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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE II. RÉFUTATION DE L'OPINION DE FAUSTE. L'HOMME TOUT ENTIER VIENT DE DIEU.

Augustin. Sans doute, Paul veut qu'on entende que l'homme intérieur est dans l'esprit de l'âme, et l'homme extérieur dans le corps et dans cette vie mortelle; cependant, on ne lit nulle part dans ses lettres qu'il ait voulu parler de deux hommes distincts; il n'en nomme qu'un, que Dieu a fait tout entier, c'est-à-dire dans sa partie intérieure et dans sa partie extérieure; mais c'est dans la partie intérieure qu'il l'a fait à son image, en le créant, non-seulement incorporel, mais encore raisonnable, à la différence des animaux. Il n'a donc pas fait un homme à son image, et l'autre, non : mais comme l'intérieur et l'extérieur ne font qu'un seul homme, cet homme un, il l'a fait à son image, non quant au corps et à la vie corporelle, mais en tant qu'il a une âme raisonnable, capable de connaître Dieu, et qui le place, par le privilège même de sa raison, au-dessus de tous les êtres qui en sont privés. Or, Fauste convient que cet homme intérieur est formé par Dieu « quand il est renouvelé », nous dit-il, « dans la connaissance de Dieu, selon l'image de celui qui l'a créé ». J'admets complètement cette pensée de l'Apôtre[^1], mais pourquoi Fauste n'admet-il pas l'autre : « Dieu a placé dans le corps chacun des membres, comme il l'a voulu[^2]? » Voilà que le même Apôtre déclare Dieu créateur de l'homme extérieur : pourquoi notre adversaire choisit-il ce qu'il croit convenir à son système, et passe-t-il sous silence ou rejette-t-il ce qui sape par la base les fables de Manès? De même, quand Paul dissertait sur l'homme terrestre et l'homme céleste, distinguant entre l'homme mortel et l'homme immortel, c'est-à-dire entre ce que nous sommes dans Adam et ce que nous serons dans le Christ, il a tiré de la loi même, du livre même, du passage même, un témoignage en faveur du corps terrestre, c'est-à-dire animal, du passage, dis-je, où il est écrit que Dieu a créé aussi l'homme terrestre. Car, en traitant de la manière dont les morts ressusciteront, du corps avec lequel ils reviendront, il emprunte une comparaison à la semaille des grains, disant qu'on sème une simple graine, et que Dieu lui donne un corps comme il veut, à chaque semence son corps propre (en quoi il renverse l'erreur de Manès qui attribue, non à Dieu, mais au peuple des ténèbres la création des grains, des herbes, de toutes les racines et de tous les végétaux, et croit que Dieu est enchaîné dans ces formes et espèces d'êtres, plutôt que d'y agir en quoi que ce soit) ; et après avoir ainsi combattu les sacrilèges rêveries de Manès, il en vient aux différences des chairs : « Toute chair n'est pas la même chair », dit-il; puis il passe à la distinction des corps célestes et des corps terrestres, et ensuite au changement qui s'opérera dans notre corps et le rendra spirituel et céleste : « Il est semé », dit-il, « dans l'abjection, il ressuscitera dans la gloire; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force; il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ». Et voulant, à cette occasion, montrer l'origine du corps animal « S'il y a », dit-il, « un corps animal, il y a aussi un corps spirituel ; comme il est écrit Adam, le premier homme, a été fait âme vivantes[^3] ». Or, ceci est écrit dans la Genèse[^4], où l'on raconte comment Dieu fit l'homme et anima le corps qu'il avait formé de terre. Mais par vieil homme, l'Apôtre n'entend pas autre chose que la vieille vie, la vie du péché, la vie selon Adam, dont il dit : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché ; et ainsi, la mort a passé dans tous les hommes, par celui en qui tous ont péché[^5] ». Donc, l'homme tout entier, c'est-à-dire dans son intérieur et dans son extérieur, a vieilli à cause du péché et a été condamné à la mortalité ; mais maintenant il est renouvelé selon l'homme intérieur, où il est de nouveau formé à l'image de son Créateur, en se dépouillant de l'injustice, c'est-à-dire du vieil homme, et en revêtant la justice, c'est-à-dire l'homme nouveau. Mais quand le corps, qui est semé animal, ressuscitera spirituel, alors l'homme extérieur participera à la dignité de l'état céleste, afin que tout ce qui a été créé soit recréé, que tout ce qui a été fait soit refait par Celui qui a créé et qui recrée, qui a fait et qui refait. C'est ce que l'Apôtre explique brièvement, quand il dit : « Le corps est mort par le péché, mais l'esprit vit par l'effet de la justification. Que si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts, vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous[^6] ». Et quel homme instruit de la vérité catholique ignore que les uns sont hommes, les autres femmes selon le corps, et non selon l'esprit de l'âme, dans lequel nous sommes renouvelés selon l'image de Dieu? Mais le même Apôtre atteste que Dieu a créé les deux sexes quand il dit : « Ni la femme n'est sans l'homme, ni l'homme sans la femme, dans le Seigneur: car comme la femme a été tirée de l'homme, ainsi l'homme est par la femme; mais tout vient de Dieu[^7] ». Mais que disent à cela ces hommes ineptes et trompeurs, entièrement éloignés de la vie de Dieu par l'ignorance qui est en eux, à cause de l'aveuglement de leur coeur[^8], que disent-ils, sinon: ce qui nous accommode dans les lettres de l'Apôtre est vrai, ce qui ne nous accommode pas est faux? Voilà jusqu'où les Manichéens portent le délire; mais qu'ils reviennent à la raison, et qu’ils cessent d'être Manichéens. Ils avouent que l'homme intérieur est renouvelé à l'image de Dieu, et ils citent d'eux-mêmes le témoignage de l'Apôtre là-dessus; et Fauste dit que Dieu fait l'homme quand l'homme intérieur est renouvelé dans la connaissance de Dieu. Et lorsqu'on leur demande si celui qui refait l'homme est le même qui l'a fait, si celui qui le renouvelle est celui qui l'a créé, ils répondent oui. Mais si, partant de cette réponse, nous insistons et leur demandons quand celui qui reforme l'homme maintenant, l'a formé, ils ne sauront à quel subterfuge recourir pour dissimuler la honte de leur fabuleux système. Car ils ne disent pas que l'homme a été formé ou créé, ou établi par Dieu, mais qu'il est une partie de la substance de Dieu envoyée contre les ennemis; ils ne veulent pas qu'il soit devenu vieil homme par le péché, mais qu'il ait subi le joug de la nécessité, qu'il ait été défiguré par les ennemis, et autres billevesées qu'il me répugne de redire. Là, en effet, ils parlent d'un premier homme, non de celui que l'Apôtre appelle terrestre, tiré de la terre[^9], mais d'un je ne sais quoiqu'ils ont fabriqué et tiré de leur arsenal de mensonge. Sur ce point, Fauste garde un silence complet, bien qu'il se soit proposé de parler de l'homme.I1 craint de se démasquer par quelque côté aux yeux de ceux contre qui il dispute.

  1. Col. III,10.

  2. I Cor. XII, 18.

  3. Id. XV, 35, 45.

  4. Gen. II, 7.

  5. Rom. V, 12.

  6. Id. VIII, 10, 11.

  7. I Cor. XII,11, 12.

  8. Eph. IV, 18.

  9. I Cor. XV, 47.

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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

2.

Augustinus respondit: Paulus quidem apostolus interiorem hominem per spiritum mentis, exteriorem vero in corpore atque ista mortali vita vult intellegi; non tamen utrumque horum simul duos homines eum dixisse aliquando in eius litteris legitur, sed unum, quem totum deus fecerit, id est et id, quod interius est, et id, quod exterius; sed eum ad imaginem suam non fecit nisi secundum id, quod interius est, non solum incorporeum, verum etiam rationale, quod pecoribus non inest. Non itaque unum hominem fecit ad imaginem suam et alterum fecit non ad imaginem suam, sed quia hoc utrumque, interius et exterius, simul unus homo est, hunc unum hominem ad imaginem suam fecit, non secundum id, quod habet corpus corporalemque vitam, sed secundum id, quod habet rationalem mentem, qua cognoscat deum et omnibus irrationalibus eadem rationis excellentia praeponatur. Sed illud interius concedit Faustus a deo fieri, cum renovatur inquit in agnitionem dei secundum imaginem eius, qui creavit eum . p. 721,24 Hanc apostolicam plane agnosco sententiam; quare ipse alteram non agnoscit: Deus posuit membra, singulum quodque eorum in corpore prout voluit? Ecce deus etiam exterioris hominis effector ab eodem apostolo praedicatur; quare inde eligit, quod pro se putat, et tacet aut respuit, quod Manichaei fabulas amputat? p. 722,4 Item cum de terreno et caelesti homine dissereret idem Paulus inter mortalem immortalemque discernens, inter id, quod in Adam sumus, et illud, quod in Christo erimus, ex ipsa lege, ex ipso libro et ex ipso loco adhibuit terreni, id est animalis corporis testimonium, ubi scriptum est, quod deus etiam terrenum hominem fecit. Nam cum ageret, quomodo resurgent mortui et quo corpore venient, cum dedisset similitudines de seminibus frumentorum, quod nuda grana seminentur et deus illis det corpus, quomodo voluerit, unicuique seminum proprium corpus – ubi nihilominus Manichaei evertit errorem, qui et grana et herbas et omnes radices ac frutices gentem tenebrarum dicit creare, non deum et in eis formis atque generibus rerum deum potius credit alligari quam horum aliquid operari – cum ergo contra Manichaei sacrilegam vanitatem etiam ista dixisset, venit ad carnium differentias: p. 722,19 Non omnis inquit caro eadem caro, inde ad corporum caelestium atque terrestrium, inde ad mutationem corporis nostri, qua fieri possit spiritale atque caeleste: Seminatur inquit in contumelia, surget in gloria; seminatur in infirmitate, surget in virtute; seminatur corpus animale, surget corpus spiritale. Atque inde volens ostendere originem corporis animalis, si est inquit corpus animale, est et spiritale; sic et scriptum est: ‛Factus est primus homo Adam in animam viventem’. Hoc autem in genesi scriptum est, ubi narratur, quomodo deus hominem fecerit et corpus, quod de terra formaverat, animaverit. p. 723,3 Veterem autem hominem nihil aliud apostolus quam vitam veterem dicit, quae in peccato est, in quo secundum Adam vivitur, de quo dicit: Per unum hominem peccatum intravit in mundum et per peccatum mors; et ita in omnes homines pertransivit, in quo omnes peccaverunt. Ergo totus ille homo, id est et interiore et exteriore sui parte, inveteravit propter peccatum et poenae mortalitatis addictus est; renovatur autem nunc secundum interiorem hominem, ubi secundum sui creatoris imaginem reformatur, exuens se iniustitiam, hoc est veterem hominem, et induens iustitiam, hoc est novum hominem. Tunc autem, cum resurget corpus spiritale, quod seminatur animale, etiam exterior percipiet caelestis habitudinis dignitatem, ut totum, quod creatum est, recreetur et totum, quod factum est, reficiatur illo recreante, qui creavit, et reficiente, qui fecit. p. 723,18 Quod breviter explicat, ubi ait: Corpus quidem mortuum est propter peccatum, spiritus autem vita est propter iustitiam. Si autem spiritus eius, qui suscitavit Christum a mortuis, habitat in vobis, qui suscitavit Christum a mortuis, vivificabit et mortalia corpora vestra per habitantem spiritum eius in vobis. Nam quis catholica veritate instructus ignorat secundum corpus esse alios homines masculos, alias feminas, non secundum spiritum mentis, in quo renovamur secundum imaginem dei? Verumtamen quia utrumque deus fecit, rursum idem apostolus testis est, ubi dicit: Neque mulier sine viro neque vir sine muliere in domino; sicut enim mulier ex viro, ita et vir per mulierem; omnia autem ex deo. Quid ad haec dicit inepta fallacia hominum alienatorum a vita dei per ignorantiam, quae est in illis propter caecitatem cordis eorum, nisi: In apostolicis litteris quod volumus, verum est, quod nolumus, falsum est? p. 724,6 Sic delirent Manichaei ; si (et codd.) resipiscant et non sint Manichaei. A quibus si quaeritur – quoniam interiorem hominem renovari ad imaginem dei fatentur et hoc testimonium ultro etiam proferunt; tunc autem dicit Faustus quod deus faciat hominem, quando interior in dei agnitione renovatur – utrum eum ipse fecerit, qui reficit, ipse condiderit, qui renovat, respondebunt: Ipse. Cui responsioni eorum si adiciamus quaerentes, quando eum formaverit, quem nunc reformat, quaerent, ubi se abscondant, ne fabulae suae dedecus aperire cogantur. Neque enim dicunt a deo formatum vel conditum vel institutum, sed de substantia eius partem prorsus eius adversus hostes missam; nec peccato inveteratum, sed necessitate captivatum et deformatum ab inimicis et cetera, quae iam taedet dicere. p. 724,19 Ibi enim et primum hominem commemorant, non quem dicit apostolus de terra terrenum, sed nescio quem suum proprium ex arca mendaciorum prosilientem; de quo Faustus tacet omnino, cum de homine sibi proposuerit quaestionem, timens, ne aliquo modo eis, contra quos disputat, innotescat.

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