CHAPITRE V. LA CHAIR DU CHRIST SEMBLABLE A LA CHAIR DU PÉCHÉ.
On pourrait m'accuser d'inventer, si l'Apôtre ne nous le répétait pas si souvent, et pour réveiller ceux qui dorment, et pour réduire les calomniateurs au silence. « Dieu », nous dit-il, « a envoyé son Fils dans une chair semblable à celle du péché, afin de condamner le péché, dans la chair, par le péché même[^1] ». La chair du Christ n'était donc point une chair de péché, parce qu'elle ne lui était point venue de Marie par un père mortel; mais comme la mort est le fruit du péché, cette même chair, quoique produite d'une vierge, a cependant été mortelle, et par le fait qu'elle était mortelle, elle ressemblait à la chair du péché. C'est ce que l'Apôtre appelle aussi péché et ce qui lui fait dire : « Afin de condamner le péché dans la chair, par le péché même». Et ailleurs encore : « Celui qui ne connaissait point le péché, il l'a rendu péché pour l'amour de nous, afin qu'en lui nous devinssions justice de Dieu[^2] ». Pourquoi Moïse craindrait-il d'appeler maudit celui que Paul n'a pas craint d'appeler péché? Assurément le Prophète a dû prévoir et prédire cela, tout prêt à subir, avec l'Apôtre, le blâme, des hérétiques. Car quiconque reproche au Prophète d'avoir dit maudit, est censé blâmer aussi l'Apôtre d'avoir dit péché : puisque la malédiction est la compagne du péché.
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Rom. VIII, 3.
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II Cor. V, 21.