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Reply to Faustus the Manichaean
18.
If believers are to throw away all the books which have led them to believe, I see no reason why they should continue reading the Gospel itself. The Gospel, too, must be worthless to this inquirer, who, according to Faustus' pitiful supposition, rejects with ridicule the authority of Christ. And to the believer it must be superfluous, if true notices of Christ are superfluous to believers. And if the Gospel should be read by the believer, that he may not forget what he has believed, so should the prophets, that he may not forget why he believed. For if he forgets this his faith cannot be firm. By this principle, you should throw away the books of Manichaeus, on the authority of which you already believe that light--that is, God--fought with darkness, and that, in order to bind darkness, the light was first swallowed up and bound, and polluted and mangled by darkness, to be restored, and liberated, and purified, and healed by your eating, for which you are rewarded by not being condemned to the mass of darkness for ever, along with that part of the light which cannot be extricated. This fiction is sufficiently published by your practice and your words. Why do you seek for the testimony of books, and add to the embarrassment of your God by the consumption of strength in the needless task of writing manuscripts? Burn all your parchments, with their finely-ornamented binding; so you will be rid of a useless burden, and your God who suffers confinement in the volume will be set free. What a mercy it would be to the members of your God, if you could boil your books and eat them! There might be a difficulty, however, from the prohibition of animal food. Then the writing must share in the impurity of the sheepskin. Indeed, you are to blame for this, for, like what you say was done in the first war between light and darkness, you brought what was clean in the pen in contact with the uncleanness of the parchment. Or perhaps, for the sake of the colors, we may put it the other way; and so the darkness would be yours, in the ink which you brought against the light of the white pages. If these remarks irritate you, you should rather be angry with yourselves for believing doctrines of which these are the necessary consequences. As for the books of the apostles and prophets, we read them as a record of our faith, to encourage our hope and animate our love. These books are in perfect harmony with one another; and their harmony, like the music of a heavenly trumpet, wakens us from the torpor of worldliness, and urges us on to the prize of our high calling. The apostle, after quoting from the prophets the words, "The reproaches of them that reproached Thee fell on me," goes on to speak of the benefit of reading the prophets: "For whatsoever things were written beforetime were written for our learning; that we, through patience and comfort of the Scriptures, might have hope." 1 If Faustus denies this, we can only say with Paul, "If any one shall preach to you another doctrine than that ye have received, let him be accursed." 2
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XVIII. DÉTAILS SUR LE SYSTÈME ABSURDE DU MANICHÉISME.
Que les croyants rejettent donc tous les livres qui les ont rendus croyants. Car si nos adversaires disent vrai, je ne vois pas pourquoi les fidèles liraient même l'Évangile du Christ. En effet, il est inutile avant la foi, puisque le gentil que Fauste, dans son erreur ridicule ou plutôt déplorable, nous amène souriant, ne croit pas au Christ. Après la foi il est superflu, puisqu'on traite de superflus les témoignages, même vrais, que l'on produit touchant le Christ à ceux qui croient déjà au Christ. Mais, peut-être direz-vous ici : Le fidèle doit lire l'Évangile pour ne pas oublier ce qu'il croit. Eh ! insensés, il faut donc aussi qu'il lise les témoignages authentiques des Prophètes, afin de ne pas oublier les motifs de sa foi ; car, s'il les oubliait, sa foi cesserait d'être ferme. Ou bien rejetez les livres de Manès, sur la foi desquels vous croyez que la lumière a lutté avec les ténèbres et que la lumière était Dieu; que la lumière avant de pouvoir enchaîner les ténèbres, a d'abord été dévorée, enchaînée, souillée, mise en pièces par elles; et qu'en mangeant, vous la restaurez, vous la dégagez, la purifiez et la guérissez, afin d'en recevoir la récompense et de ne pas être condamnés à vivre éternellement sur un globe ténébreux, avec celte qui n'aura pu être délivrée. Cette fable ridicule, vous la préconisez tous les jours et en actions et en paroles: pourquoi donc chercher à l'appui des témoignages de livres, dévorer la substance d'autrui dans des choses superflues et pour la composition de vos livres, et tenir enchaînée la substance de votre Dieu ? Brûlez tous ces manuscrits, ces étuis élégants si artistement travaillés, pour vous débarrasser d'un poids de superfluités et dégager votre Dieu qu'un manuscrit même tient enchaîné comme un esclave que l'on punit. Et si vous pouviez manger vos livres, même bouillis, quel service vous rendriez aux membres de votre Dieu ! Si cela pouvait se faire, est-ce que l'impureté de la chair vous empêcherait de dévorer ces pages? Que la pureté de l'encre, qui a pénétré la peau d'agneau, se l'impute donc. Mais vous aussi vous avez fait cela, vous qui, comme au début de vos combats, avez souillé ce qu'il y avait de pur dans votre plume, en le fixant par l'écriture sur l'impureté du parchemin, à moins que les couleurs ne vous accusent en déposant du contraire. Car vous avez préféré attaquer la lumière des pages blanches avec les ténèbres de l'encre. Est-ce vous qui devez nous en vouloir de dire cela, ou nous qui devons nous fâcher contre vous de croire à des choses qui, bon gré mal gré, produisent de telles conséquences ? Pour nous, tant pour nous rappeler les objets de notre foi, que pour soutenir notre espérance et animer notre charité, nous lisons les livres prophétiques et les livres apostoliques, deux voix qui s'accordent parfaitement; et cet accord, comme une trompette céleste, nous arrache au pesant sommeil de cette vie mortelle et nous fait aspirer à la palme de la vocation d'en haut. En effet, après avoir rappelé ce passage des livres prophétiques : « Les outrages de ceux qui vous outrageaient sont tombés sur moi[^1] », l'Apôtre parle ensuite de l'utilité de ces divines leçons : « Car tout ce qui est écrit », dit-il, « a été écrit pour notre instruction, afin que par la patience et la consolation des Écritures nous ayons espérance en Dieu[^2] ». Mais Fauste dit le contraire. Qu'il subisse donc l'arrêt de Paul : « Si quelqu'un vous annonce un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème[^3] ! »
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Ps. LXVIII, 10.
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Rom. IV, 4.
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Gal. I, 9.