XVII.
« Mais, ajoute-t-il, c'est d'eux que le Seigneur a dit : Vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts1 ; c'est dire clairement qu'aucun d'eux n'avait appartenu au Seigneur, puisqu'ils étaient sous l'empire de la mort ». Cette conclusion est parfaite. ment juste, s'il s'agit des ancêtres de ceux à qui le Sauveur adressait ces paroles. Or, il s'adressait à des incrédules, et il parlait de ceux de leurs ancêtres qui leur avaient donné l'exemple de ce crime. De là cette parole : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux Prophètes, qui ornez les monuments des justes et qui dites : Si nous eussions été du temps de nos pères, nous aurions évité de nous joindre à eux pour répandre le sang des Prophètes. Ainsi vous vous rendez témoignage à vous-mêmes que vous êtes les enfants de ceux qui ont tué les Prophètes ». Il s'agit ici d'une filiation, non pas par le sang, mais par l'imitation des mêmes crimes. En effet, s'ils n'eussent été que les enfants par nature, ce seul titre ne pouvait être un rime pour eux; ce qui les rendait coupables, c'était d'imiter les crimes de leurs ancêtres. Aussi le Sauveur ajoute : « Achevez donc de combler la mesure de vos pères. Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous d'être condamnés au feu de l'enfer? C'est pourquoi je vais vous envoyer des Prophètes, des sages et des scribes ; vous tuerez les un, vous crucifierez les autres, vous en flagellerez d'autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville; afin que tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre retombe sur vous, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zachrarie, fils de Barachie, que vous avez tué entre, le temple et l'autel. Je vous le dis en vérité, tout cela viendra fondre sur cette génération2. Pouvait-on prouver plus clairement qu'en imitant leurs mauvais pères, ils en étaient devenus les mauvais fils; leurs pères avaient tué les Prophètes depuis Abel, ceux-ci tuèrent Zacharie et soulevèrent les persécutions les plus impies et les plus criminelles. Comment, en effet, le sang de ces Prophètes pourrait-il retomber sur des hommes qui n'ont vécu que bien longtemps après eux, si ces derniers n'étaient pas unis à leurs bourreaux par les mêmes sentiments de cruauté et de barbarie ? Ce passage que nous venons de citer nous prouve également que, dans le peuple de Dieu, il y eut des justes et des Prophètes de Dieu, en l'honneur desquels eux bâtissaient des tombeaux et ornaient les monuments. Quel crime n'est-ce donc pas de flétrir par des accusations sacrilèges la mémoire des morts, quand les impies eux-mêmes les entouraient de respect et d'honneur? Comment notre adversaire, qui veut encore passer pour chrétien, ne voit-il pas qu'il tue son âme, en poursuivant de ses blasphèmes des Prophètes auxquels Jésus-Christ a décerné le titre de justes ?