CHAPITRE IV. C'EST EN DISPARAISSANT QUE LA LOI ET LES PROPHÈTES ONT ÉTÉ ACCOMPLIS.
Augustin. Puisque tu reviens sur des objections tant de fois réfutées et démontrées fausses, nous ne craindrons pas de répéter les arguments par lesquels nous les avons combattues. Ce que les chrétiens n'observent pas dans la loi et dans les Prophètes, c'est ce qui n'était que le symbole de ce qu'ils pratiquent aujourd'hui. C'étaient, en effet, des figures de l'avenir qui devaient être détruites par les réalités mêmes révélées et présentées par le Christ, afin que, par leur propre disparition, la loi et les. Prophètes fussent accomplis. Car là même il était écrit que Dieu donnerait un Nouveau Testament, « différent », disait-il, « de celui que j'ai donné à leurs pères[^3] ». En effet, ce peuple, à cause de son cœur de pierre, avait reçu des commandements adaptés à sa nature plutôt qu'ils n'étaient bons, qui étaient cependant la figure et la prophétie de l'avenir ; seulement ils étaient alors pratiqués par des gens sans intelligence. Mais depuis que les choses qu'ils figuraient se sont accomplies et ont été révélées, on n'est plus obligé de les observer, on se contente de les lire pour en comprendre le sens. Et c'est à l'occasion de ces faits à venir, qu'il a été dit : « Je leur ôterai leur coeur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair[^1] »; c'est-à-dire un cœur intelligent et non un cœur sans intelligence. D'où l'Apôtre a emprunté ces expressions : « Non sur des tables de pierre, mais sur les tables charnelles du coeur[^2] ». Car n'est-ce pas la même chose que « le cœur de chair ? » Et précisément parce que cela était prédit, si ces rites n'avaient pas disparu de notre culte, la loi et les Prophètes ne seraient pas accomplis ; parce que l'événement n'aurait pas justifié la prédiction ; mais comme il la justifie, nous voyous la loi et les Prophètes accomplis, précisément par la raison même qui vous fait dire qu'ils ne le sont pas.
-
Jer. XXXI, 32.
-
Ez. XI, 19.
-
II Cor. III, 3.