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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE IX. JOACHIM, PÈRE DE MARIE, SELON UN LIVRE APOCRYPHE.
Nous croyons donc que Marie tenait aussi à la race de David, parce que nous croyons aux Ecritures qui affirment ces deux choses : que le Christ est de la race de David selon la chair[^1], et que Marie est devenue sa mère, non par union charnelle avec aucun homme, mais en restant Vierge[^2]. Ainsi, quiconque nie que Marie ait été de la famille de David, résiste évidemment à l'autorité si respectable des Ecritures; il faut qu'il nous démontre le contraire, il faut qu'il le prouve, non par des écrits quelconques, mais par des Ecritures ecclésiastiques, canoniques, catholiques. Les autres sont pour nous, sous ce rapport, sans poids et sans autorité. Ce sont celles-là que reçoit et maintient l'Eglise, l'Eglise qu'elles ont prophétisée et qui existe telle qu'elle a été promise. Par conséquent, l'assertion de Fauste, que Marie aurait eu pour père un prêtre nommé Joachim, de la tribu de Lévi, ne reposant sur aucun témoignage canonique, je ne m'en embarrasse pas le moins du monde. Mais quand je l'admettrais, je pourrais m'en tirer encore en disant que ce Joachim devait tenir en quelque façon à la race de David et était passé par quelque adoption de la tribu de Juda à celle de Lévi, soit lui, soit un de ses aïeux; ou qu'il était né dans la tribu de Lévi, de manière à avoir des liens de consanguinité avec la race de David. C'est ainsi que Fauste lui-même avoue qu'il aurait pu se faire que Marie fût de la tribu de Lévi, bien qu'il soit constant qu'elle a été donnée à un homme de la race de David, c'est-à-dire de la tribu de Juda; il ajoute même qu'on aurait pu admettre le Christ comme un fils de David, si Marie avait été fille de Joseph. Par conséquent, si, étant fille de Joseph, elle s'était mariée dans la tribu de Lévi, on serait autorisé à appeler fils de David tout enfant qui naîtrait d'elle, même dans la tribu de Lévi ; de même si la mère de ce Joachim, que Fauste donne pour père à Marie, étant de la tribu de Juda et de la race de David, s'était mariée dans la tribu de Lévi, on pourrait en toute vérité dire que Joachim, Marie et son fils seraient de la race de David. Voilà ce que j'admettrais, ou quelque autre chose de ce genre, si j'attachais de la valeur à un livre apocryphe où on lit que Joachim fut père de Marie, plutôt que d'accuser de mensonge l'Evangile où il est écrit, tout à la fois que Jésus-Christ, Fils de Dieu, notre Sauveur, était, selon la chair, de la race de David, et qu'il est né de la Vierge Marie. Il nous suffit donc que les Ecritures qui affirment cela, et auxquelles nous croyons, ne puissent être convaincues de fausseté par ceux qui les combattent.
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Rom. I, 3 ; II Tim. II, 8.
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Matt. I, 18; Luc, I, 27.
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
9.
Nos ergo credimus etiam Mariam fuisse in cognatione David, quia scripturis eis credimus, quae utrumque dicunt, et Christum ex semine David secundum carnem et eius matrem Mariam non cum viro concumbendo, sed virginem. Quisquis itaque dicit Mariam ad consanguinitatem David non pertinuisse, manifestum est, quod istarum scripturarum tam excellenti auctoritati obluctetur. Ipse ergo convincat non eam pertinuisse ad semen David et hoc ostendat non ex quibuscumque litteris, sed ecclesiasticis, canonicis, catholicis. p. 714,28 Aliae quippe apud nos non habent ad has res ullum pondus auctoritatis; ipsae sunt enim, quas recipit et tenet ecclesia toto orbe diffusa, quae per illas est etiam prophetata et quemadmodum promissa, sic reddita. Ac per hoc illud, quod de generatione Mariae Faustus posuit, quod patrem habuerit ex tribu Levi sacerdotem quendam nomine Ioachim, canonicum non est, non me constringit. Sed etiamsi hoc crederem, ipsum potius Ioachim dicerem aliquo modo ad David sanguinem pertinuisse et aliquo modo ex tribu Iuda in tribu Levi fuisse adoptatum, vel ipsum vel eius aliquem progeneratorem, vel certe in tribu Levi ita natum, ut de stirpe David consanguinitatem aliquam duceret, sicut fieri potuisse idem Faustus fatetur, ut Maria de tribu Levi esset, quam tamen constat traditam viro, qui fuerit de stirpe David, id est de tribu Iuda, et dicit ita potuisse accipi Christum filium David [, si Maria filia Ioseph fuisset]; proinde si filia Ioseph nupsisset in tribu Levi, non absurde diceretur etiam filius David, quisquis de illa et in tribu Levi natus fuisset. p. 715,18 Ita si mater illius Ioachim, quem patrem Mariae Faustus commemorat, de tribu Iuda et genere David nupsit in tribu Levi, non immerito et Ioachim et Maria et filius Mariae etiam sic ex David semine veraciter perhibentur. Hoc ergo potius vel tale aliquid crederem, si illius apocryphae scripturae, ubi Ioachim pater Mariae legitur, auctoritate detinerer, quam mentiri evangelium, in quo scriptum est et Iesum Christum filium dei salvatorem nostrum ex semine David secundum carnem et per virginem Mariam procreatum. p. 715,27 Sufficit ergo nobis, quod scripturae, quae hoc dicunt et quibus credimus, ab inimicis nulla possunt falsitate convinci.