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Reply to Faustus the Manichaean
6.
Thou art thus convicted of worshipping gods without number; for thou canst not bear the sound doctrine which teaches that there is one Son of one God, and one Spirit of both. And these, instead of being without number, are not three Gods; for not only is their substance one and the same, but their operation by means of this substance is also one and the same, while they have a separate manifestation in the material creation. These things thou dost not understand, and canst not receive. Thou art full, as thou sayest, for thou art steeped in blasphemous absurdities. Will thou continue burying thyself under such crudities? Sing on, then, and open thine eyes, if thou canst, to thine own shame. In this doctrine of lying devils thou art invited to fabulous dwellings of angels in a happy clime, and to fragrant fields where nectar flows for ever from trees and hills, in seas and rivers. These are the fictions of thy foolish heart, which revels in such idle fancies. Such expressions are sometimes used as figurative descriptions of the abundance of spiritual enjoyments; and they lead the mind of the student to inquire into their hidden meaning. Sometimes there is a material representation to the bodily senses, as the fire in the bush, the rod becoming a serpent, and the serpent a rod, the garment of the Lord not divided by His persecutors, the anointing of His feet or of His head by a devout woman, the branches of the multitude preceding and following Him when riding on the ass. Sometimes, either in sleep or in a trance, the spirit is informed by means of figures taken from material things, as Jacob's ladder, and the stone in Daniel cut out without hands and growing into a mountain, and Peter's vessel, and all that John saw. Sometimes the figures are only in the language; as in the Song of Songs, and in the parable of a householder making a marriage for his son, or that of the prodigal son, or that of the man who planted a vineyard and let it out to husbandmen. Thou boastest of Manichaeus as having come last, not to use figures, but to explain them. His expositions throw light on ancient types, and leave no problem unsolved. This idea is supported by the assertion that the ancient types, in vision or in action or in words, had in view the coming of Manichaeus, by whom they were all to be explained; while he, knowing that no one is to follow him, makes use of a style free from all figurative expressions. What, then, are those fields, and shady hills, and crowns of flowers, and fragrant odors, in which the desires of thy fleshly mind take pleasure? If they are not significant figures, they are either idle fancies or delirious dreams. If they are figures, away with the impostor who seduces thee with the promise of naked truth, and then mocks thee with idle tales. His ministers and his wretched deluded followers are wont to bait their hook with that saying of the apostle, "Now we see through a glass in a figure, but then face to face." 1 As if, forsooth, the Apostle Paul knew in part, and prophesied in part, and saw through a glass in a figure; whereas all this is removed at the coming of Manichaeus, who brings that which is perfect, and reveals the truth face to face. O fallen and shameless! still to continue uttering such folly, still feeding on the wind, still embracing the idols of thine own heart. Hast thou, then, seen face to face the king with the sceptre, and the crown of flowers, and the hosts of gods, and the great worldholder with six faces and radiant with light, and that other exalted ruler surrounded with troops of angels, and the invincible warrior with a spear in his right hand and a shield in his left, and the famous sovereign who moves the three wheels of fire, water, and wind, and Atlas, chief of all, bearing the world on his shoulders, and supporting himself on his arms? These, and a thousand other marvels, hast thou seen face to face, or are thy songs doctrines learned from lying devils, though thou knowest it not? Alas! miserable prostitute to these dreams, such are the vanities which thou drinkest up instead of the truth; and, drunk with this deadly poison, thou darest with this jest of the tablets to affront the matronly purity of the spouse of the only Son of God; because no longer under the tutorship of the law, but under the control of grace, neither proud in activity nor crouching in fear, she lives by faith, and hope, and love, the Israel in whom there is no guile, who hears what is written: "The Lord thy God is one God." This thou hearest not, and art gone a whoring after a multitude of false gods.
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1 Cor. xiii. 9. ↩
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VI. SUITE DE L'APOSTROPHE. RÊVERIES MANICHÉENNES.
Il est donc prouvé que tu adores des dieux sans nombre, et que tu rejettes la saine doctrine qui nous enseigne un Fils unique, né d'un Dieu unique, et un Esprit-Saint procédant des deux. Et non-seulement il n'est pas permis de parler de dieux sans nombre, mais pas même de trois dieux : puisque non-seulement il n'y a- qu'une seule et même substance, mais encore une seule et même opération par une seule et même substance propre, et que la distinction des personnes se révèle même par la créature matérielle. Tu ne comprends pas cela, tu ne le saisis pas : je le sais, tu es pleine, tu es enivrée, tu es saturée de fables sacrilèges. Digère donc enfin ce que trahit ton haleine, et cesse de t'ingurgiter de la sorte; en attendant, poursuis ton chant, et vois, si tu le peux, la honte de ta fornication. La doctrine de tes démons menteurs t'a introduite dans un chimérique séjour des anges, où souffle un vent frais, et dans des champs parfumés, où les arbres et les montagnes, les mers et les fleuves donnent un doux nectar dans tout le cours des siècles. Et tu l'as cru ! et tu t'es imaginé tout cela dans ton coeur ! Et livrée à la luxure et à la débauche, tu t'es bercée de vains souvenirs ! Car quand on emploie un langage de ce genre pour exprimer l'ineffable abondance des délices spirituelles, on parle évidemment en énigme; c'est pour que l'âme qui s'occupe de ces sujets sache qu'il y a, là, quelque autre sens à chercher et à saisir, soit qu'un objet matériel soit présenté réellement aux sens du corps, comme le feu dans le buisson[^10], la verge changée en serpent et le serpent redevenu verge[^11], la tunique du Seigneur qui n'est point partagée par les bourreaux[^12], le parfum répandu respectueusement sur les pieds ou sur la tête du Christ par une femme[^13], les palmes aux mains de la multitude qui précède et suit l'âne sur lequel il est monté[^14] : soit que les objets soient présentés en figures à l'esprit par des images corporelles, ou en songe, ou dans le ravissement, comme à Jacob les échelles[^1]; à Daniel, la pierre détachée sans le travail des mains et devenue une montagne[^2]; à Pierre la nappe[^3], et à Jean tant d'autres choses[^4] : soit que le langage soit simplement figuré, comme dans le Cantique des cantiques[^5]; dans la parabole évangélique du père de famille qui fait les noces de son fils[^6]; dans celle de l'homme qui avait deux fils, l'un rangé et l'autre livré à la débauche[^7], ou de l'homme qui planta une vigne et la loua à des vignerons[^8]. Mais tu loues précisément Manès d'être venu le dernier, non pour tenir ce langage, mais pour en donner l'explication, de manière à interpréter les anciennes figures, à présenter ses récits et ses discussions avec la plus grande clarté, sans jamais s'envelopper d'énigme et d'obscurité. Et pour justifier cette, présomption, tu prétends que les anciens, dans tout ce qu'ils ont vu, fait ou dit en figure, savaient qu'il devait venir un jour pour tout révéler, et que lui, sachant que personne ne viendrait après lui, a exposé ses sentiments sans allégories et sans détours. Que devient donc ton affection souillée par des désirs charnels, au milieu des champs et des forêts épaisses, des couronnes de fleurs et des parfums? S'il n'y a pas là d'énigmes pour la raison, il y a des, fantômes pour l'imagination ou de l'égarement pour la folie. Mais si on dit qu'il y a des énigmes, pourquoi ne fuis-tu pas l'adultère, qui te promet la vérité claire pour t’allécher, et se rit de toi par ses mensonges et ses fables quand il t’a attirée? Ses ministres, infectés aussi de ces vanités, les malheureux ! n'ont-ils pas l'habitude de mettre, pour amorce à leur hameçon, ces paroles de l'apôtre Paul : « Car c'est imparfaitement que nous connaissons, et imparfaitement que; nous prophétisons, mais quand viendra ce qui est parfait, alors s'anéantira ce qui est imparfait » ; et encore : « Nous voyons maintenant à travers un miroir, en énigme mais alors nous verrons face à face[^9]». En sorte que l'apôtre Paul a imparfaitement connu, imparfaitement prophétisé ne voyant qu'à travers un miroir et en énigme : et que tout cela doit disparaître à l'arrivée de Manès, qui apportera ce qui est parfait, de manière à ce qu'on voie la vérité face à face. O lascive, ô immonde créature, tu tiens encore ce langage saris rougir, tu te repais encore de vent, tu embrasses encore les idoles de ton coeur ? Quoi ! tu as vu face à face le roi porte-sceptre assis sur son trône, couronné de fleurs, et les troupes de dieux, et le grand porte-lumière ayant six visages et six bouches et rayonnant de lumière ; et un autre roi d'honneur, entouré des armées des anges; et un autre, amant, héros guerrier, tenant de sa droite une lance et de sa gauche un bouclier; puis un autre encore, roi glorieux qui pousse trois roues, celle du feu, celle de l'eau, et celle du vent : et le colossal Atlas, portant le monde sur ses épaules, et le soutenant de ses deux bras en s'appuyant sur un genou? As-tu réellement vu face à face ces merveilles et mille autres de ce genre, ou n'est-ce point la doctrine de démons menteurs, que des imposteurs te chantent à ton insu? Malheur à toi, infortunée ! voilà les fantômes auxquels tu te prostitues, les vanités que tu suces au lieu de la vérité; et enivrée à la coupe du serpent, tu oses insulter, à propos des deux tables de pierre, à la chaste matrone, épouse du Fils unique de Dieu; parce qu'elle n'est plus sous le joug de la loi, mais sous l'empire de la grâce, parce que, ne s'enflant point de ses oeuvres, ne se laissant pas abattre par la terreur, elle vit de foi, d'espérance et de charité, devenue Israël en qui il n'y a pas d'artifice[^15], et attentive à ce qui est écrit : « Le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu[^16] »: tandis que toi, pour n'avoir pas écouté ces paroles, tu t'es prostituée à une multitude de faux dieux.
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Ex. III, 2.
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Id. IV, 2-4.
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Jean, XIX, 24.
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Matt. XXVI, 7; Jean, XII, 3.
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Matt. XXII, 7-9.
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Gen. XXVIII, 12.
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Dan. II, 34, 35.
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Act. X, 11.
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Apoc. I, etc.
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Cant. I, etc.
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Matt. XXII, 2-14.
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Luc, XV, 11-32.
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Matt, XXI, 33.
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Cor. XIII, 9, 10. 12.
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Jean, I, 45.
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Deut. VI, 4.