXVI.
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II Rois, XVI.
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Rom. IX, 14.
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II Rois, XVIII.
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Reply to Faustus the Manichaean
66.
In the case of David also, we read of both good and bad actions. But where David's strength lay, and what was the secret of his success, is sufficiently plain, not to the blind malevolence with which Faustus assails holy writings and holy men, but to pious discernment, which bows to the divine authority, and at the same time judges correctly of human conduct. The Manichaeans will find, if they read the Scriptures, that God rebukes David more than Faustus does. 1 But they will read also of the sacrifice of his penitence, of his surpassing gentleness to his merciless and bloodthirsty enemy, whom David, pious as he was brave, dismissed unhurt when now and again he fell into his hands. 2 They will read of his memorable humility under divine chastisement, when the kingly neck was so bowed under the Master's yoke, that he bore with perfect patience bitter taunts from his enemy, though he was armed, and had armed men with him. And when his companion was enraged at such things being said to the king, and was on the point of requiting the insult on the head of the scoffer, he mildly restrained him, appealing to the fear of God in support of his own royal order, and saying that this bad happened to him as a punishment from God, who had sent the man to curse him. 3 They will read how, with the love of a shepherd for the flock entrusted to him, he was willing to die for them, when, after he had numbered the people, God saw good to punish his sinful pride by lessening the number he boasted of. In this destruction, God, with whom there is no iniquity, in His secret judgment, both took away the lives of those whom He knew to be unworthy of life, and by this diminution cured the vainglory which had prided itself on the number of the people. They will read of that scrupulous fear of God in his regard for the emblem of Christ in the sacred anointing, which made David's heart smite him with regret for having secretly cut off a small piece of Saul's garment, that he might prove to him that he had no wish to kill him, when he might have done it. They will read of his judicious behavior as regards his children, and also of his tenderness toward them--how, when one was sick, he entreated the Lord for him with many tears and with much self-abasement, but when he died, an innocent child, he did not mourn for him; and again, how, when his youthful son was carried away with unnatural hostility to an infamous violation of his father's bed, and in a parricidal war, he wished him to live, and wept for him when he was killed; for he thought of the eternal doom of a soul guilty of such crimes, and desired that he should live to escape this doom by being brought to submission and repentance. These, and many other praiseworthy and exemplary things, may be seen in this holy man by a candid examination of the Scripture narrative, especially if in humble piety and unfeigned faith we regard the judgment of God, who knew the secrets of David's heart, and who, in His infallible inspection, so approves of David as to commend him as a pattern to his sons.