XVIII.
Après les Prophètes il s'attaque aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob, leur appliquant ces paroles du Sauveur : « Vos pères ont mangé la manne et ils sont morts »; et en effet, dit-il, ces patriarches ne sont-ils pas morts? Je ne sais à quoi attribuer une telle accusation; est-ce à la fraude, est-ce à l'aveuglement? Quoi qu'il en soit, elle ne mérite que le plus profond mépris. Ce qui me révolte surtout, c'est qu'il ne rougisse pas de soutenir son erreur par ces paroles appliquées par le Seigneur à ces mêmes Prophètes : « Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ». La conclusion qu'il devait en tirer, c'était de dire que ces Patriarches jouissent actuellement d'une vie réelle. En effet, après avoir cité ce passage de la loi : « Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob », le Sauveur ajoute aussitôt : « Or, il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car tous vivent en lui et pour lui1 »; ils vivent de la vie véritable dont jouissent les justes mêmes, après que la mort corporelle est venue les frapper. Si notre auteur possédait cette vie des justes, tiendrait-il un semblable langage?
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Matt. XXII, 32; Luc, XX, 37, 38. ↩