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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE LXXII. DIEU A EU SES RAISONS DE L'ACCORDER.
Mais, dira-t-on, il n'est pas possible d'admettre que le Dieu vrai et bon ait donné de tels ordres. Personne, au contraire, n'a droit de les donner que le Dieu vrai et bon, qui sait seul ce qu'il faut commander à chacun, et seul ne permet pas que personne souffre sans raison. Du reste, que cette prétendue bonté du coeur humain, aussi ignorante que fausse, se pose aussi comme adversaire du Christ; qu'elle l'empêche d'exécuter les ordres du Dieu bon pour la punition des impies, alors qu'il dira « Arrachez d'abord l'ivraie et liez-la en faisceaux pour les brûler ». Néanmoins, comme ses serviteurs voulaient faire cela avant le temps, il s'y opposa en disant : « Non, de peur « qu'en voulant arracher l'ivraie, vous n'arrachiez aussi le froment avec elle[^2] ». Ainsi le Dieu vrai et bon sait seul ce qu'il doit commander et permettre, et quand, et à qui et par qui. Le même, non par bonté, mais par vanité humaine, pourrait encore trouver mauvais que le Seigneur ait accédé à la demande malveillante des démons en leur permettant d'entrer dans des pourceaux[^3] : d'autant plus que les Manichéens croient que des âmes humaines habitent, non-seulement dans les pourceaux, mais même dans les animaux les plus petits et les plus vils. Mais, tout en répudiant cette opinion vaine et abjecte, il faut cependant convenir que Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, et par là même le Dieu vrai et bon, a permis aux démons de causer la mort d'un troupeau étranger, une destruction d'animaux quelconques et un grave dommage à des hommes. Or, qui serait assez insensé pour dire qu'il n'aurait pas pu chasser ces méchants esprits des corps humains,sans leur permettre d'exécuter leur malveillante pensée de détruire des pourceaux? Or, si le créateur et l'ordonnateur de tous les êtres a pu, par une raison mystérieuse, mais toujours juste,lâcher la bride au désir cruel et injuste d'esprits condamnés et déjà livrés au feu éternel, en lui laissant suivre sa pente qu'y a-t-il d'absurde à ce que les Egyptiens aient été dépouillés par les Hébreux, des tyrans iniques par des hommes libres à qui ils devaient même un salaire pour de si durs et de si injustes travaux, dépouillés, dis-je, d'objets terrestres dont ils abusaient par des rites sacrilèges, injurieux au Créateur? Cependant si Moïse l'eût ordonné de lui-même, ou si les Hébreux l'eussent fait sans permission, ils auraient certainement péché; peut-être même les Hébreux se sont-ils rendus coupables, non en faisant ce que Dieu leur avait ordonné ou permis, mais en convoitant de tels objets. Que si Dieu leur a accordé cette permission, il l'a fait par un jugement juste et bon, lui qui sait, par les châtiments, contenir les méchants ou instruire les fidèles; donner des préceptes plus rigoureux aux forts, et ménager pour les faibles des remèdes proportionnés à leur état. Quant à Moïse, on ne peut l'accuser ni d'avoir convoité ces objets, ni d'avoir résisté par orgueil à aucun des ordres de Dieu.
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Matt. XIII, 30, 29.
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Id. VIII, 31, 32.
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
72.
Sed deus, inquit, verus et bonus nullo modo talia iussisse credendus est. Immo vero talia recte non iubet, nisi deus verus et bonus, qui et solus novit, quid cuique iubendum sit, et solus neminem quicquam incongruum perpeti sinit. Ceterum ista imperita et falsa bonitas cordis humani contradicat et Christo, ne deo bono iubente impii mali aliquid patiantur, cum dicturus est angelis: p. 669,17 Colligite primum zizania et alligate fasciculos ad comburendum, qui tamen hoc ipsum inoportune facere volentes servos prohibuit dicens: Ne forte cum vultis colligere zizania, eradicetis simul et triticum. Ita solus deus verus et bonus novit, quid, quando, quibus, per quos fieri aliquid vel iubeat vel permittat. Poterat etiam ista humana non bonitas, sed plane vanitas eidem domino contradicere, cum desiderio noxio daemonum in porcos ire volentium petentiumque permisit, praesertim quia Manichaei non solum porcos, verum etiam minutata et abiecta animalia hominum animas habere crediderunt. Qua vanitate improbata et abiecta illud tamen constat dominum nostrum Iesum Christum, dei unicum filium ac per hoc deum verum et bonum, mortem _ (morte?)_pecorum alienorum perniciem qualiumcumque animantium et grave damnum hominum desiderio daemonum concessisse. p. 670,3 Quis autem dementissimus dixerit, quod eos ab hominibus non potuisset excludere, etiamsi eorum noxiae voluntati nec porcorum exitium praestare voluisset? Porro si spirituum damnatorum et igni aeterno iam destinatorum quamvis saeva et iniqua cupiditas a creatore atque ordinatore omnium naturarum occulto quidem, sed ubique iusto moderamine in id, quo se inclinaverat, relaxata est, quid absurdum est, si Aegyptii ab Hebraeis, homines inique dominantes ab hominibus liberis, quorum etiam mercedis pro eorum tam duris et iniustis laboribus fuerant debitores, rebus terrenis, quibus etiam ritu sacrilego in iniuriam creatoris utebantur, privari meruerunt? p. 670,14 Quod tamen si Moyses sua sponte iussisset, aut hoc Hebraei sua sponte fecissent, profecto peccassent, quamquam illi non quidem hoc faciendo, quod vel iusserat vel permiserat deus, sed tamen talia fortasse cupiendo peccaverunt. Quod autem hoc facere divina dispensatione permissi sunt, illius iudicio iusto bonoque permissi sunt, qui novit et poenis vel coercere improbos vel erudire subiectos et praecepta validiora dare sanioribus et quosdam medicinales gradus infirmioribus ordinare. Moyses vero nec cupiditatis arguendus est in illis rebus desideratis nec contumaciae in divinis imperiis quibuscumque contemptis.