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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE IV. LES MEMBRES DU CORPS. PURETÉ DE LA VIERGE. LE CHRIST AURAIT PU NAÎTRE AUTREMENT ET NE L'A PAS VOULU.
A Dieu ne plaise qu'il y ait rien de honteux dans le corps des saints, même dans les parties sexuelles ! Il est vrai qu'on les appelle déshonnêtes, parce qu'elles n'ont pas le même degré de beauté que les autres parties qui sont en évidence[^1]. Mais voyez ce qu'en dit l'Apôtre, quand il présente à l'Eglise le type de la charité dans une comparaison prise de l'assemblage et de l'unité des membres de notre corps. « Mais au contraire », dit-il, « les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont les plus nécessaires ; et les membres du corps que nous regardons comme plus vils, nous les revêtons avec plus de soin; et ceux qui sont honteux, nous les traitons avec plus de respect ; nos parties honnêtes n'en ont pas besoin ; mais Dieu a réglé le corps de manière à accorder plus d'honneur à celle qui n'en avait pas en elle-même, afin qu'il n'y ait point de scission dans le corps[^2] ». Ainsi l'usage illicite, désordonné, de ces membres, est honteux; mais- non ces membres eux-mêmes, qui ne restent pas seulement parfaitement purs chez les célibataires et les vierges, mais chez les saints patriarches eux-mêmes, hommes et femmes, qui n'en usaient que selon les vues de la Providence, en sorte que le penchant de la nature n'avait rien de coupable, puisqu'il était guidé par la raison, et non inspiré par le libertinage. A combien plus forte raison donc ces membres n'ont-ils rien eu de honteux dans la sainte Vierge Marie, qui a conçu la chair du Christ par la foi, puisqu'ils n'ont pas même été les instruments d'un acte humain et permis, mais d'un enfantement tout divin ? Vierge tellement honorée que, sans perdre sa parfaite intégrité, elle nous a donné corporellement le Christ, pour que nous pussions le concevoir par la foi en des cours purs, et l'enfanter, en quelque sorte, en le confessant de bouche. Car le Christ n'a rien ôté à sa mère en naissant; en lui faisant don de la fécondité, il ne lui a point enlevé la fleur de sa virginité. Tout cela s'est fait en toute vérité et non par tromperie : mais cela est nouveau, cela est insolite, cela est contraire au cours ordinaire de la nature, parce que cela est grand, parce que cela est merveilleux, parce que cela est divin, et conséquemment, d'autant plus vrai, d'autant plus certain, d'autant plus indubitable.
Les anges aussi, nous dit-on, ont été vus, ont parlé, quoiqu'ils ne fussent pas nés. Comme si nous prétendions que le Christ n'aurait pu ni être vu, ni parler, s'il ne fût pas né d'une femme ! Il l'aurait pu, mais il ne l'a pas voulu; et cela est mieux, puisqu'il l'a voulu. Et il est certain qu'il l'a voulu, parce qu'il l'a fait, lui qui agit toujours librement, et non par nécessité, comme votre dieu. Et nous ne doutons nullement qu'il l'ait fait, parce que nous croyons à l'Evangile et non au premier hérétique venu.
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Rétract., liv. II, ch. VII, n. 3.
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I Cor. XII, 22-25.
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Reply to Faustus the Manichaean
4.
We deny that there is anything disgraceful in the bodies of saints. Some members, indeed, are called uncomely, because they have not so pleasing an appearance as those constantly in view. 1 But attend to what the apostle says, when from the unity and harmony of the body he enjoins charity on the Church: "Much more those members of the body, which seem to be feeble, are necessary: and those members of the body, which we think to be less honorable, upon these we bestow more abundant honor; and our uncomely parts have more abundant comeliness. For our comely parts have no need: but God hath tempered the body together, having given more abundant honor to that part which lacked: that there should be no schism in the body." 2 The licentious and intemperate use of those members is disgraceful, but not the members themselves; for they are preserved in purity not only by the unmarried, but also by wedded fathers and mothers of holy life, in whose case the natural appetite, as serving not lust, but an intelligent purpose in the production of children, is in no way disgraceful. Still more, in the holy Virgin Mary, who by faith conceived the body of Christ, there was nothing disgraceful in the members which served not for a common natural conception, but for a miraculous birth. In order that we might conceive Christ in sincere hearts, and, as it were, produce Him in confession, it was meet that His body should come from the substance of His mother without injury to her bodily purity. We cannot suppose that the mother of Christ suffered loss by His birth, or that the gift of productiveness displaced the grace of virginity. If these occurrences, which were real and no illusion, are new and strange, and contrary to the common course of nature, the reason is, that they are great, and amazing, and divine; and all the more on this account are they true, and firm, and sure. Angels, says Faustus, appeared and spoke without having been born. As if we held that Christ could not have appeared or spoken without having been born of a woman! He could, but He chose not; and what He chose was best. And that He chose to do what He did is plain, because He acted, not like your god, from necessity, but voluntarily. That He was born we know, because we put faith not in a heretic, but in Christ's gospel.