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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE VII. NE PAS CONNAÎTRE LE CHRIST SELON LA CHAIR.

Que le Fils de Dieu se soit fait homme dans la race de David, c'est ce que le même apôtre enseigne en plusieurs endroits, et ce que d'autres écrivains sacrés proclament de la manière la plus formelle. Quant à ces paroles « Si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette sorte», l'endroit même d'où elles sont tirées montre assez clairement quelle est la pensée de l'Apôtre. Notre vie future, dès maintenant réalisée dans sa plénitude en l'homme médiateur, Jésus-Christ notre Chef ressuscité, il l'envisage avec une certitude d'espérance aussi pleine que si elle lui était présente et qu'il en jouît déjà; et cette vie, comme celle du Christ, ne sera plus selon la chair. Par la chair, il n'entend pas ici cette substance de notre corps que le Seigneur, même après sa résurrection, appelait sa chair, quand il disait: « Touchez et voyez qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai[^1] » ; ce qu'il désigne, c'est la corruption et la mortalité de la chair qui n'existeront plus en nous, comme elles ne sont plus dans le Christ. C'est bien là ce qu'il entendait par la chair, quand, au sujet de la résurrection, ainsi que nous l'avons remarqué précédemment, il s'exprimait d'une manière si claire : « La chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu; et la corruption ne jouira pas de l'incorruptibilité ». Quand donc sera accompli ce qu'il annonce ensuite : « En un moment, en un clin d'oeil, au son de la dernière trompette, car la trompette sonnera, tous les morts ressusciteront dans un état incorruptible, et nous serons changés; il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l'incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l'immortalité[^2] »; alors n'existera plus cette chair par laquelle il désigne, non la substance du corps, mais la corruption de la mortalité, qui disparaîtra dans cette heureuse transformation; mais bien la chair qui constitue la nature et la substance du corps, puisque c'est celle-là même qui doit ressusciter et être changée. On ne peut nier, en effet, ni ce que dit le Seigneur après sa résurrection : « Touchez et voyez qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai » ; ni ce que dit l'Apôtre : « La chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu ». D'une part, il s'agit de la substance même de la chair, laquelle subsistera toujours, puisque c'est elle qui sera changée ; et de l'autre, de l'état corruptible, lequel aura cessé, puisqu'une fois transformée, la chair ne sera plus sujette à la corruption. « Nous avons donc connu le Christ selon la chair», c'est-à-dire, selon la mortalité de la chair avant sa résurrection; « mais maintenant nous ne le connaissons plus de cette sorte », parce que, comme le dit l'Apôtre, « le Christ ressuscité d'entre les morts ne meurt plus, et la mort n'aura plus d'empire sur lui[^3] ».

Si le Christ n'a jamais existé selon la chair, vous en tenir à la rigueur des termes, c'est faire mentir l'Apôtre quand il dit : « Nous avons connu le Christ selon la chair»; comment connaître ce qui n'est pas? Il ne dit pas : Nous avons pensé que le Christ existait selon la chair; mais, nous avons connu. Je ne veux cependant pas presser sur les mots, pour qu'on ne puisse pas soutenir qu'il y a ici abus de langage de la part de l'Apôtre qui, au lieu de l'expression : nous avons pensé, a employé celle-ci : Nous avons connu. Ce qui m'étonne, c'est que des hommes aveugles ne voient pas, ou plutôt je serais étonné s'ils le voyaient, que s'il faut croire que le Christ n'a pas eu une chair véritable, par cette raison que l'Apôtre a dit qu'il ne connaissait plus maintenant le Christ selon la chair, il faut admettre qu'ils n'ont pas eu de chair non plus, ceux dont il dit au même endroit : « C'est pourquoi nous ne connaissons plus maintenant personne selon la chair ». Sans restreindre sa, pensée au Christ seul, il pouvait dire : « Nous ne connaissons personne selon la chair » ; mais envisageant comme présente la vie future dont il devait jouir avec ceux qui seront transformés à la résurrection: « Maintenant, dit-il, nous ne connaissons plus personne selon la chair » ; c'est-à-dire, l'espérance de notre incorruptibilité et de notre immortalité future est si certaine en nous, que dès maintenant cette seule pensée nous remplit de joie. C'est ce qui lui fait dire ailleurs: « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses du ciel, où le Christ est assis à la droite de Dieu; n'ayez de goût que pour les choses du ciel, et non pour celles de la terre[^4] ». Nous ne sommes pas encore évidemment ressuscités comme le Christ; et cependant l'espérance que nous avons dans le Christ, fait dire à l'Apôtre que nous sommes déjà ressuscités avec lui. De là encore : « Dans sa miséricorde, il nous a sauvés par l'eau de la régénération[^5] ». Qui ne sait que, dans le bain régénérateur, nous avons reçu l'espérance du salut futur, et non le salut lui-même, qui est l'objet de la promesse? Et cependant, comme cette espérance est certaine : « Il nous a sauvés », dit l'Apôtre, comme si nous étions déjà en possession du salut. C'est ainsi qu'il s'exprime ailleurs avec tant de clarté: « Nous gémissons en nous-mêmes, attendant l'effet de notre adoption, la rédemption de nos corps, car nous sommes sauvés en espérance. Or, l'espérance qui se voit n'est plus espérance : quel est en effet celui qui espère ce qu'il voit déjà? Si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l'attendons avec patience[^6]». L'Apôtre ne dit pas : Nous serons sauvés, mais : Nous sommes dès maintenant sauvés, non en réalité, mais en espérance, ainsi qu'il s'exprime; de même faut-il entendre ces autres paroles : « Nous ne connaissons plus personne selon la chair », non en réalité, mais en espérance; parce que notre espérance repose dans le Christ, et qu'en lui se trouve déjà accompli ce qui fait l'objet de notre espérance. Déjà il est ressuscité, et il ne sera plus soumis à l'empire de la mort. Il est vrai qu'avant sa mort nous l'avons connu selon la chair, puisqu'à son corps était inhérente cette mortalité que l'Apôtre désigne sous le nom de chair; mais nous ne le connaissons plus de cette sorte ; son corps mortel a revêtu l'immortalité, et ne peut plus être appelé chair comme dans son premier état.

  1. Luc, XXIV, 39.

  2. I Cor. XV, 50-53.

  3. Rom. VI, 9.

  4. Coloss. III, 1, 2.

  5. Tit. III, 5.

  6. Rom. VIII, 23-25.

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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

7.

Nam quod filius dei ex semine David homo factus est, nec idem apostolus uno loco dicit et aliae sanctae scripturae apertissime praedicant. p. 322,7 Quod vero dicit: Etsi noveramus Christum secundum carnem, sed iam nunc non novimus, ea ipsa circumstantia scripturae loci eius satis ostendit, quid loquatur apostolus; suo quippe more vitam nostram futuram, quae iam in ipso homine mediatore Christo Iesu capite nostro resurgente completa est, ita spe certa meditatur, tamquam iam adsit praesensque teneatur. Quae utique vita non erit secundum carnem, sicut iam Christi vita non est secundum carnem. Carnem namque hoc loco non ipsam corporis nostri substantiam, quam dominus etiam post resurrectionem suam carnem appellat dicens: Palpate et videte, quia spiritus ossa et carnem non habet, sicut me videtis habere, sed corruptionem mortalitatemque carnis vult intellegi, quae tunc non erit in nobis, sicut iam in Christo non est. p. 322,21 Hanc enim proprie carnem nominabat, etiam cum de ipsa resurrectione satis evidenter loqueretur et diceret, quod iam supra commemoravi: Caro et sanguis regnum dei possidere non possunt, neque corruptio incorruptionem possidebit. Cum ergo factum fuerit, quod ibi consequenter dicit: Ecce mysterium vobis dico: omnes quidem resurgemus, non tamen omnes immutabimur; in atomo id est in momento in ictu oculi, novissima tuba; canet enim tuba, et mortui resurgent incorrupti, et nos immutabimur; oportet enim corruptibile hoc induere incorruptionem et mortale hoc induere immortalitatem, iam secundum id, quod carnem non ipsam corporis substantiam, sed ipsam corruptionem mortalitatis appellat, non erit utique caro, quia corruptionem mortalitatis mutata non habebit, p. 323,7 secundum autem ipsius substantiae corporis[que] originem eadem caro erit, quia ipsa resurget et ipsa mutabitur, quia et illud verum est, quod ait dominus, posteaquam resurrexit: Palpate et videte, quia spiritus ossa et carnem non habet, sicut me videtis habere, et hoc verum est, quod ait apostolus: Caro et sanguis regnum dei possidere non possunt. Illud enim dictum est secundum ipsam substantiam, quae etiam tunc erit, quia ipsa mutabitur; hoc autem dictum est secundum carnalem corruptionis qualitatem, quae tunc iam non erit, quia mutata caro non corrumpetur. Noveramus ergo Christum secundum carnem, id est secundum carnis mortalitatem, antequam resurgeret, sed nunc iam non novimus, quia, sicut idem dicit apostolus, Christus resurgens a mortuis iam non moritur et mors ei ultra non dominabitur. p. 323,23 Nam si te ad verborum proprietatem teneas, mentitus est, quod ait: Noveramus Christum secundum carnem, si Christus numquam fuit secundum carnem; nemo enim noverat, quod non erat. Non autem dixit: putabamus Christum secundum carnem, sed noveramus. Verumtamen ut verbo non premam, ne quis affirmet per abusionem locutum apostolum, ut pro eo, quod est putabamus diceret noveramus, illud miror non attendere homines caecos, vel potius non miror non videre caecos, quia, si Christus ideo non habuit carnem, quia dixit apostolus nunc iam non se nosse Christum secundum carnem, nec illi habuerunt carnem, de quibus in eodem loco dicit: Itaque nos amodo neminem novimus secundum carnem. p. 324,6 Neque enim de solo Christo id volens intellegi posset dicere: Neminem novimus secundum carnem, sed quia illorum secum vitam futuram tamquam praesentem meditabatur, qui resurgentes commutabuntur: Amodo inquit neminem novimus secundum carnem, id est: tam certam spem tenemus futurae nostrae incorruptionis et immortalitatis, ut amodo iam in ipsa notitia gaudeamus. Unde alio loco dicit: Si autem resurrexistis cum Christo, quae sursum sunt quaerite, ubi Christus est ad dexteram dei sedens; quae sursum sunt sapite, non quae super terram. Nondum utique resurreximus sicut Christus, sed tamen secundum spem, quae nobis in illo est, iam nos cum illo resurrexisse testatus est. Unde etiam dicit: Secundum suam misericordiam salvos nos fecit per lavacrum regenerationis. Quis autem non intellegat in lavacro regenerationis spem nobis datam salutis futurae, non iam salutem ipsam, quae promittitur? p. 324,21 Et tamen quia certa spes est, tamquam iam data esset eadem salus, salvos nos inquit fecit. Alio quippe loco dilucidissime dicit: Nos in nobis ipsis ingemescimus adoptionem exspectantes, redemptionem corporis nostri. Spe enim salvi facti sumus, spes autem, quae videtur, non est spes; quod enim videt quis, quid sperat? Si autem quod non videmus speramus, per patientiam exspectamus. Sicut ergo hic non dixit: Salvi futuri sumus, sed: Amodo iam salvi facti sumus, nondum tamen in re, sed in spe – spe enim inquit salvi facti sumus – sic et ibi dictum [est]: Amodo neminem novimus secundum carnem, nondum in re, sed in spe intellegetur, quia (v.l. quae) spes nobis in Christo est, quia in illo iam completum est, quod nobis promissum speramus. p. 325,5 Ille quippe iam resurrexit et mors ei ultra non dominabitur. Quem etsi noveramus secundum carnem, cum adhuc moriturus esset – inerat quippe in eius corpore illa mortalitas, quam proprie carnem appellat apostolus – sed iam nunc non novimus; illud enim eius mortale iam induit immortalitatem, unde secundum pristinam mortalitatem iam caro appellari non possit.

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