CHAPITRE LVII. SUR LES CONTEMPLATIFS PROPRES A LA VIE ACTIVE.
Mais comme il est bon que cette vie soit mieux connue et obtienne aussi la gloire populaire, et qu'il ne serait pas juste qu'elle l'obtînt, si elle retenait son amant dans l'oisiveté, quoiqu'il fût capable de s'occuper des affaires de l'Eglise, et qu'elle ne lui donnât aucune part aux travaux d'un intérêt général; voilà pourquoi Lia dit à sa soeur : « Ce n'est pas assez pour vous de vous être emparée de mon époux: vous voulez encore prendre les mandragores de mon fils ? » Par époux, on entend ici tous ceux que leur vertu rend capables d'agir, qui sont dignes de gouverner l'Eglise et de lui dispenser le sacrement de la foi, mais qui, enflammés du désir de la doctrine, et de la recherche et de la contemplation de la sagesse, veulent se soustraire à tous les inconvénients de la vie active et se renfermer dans le calme pour s'instruire et enseigner; voilà pourquoi il est dit : « Ce n'est pas assez pour vous de vous être emparée de mon mari; vous voulez encore prendre les mandragores de mon fils? » Comme si l'on disait : Ce n'est pas assez pour la vie d'étude de retenir dans l'oisiveté des hommes nécessaires pour les travaux de l'administration ; elle aspire encore à la gloire populaire ?