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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VI. COMMENT SE FONDE LA CERTITUDE HISTORIQUE.
Mais que puis je faire avec vous, que l'iniquité rend tellement sourds aux témoignages des Ecritures, que tout ce qu'on peut en produire contre vous, vous l'attribuez, non plus à l'Apôtre, mais à je ne sais quel faussaire qui l'aurait écrit sous son nom? La doctrine des démons que vous prêchez est tellement éloignée de la doctrine chrétienne, que vous ne pouvez la défendre sous le nom de doctrine chrétienne, qu'en niant l'authenticité des écrits des Apôtres. Malheureux ennemis de votre âme, quelles écritures auront jamais pour vous la moindre autorité, si celles des Evangélistes, si celles des Apôtres n'en ont pas ? Quel livre sera jamais authentique, si l'on peut douter que des écrits que l'Eglise, propagée par les Apôtres, et si glorieusement connue dans le monde entier, déclare et conserve comme venant des Apôtres, en soient réellement; et que, d'autre part, il soit certain que les mêmes Apôtres aient écrit ce que produisent des hérétiques ennemis de cette même Eglise, et portant le nom de leurs propres fondateurs, qui ont vécu longtemps après les Apôtres ? Comme si, dans la littérature profane, il n'y avait pas aussi des écrivains sur l'existence desquels on ne peut élever le moindre doute, mais sous le nom desquels beaucoup d'ouvrages ont été publiés ensuite, puis rejetés, ou parce qu'ils ne s'accordaient point avec ceux qu'on leur attribuait en toute certitude, ou parce qu'ils étaient inconnus dans le temps où ces auteurs écrivaient, et n'avaient pas eu l'honneur d'être recommandés et confiés à la postérité par leurs plus intimes amis ! Pour n'en citer qu'un exemple. N'a-t-on pas publié, sous le nom de l'illustre médecin Hippocrate, des livres dont les médecins n'ont pas reconnu l'authenticité ? Une certaine ressemblance de choses et de mots ne leur a servi de rien rapprochés de ceux qui sont certainement d'Hippocrate, ils ont été jugés inférieurs, outre que leur authenticité n'a point été constatée en même temps que celle des autres. Mais ces livres authentiques, en comparaison desquels ceux-là sont rejetés, comment sait-on qu'ils sont d'Hippocrate, comment se fait-il que l'on ne réfute pas celui qui le nie, mais qu'on se contente d'en rire, si ce n'est parce qu'une tradition constante les a transmis comme tels depuis le temps d'Hippocrate jusqu'à nos jours, tellement qu'il faut être fou pour élever un doute là-dessus? Et les ouvrages de Platon, d'Aristote, de Cicéron, de Varron et d'autres auteurs de ce genre, comment sait-on qu'ils sont d'eux, si ce n'est par le témoignage ininterrompu des temps qui se sont succédé ? Ainsi, dans la littérature ecclésiastique, beaucoup ont écrit bien des choses sans autorité canonique, mais dans le désir d'être utiles aux autres ou de s'instruire eux-mêmes. Comment sait-on avec certitude de qui est tel livre, sinon parce que, quand l'auteur l'écrivait, il l'a communiqué et publié autant qu'il l'a pu, que la connaissance s'en est transmise des uns aux autres, puis est passée à la postérité et est parvenue jusqu'à nous; en sorte que, quand on nous demandé de qui est tel ou tel livre, nous n'hésitons pas sur la réponse ? Mais pourquoi remonter si loin dans le passé? Voilà des écrits dans nos mains: si, quelque temps après notre mort, quelqu'un s'avisait de nier que les uns sont de Fauste et les autres de moi, comment le convaincrait-on, sinon par cette raison que ceux qui les ont connus dans le moment, ont transmis cette connaissance, qui se perpétuera jusqu'à la postérité la plus reculée ? Cela étant, quel est l'homme assez insensé, assez aveugle (sauf ceux qui se sont volontairement laissé séduire par la malice et la supercherie des démons menteurs), pour dire que l’Eglise des Apôtres, une si fidèle, une si nombreuse assemblée de frères parfaitement unis, n'a pu mériter que les écrits de ses fondateurs passassent à la postérité, quand leurs sièges ont été maintenus jusqu'à nos jours par une succession incontestable d'évêques, quand d'ailleurs le fait se produit avec tant de facilité pour des écrits quelconques, soit en dehors, soit au dedans de l'Eglise ?
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
6.
Sed quid vobis faciam, quos contra testimonia scripturarum ita obsurdefecit iniquitas, ut quicquid adversum vos inde prolatum fuerit, non esse dictum ab apostolo, sed a nescio quo falsario sub eius nomine scriptum esse dicere audeatis? Usque adeo a christiana doctrina aperte aliena est quam praedicatis doctrina daemoniorum, ut eam sub christianae doctrinae nomine defendere nulla ex parte possitis, nisi dicatis falsas esse scripturas apostolorum. p. 791,6 Infelices inimici animae uestrae! Quae umquam litterae ullum habebunt pondus auctoritatis, si evangelicae, si apostolicae non habebunt? De quo libro certum erit, cuius sit, si litterae, quas apostolorum dicit et tenet ecclesia ab ipsis apostolis propagata et per omnes gentes tanta eminentia declarata, utrum apostolorum sint, incertum est? Et hoc erit certum scripsisse apostolos, quod huic ecclesiae contrarii haeretici proferunt auctorum suorum nominibus appellati longe post apostolos exsistentium? Quasi vero et in litteris saecularibus non fuerunt certissimi auctores, sub quorum nominibus postea multa prolata sunt et ideo repudiata, quia vel his, quae ipsorum esse constaret, minime congruerunt vel eo tempore, quo illi scripserint, nequaquam innotescere et per ipsos vel familiarissimos eorum in posteros prodi commendarique meruerunt. p. 791,21 Nonne, ut alios omittam, sub Hippocratis medici nobilissimi nomine quidam libri prolati in auctoritatem a medicis non recepti sunt? Nec eos adiuvit nonnulla similitudo rerum atque verborum, quando, comparati eis, quos vere Hippocratis esse constaret, impares iudicati sunt, et quod ab eo tempore, quo et cetera scripta eius, non innotuerunt quod vere eius essent. Hos autem libros, quibus illi, qui de traverso proferuntur, comparati respuuntur, unde constat esse Hippocratis? Unde – si quis hoc neget, nec saltem refellitur, sed ridetur – nisi quia sic eos ab ipso Hippocratis tempore usque ad hoc tempus et deinceps successionis series commendavit, ut hinc dubitare dementis sit! p. 792,5 Platonis, Aristotelis, Varronis, Ciceronis aliorumque eiusmodi auctorum libros unde noverunt homines, quod ipsorum sint, nisi eadem temporum sibimet succedentium contestatione continua? Multi multa de litteris ecclesiasticis conscripserunt, non quidem auctoritate canonica, sed aliquo adiuvandi studio sive discendi. Unde constat, quid cuius sit, nisi quia his temporibus, quibus ea quisque scripsit, quibus potuit insinuavit atque edidit et inde in alios atque alios continuata notitia latiusque firmata ad posteros etiam usque ad nostra tempora pervenerunt, ita ut interrogati, cuius quisque liber sit, non haesitemus, quid respondere debeamus? Sed quid pergam in longe praeterita? Ecce istas litteras, quas habemus in manibus, si post aliquantum tempus vitae huius nostrae vel illas quisquam Fausti esse vel has neget meas, unde convincitur, nisi quia illi, qui nunc ista noverunt, notitiam suam ad longe etiam post futuros continuatis posterorum successionibus traiciunt? p. 792,21 Quae cum ita sint, quis tandem tanto furore caecatur, nisi daemoniorum mendaciloquorum malitiae atque fallaciae consentiendo subversus sit, qui dicat hoc mereri non potuisse apostolorum ecclesiam, tam fidam tam numerosam fratrum concordiam, ut eorum scripta fideliter ad posteros traicerent, cum eorum cathedras usque ad praesentes episcopos certissima successione servarent, cum hoc qualiumcumque hominum scriptis sive extra ecclesiam sive in ipsa ecclesia tanta facilitate proveniat?