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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate

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De la trinité

CHAPITRE XI.

APPARITIONS DIVINES PRODUITES PAR LE MINISTÈRE DES ANGES. CONCLUSION DE CE LIVRE.

  1. Ainsi, parce que la substance de Dieu, ou, si vous aimez mieux, l’essence divine, c’est-à-dire, selon notre faible manière de comprendre les choses, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, est absolument immuable de sa nature, elle ne peut être visible par elle-même. C’est pourquoi toutes les apparitions dont le Seigneur daigna, selon les temps et les circonstances, favoriser les patriarches et les prophètes, eurent lieu par l’intermédiaire des créatures. Sans doute je ne saurais expliquer comment Dieu y employa ses anges, mais je n’hésite pas à dire qu’ils opérèrent ces diverses apparitions. Et en parlant ainsi, je ne le fais pas de moi-même, car je pourrais vous paraître peu sensé, tandis que je m’efforce d’être « sage avec sobriété, et selon la mesure» de la foi « que Dieu m’a départie ( Rom., XII, 3 ) ». Oui, comme dit encore le même apôtre, « j’ai cru, et c’est pourquoi j’ai parlé ( II Cor., IV, 13 ) ». Ici en effet je m’appuie sur l’autorité des saintes Ecritures; et ‘il n’es point permis de rejeter ce fondement de la révélation divine pour s’égarer dans de vaines aberrations d’esprit, où nos sens ne peuvent nous guider, et où la raison ne saurait saisir les traits, ni le rayonnement de la vérité. Or dans l’épître aux Hébreux, l’Apôtre distingue la promulgation de la loi nouvelle de la promulgation de la loi ancienne; il marque les convenances du temps et des siècles qui les séparent, et il dit expressément que les prodiges et les voix du Sinaï furent l’oeuvre des anges. Au reste, voici comment il s’exprime : « Quel est l’ange à qui le Seigneur ait jamais dit : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis vos ennemis sous vos pieds? Tous les anges ne sont-ils pas des esprits qui servent le Seigneur, envoyés pour leur ministère en faveur de ceux qui hériteront du salut (Hébr., I, 13, 14 )?»

Peut-on désirer un témoignage plus formel que tout se fît alors par le ministère des anges, et pour nous, c’est-à-dire pour le peuple de Dieu auquel est promis l’héritage de la vie éternelle? Aussi le même apôtre écrit-il aux Corinthiens: « Toutes les choses qui arrivaient aux Juifs étaient des figures; et elles ont été écrites pour nous instruire, nous qui nous trouvons à la fin des temps ( I Cor., X, 11 ). » Mais faut-il prouver que Dieu nous a parlé par son Fils, tandis que sur le Sinaï, il parla par ses anges? Saint Paul le tait dans le passage suivant avec la dernière évidence. « C’est pourquoi, dit-il, il faut garder plus fidèlement ce que nous avons entendu, de peur que nous ne soyons comme l’eau qui s’écoule. Car si la loi publiée par les anges est demeurée ferme, et si tonte transgression et toute désobéissance a reçu le juste châtiment qu’elle méritait; comment l’éviterons-nous, si nous négligeons une doctrine si salutaire? » Mais parce qu’ici vous pourriez demander quelle est cette doctrine, l’Apôtre prévient votre objection, et vous répond qu’elle est le Nouveau Testament, c’est-à-dire l’Evangile révélé aux hommes par Dieu lui-même, et non par le ministère des anges. «Cette doctrine, continue-t-il, annoncée d’abord par le Seigneur même, nous a été confirmée par ceux qui l’avaient apprise de lui; Dieu même appuyant leur témoignage par les miracles, par les prodiges, par les différents effets de sa puissance, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté (Hebr., II, 1-4 ) ».

  1. Mais pourquoi, direz-vous, lisons-nous dans l’Exode, cette parole: « Dieu dit à Moïse »; et non point : l’ange dit à Moïse? C’est que dans l’arrêt judiciaire que récite l’huissier, il n’est point écrit : l’huissier a dit; mais bien le juge a prononcé. Ainsi encore, quand un prophète parle au nom du Seigneur, quoique nous disions : Le prophète a dit, nous comprenons bien que c’est Dieu qui a parlé par sa bouche. Et de même quand nous disons: Le Seigneur a dit, nous n’excluons point la (399) personne du prophète, et nous rappelons seulement quel est celui dont il est l’interprète. Au reste, souvent l’Ecriture, pour nous mieux faire connaître que l’ange dans ces circonstances parle au nom et en la personne de Dieu, s’exprime ainsi : Le Seigneur a dit. J’en ai ci-dessus rapporté divers exemples. Mais parce que plusieurs s’obstinent à voir dans l’ange que nomme ici l’Ecriture, le Fils de Dieu, que les prophètes par l’ordre de son Père, et par sa propre inspiration, ont appelé l’Ange du grand conseil, j’ai voulu transcrire ici le passage de l’épître aux Hébreux où l’Apôtre dit expressément que la loi fut donnée par les anges, et non par un ange.

  2. Saint Etienne, dans le livre des Actes, ne s’exprime pas autrement que l’écrivain du Pentateuque. « Ecoutez, dit-il, mes frères et mes pères : le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham quand il était en Mésopotamie ( Act., VII, 2) ». Et de peur qu’on ne s’imaginât qu’en disant : « le Dieu de gloire », il voulût affirmer qu’alors le Seigneur s’était montré en son essence divine aux regards d’un homme, il a bien soin d’ajouter ensuite que ce fut un

ange qui apparut à Moïse. « Moïse, dit-il, s’enfuit à cette parole, et il devint étranger en la terre de Madian, où il eut deux fils. Quarante ans accomplis, l’ange lui apparut au désert de la montagne de Sina, dans la flamme du feu d’un buisson. Et Moïse à cet aspect admira cette vision ; et comme il approchait pour considérer, la voix du Seigneur se fit entendre à lui, disant : Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Et Moïse tremblant n’osait regarder. Or le Seigneur lui dit : Délie ta chaussure, car le lieu où tu es, est une terre sainte (Act., VII, 29-33 )». Certes ici, comme dans la Genèse, l’ange est appelé Seigneur, et même Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob.

  1. Direz-vous peut-être qu’à la vérité Dieu apparut à Moïse en la personne d’un ange, mais qu’il se montra en son essence à Abraham? Eh bien! laissons de côté saint Etienne, et interrogeons le livre d’où il a pris son récit. N’y lisons-nous pas « que le Seigneur Dieu dit à Abraham »; et encore : « que le Seigneur Dieu apparut à Abraham (Gen., XII, 1, XVII, 1 )? Sans doute, il n’est pas fait ici mention de plusieurs anges; mais allons un peu plus loin; que nous dit l’écrivain sacré? « Or, le Seigneur apparut à Abraham assis à l’entrée de sa tente, à l’heure de midi, et comme il levait les yeux, trois hommes parurent debout près de lui (Gen., XVIII, 1,2 ) ». J’ai déjà parlé de ces trois hommes; c’est pourquoi je ne poserai qu’une seule question à ceux qui s’attachent à la lettre du texte sacré sans en comprendre le sens, ou qui, tout en le comprenant, chicanent sur les mots. Je leur demanderai donc comment Dieu eût pu apparaître en la personne de ces trois hommes, s’ils n’eussent été des anges, comme le prouve la suite du récit? Mais parce qu’il n’est pas dit: un ange lui parla, ou lui apparut, oseront-ils dire qu’à la vérité Moïse vit et entendit un ange, puisque l’Ecriture le marque expressément, tandis qu’Abraham vit réellement l’essence divine et entendit la voix de Dieu, puisque l’écrivain sacré n’affirme pas le contraire? Eh bien! est-il vrai que l’Ecriture ne fasse mention d’aucun ange dans les diverses visions qu’eut Abraham? Lorsqu’elle raconte le sacrifice d’Isaac, ne s’exprime-t-elle pas ainsi : « Dieu éprouva Abraham, et lui dit : Abraham, Abraham? Abraham répondit: Me voici. Et Dieu lui dit: Prends ton fils unique que tu chéris, Isaac, et va dans la terre de vision; et là tu l’offriras en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai (Gen., XXII, 1,2 ). »

Certes, c’est bien de Dieu qu’il est ici parlé, et non d’un ange. Cependant, peu après, l’écrivain sacré continue en ces termes : « Or, Abraham étendant la main, saisit le glaive pour immoler son fils, et voilà qu’un ange «du Seigneur l’appela du haut des cieux, et lui dit: Abraham, Abraham. Lequel répondit: Me voici. Et l’ange dit : N’étends pas la main sur l’enfant, et ne lui fais aucun mal ». Qu’objecter contre un passage aussi formel? Dira-t-on que Dieu avait ordonné l’immolation d’Isaac, et qu’un ange vint s’y opposer? Mais alors Abraham eût désobéi à l’ordre du Seigneur pour se conformer à la défense de l’ange. N’est-ce pas tout ensemble risible et ridicule? Au reste, l’Ecriture ne nous permet même pas cette grossière et absurde interprétation, car elle ajoute aussitôt : « Je sais maintenant que tu crains Dieu, puisque tu n’as pas épargné ton fils unique, à cause de moi ». Or, ce mot, à cause de moi, indique la personne qui avait commandé le sacrifice, et ainsi l’ange est le Dieu d’Abraham, (400) ou plutôt c’est Dieu en la personne de l’ange. Mais poursuivons le récit sacré; il est bien

digne de notre attention, et nous y trouverons une mention expresse de l’ange. « Abraham levant les yeux, vit derrière lui un bélier embarrassé par les cornes dans un buisson; et il le prit, et l’offrit en holocauste pour son fils. Et il appela ce lieu d’un nom qui signifie, le Seigneur voit. C’est pourquoi on dit encore aujourd’hui : Le Seigneur verra sur la montagne ». Et de même, un peu auparavant, le Seigneur avait dit par la bouche de l’ange : « Je sais maintenant que tu crains Dieu». Ce n’est pas, toutefois, qu’il faille par là entendre que jusqu’à ce moment Dieu ignorât les dispositions d’Abraham. Seulement alors, Abraham eut conscience des sentiments héroïques de son coeur, sentiments qui le portèrent jusqu’à immoler son fils unique. Au reste, ce n’est ici qu’une manière de parler, selon laquelle la cause est mise pour l’effet. Ainsi nous disons que le froid est paresseux, pour signifier qu’il nous rend lents et paresseux. Lors donc que l’Ecriture dit que le Seigneur connut, elle veut dire qu’il donna occasion à Abraham de connaître la fermeté de sa foi. Or, sans cette épreuve, il l’eût ignorée. C’est encore dans le même sens qu’Abraham « appela ce lieu d’un nom qui signifie, le Seigneur voit»; c’est-à-dire, où il se laisse voir. Et en effet, l’écrivain sacré ajoute, « qu’aujourd’hui encore on dit: Le Seigneur verra sur la montagne ».

Pourquoi donc le même ange est-il nommé le Seigneur, si ce n’est parce qu’il représentait le Seigneur? Bien plus, dans les versets suivants, cet ange énonce une prophétie, et atteste ainsi que Dieu parlait par sa bouche: « Et l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham du haut du ciel, disant : J’ai juré par moi-même, dit le Seigneur : parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas épargné ton fils unique à cause de moi, je te bénirai, et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel (Gen., XXII, 15, 17 ) ». Certes, il y a ici un rapport frappant entre l’ange qui parle au nom du Seigneur et les prophètes qui s’expriment ainsi : « Le Seigneur a dit ». Mais enfin pourquoi ne serait-ce pas Dieu le Fils qui dirait au nom de son Père : « Le Seigneur a dit »; et qui serait son ange ou son envoyé? Oui, sans doute, s’il ne se présentait soudain une difficulté inextricable en la personne des trois hommes que vit Abraham, et au sujet desquels il est dit « que le Seigneur apparut à Abraham ». Mais peut-être n’étaient-ils pas des anges, parce que l’Ecriture les appelle des hommes? Eh! lisez Daniel qui nous dit: « Voilà que l’ange Gabriel m’apparut sous une forme humaine (Dan., IX, 21 )».

  1. Mais que tardons-nous à contraindre nos adversaires à un silence absolu par un nouvel argument plus formel encore et plus grave? Car ici il ne s’agit plus d’un ange, nommé séparément, ni de trois hommes pris collectivement; mais ce sont des anges qu’on nous représente comme les interprètes de Dieu dans la promulgation solennelle de la loi. Or, quel catholique ne sait que le Seigneur donna cette loi à Moïse par le ministère des anges, pour qu’il y assujettît les enfants d’Israël? Eh bien! voici comme parle saint Etienne: « Hommes à la tête dure, incirconcis de coeur et d’oreilles, vous résistez toujours au Saint-Esprit ; et il en est de vous comme de vos pères. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécuté? Ils ont tué ceux qui ont prédit l’avènement du Juste, que maintenant vous avez trahi et mis à mort. Vous avez reçu sa loi par le ministère des anges, et vous ne l’avez point gardée ( Act., VII, 51-53 ) ». Où trouver un témoignage plus évident, et une autorité plus péremptoire? La loi mosaïque a donc été donnée au peuple Juif par le ministère des anges, mais elle annonçait l’avènement du Sauveur Jésus, et y préparait le monde. Aussi est-il vrai de dire que le Verbe de Dieu se faisait mystérieusement apercevoir en la personne des anges qui promulguaient cette loi. C’est pourquoi Jésus-Christ lui-même disait aux Juifs: « Si vous croyiez à Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est de moi qu’il a écrit (Jean, V, 46 ) ».

Ainsi le Seigneur déclarait ses volontés par le ministère des anges; et c’est par ces mêmes anges que le Fils de Dieu, qui devait un jour naître de la race d’Abraham, et se poser comme médiateur entre Dieu et les hommes, disposait le monde a son avènement. Il se préparait dès lors des âmes qui le recevraient, en se reconnaissant coupables de n’avoir pas observé la loi. Aussi l’Apôtre écrit-il aux Galates: « A quoi donc a servi la loi? Elle a été établie à cause des transgressions jusqu’à (401) l’avènement de Celui qui devait naître et que la promesse regardait. Et cette loi a été donnée au moyen des anges par la main du Médiateur ( Gal., III, 19) ». C’est-à-dire que le Fils de Dieu l’a promulguée lui-même par l’entremise des anges. Car l’incarnation du Verbe n’est point une conséquence nécessaire de sa nature divine, mais un effet de sa puissance. D’ailleurs, une preuve qu’ici l’Apôtre entend par médiateur le Fils de Dieu en tant qu’il a daigné se faire homme, c’est qu’il dit dans un autre endroit: « Il n’y a qu’un Dieu et un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme (I Tim., II, 5 ) ». Il nous est donc permis de voir Jésus-Christ dans l’immolation de l’agneau pascal, et dans mille autres cérémonies légales qui annonçaient sa naissance, sa passion et sa résurrection. Or, la loi qui les prescrivait, avait été donnée par les anges, et ces anges eux-mêmes représentaient tantôt la Trinité entière, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sans distinction aucune des personnes, et tantôt le Père séparément, ou le Fils, ou le Saint-Esprit. Au reste en se montrant visiblement sous ces formes sensibles , et en la personne de ses créatures, Dieu ne se révélait point en son essence. Car cette vision est réservée pour le ciel, et sur la terre nous nous efforçons seulement de la mériter par tout ce qui frappe nos yeux et nos oreilles.

  1. Mais il me semble que j’ai suffisamment développé et prouvé la question qui faisait le sujet de ce livre. Ainsi il demeure démontré par le raisonnement seul, du moins selon moi, et par l’autorité de l’Ecriture, dont j’ai cité plusieurs passages, qu’avant l’incarnation du Sauveur, les diverses apparitions de Dieu aux patriarches et aux prophètes furent l’oeuvre des anges. Ce sont eux qui toujours se montrèrent sous des formes corporelles, et qui parlèrent au nom du Seigneur. Quelquefois, comme nous le voyons fréquemment par les prophètes, ils agissaient et parlaient immédiatement au nom et en la personne de Dieu, et quelquefois aussi ils empruntaient le concours rie créatures étrangères, pour mieux signifier aux hommes la présence du Seigneur. Nos livres saints nous attestent que ce dernier mode d’apparition ne fut pas inconnu aux prophètes. C’est pourquoi il convient de traiter maintenant des apparitions divines que nous raconte le Nouveau Testament. Ainsi le Fils de Dieu est né d’une Vierge, et l’Esprit-Saint s’est montré sous la forme d’une colombe au baptême de Jésus-Christ, de même qu’après l’ascension, et au jour de la Pentecôte, il s’annonça par un grand vent, et parut sous l’emblème de langues de feu. Néanmoins, constatons tout d’abord que le Verbe de Dieu ne s’est point montré à nous en cette essence divine qui le rend égal et coéternel à son Père. Il faut en dire autant de l’Esprit-Saint, qui par sa nature est égal et coéternel au Père et au Fils. Mais l’un et l’autre se sont montrés par l’intermédiaire d’une créature qui a été créée et formée tout exprès pour frapper nos regards et nos sens. Toutefois il existe une grande différence entre les apparitions anciennes du Fils et du Saint-Esprit, et les propriétés qui se manifestent en eux dans le nouveau testament, quoique les unes et les autres aient eu lieu au moyen d’une créature corporelle et visible. Or, c’est à expliquer cette différence que je consacre le livre suivant. (402)

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De Trinitate

XI.

[XI] Quapropter substantia vel si melius dicitur essentia dei, ubi pro nostro modulo ex quantulacumque particula intellegimus patrem et filium et spiritum sanctum, quandoquidem nullo modo mutabilis est, nullo modo potest ipsa per semet ipsam esse visibilis. [22] Proinde illa omnia quae patribus visa sunt cum deus illis secundum suam dispensationem temporibus congruam praesentaretur per creaturam facta esse manifestum est. Et si nos latet quomodo ea ministris angelis fecerit, per angelos tamen esse facta non ex nostro sensu dicimus ne cuiquam videamur plus sapere praeter quam oportet sapere, sed sapimus ad temperantiam sicut deus nobis partitus est mensuram fidei, et credimus propter quod et loquimur. Exstat enim auctoritas divinarum scripturarum unde mens nostra deviare non debet, nec relicto solidamento divini eloquii per suspicionum suarum abrupta praecipitari ubi nec sensus corporis regit nec perspicua ratio veritatis elucet.

Apertissime quippe scriptum est in epistula ad Hebraeos, cum dispensatio novi testamenti a dispensatione veteris testamenti secundum congruentiam saeculorum ac temporum distingueretur, non tantum illa visibilia sed ipsum etiam sermonem per angelos factum. Sic enim dicit: Ad quem autem angelorum dixit aliquando: Sede ad dexteram meam donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum? Nonne omnes sunt ministri spiritus ad ministrationem missi propter eos qui futuri sunt haereditate possidere salutem? Hinc ostendit illa omnia non solum per angelos facta sed etiam propter nos facta, id est populum dei cui promittitur haereditas vitae aeternae. Sicut ad Corinthios etiam scriptum est: Omnia autem haec in figura contingebant illis; scripta sunt autem ad correptionem nostram in quos finis saeculorum obvenit. Deinde quia tunc per angelos nunc autem per filium sermo factus est, consequenter aperteque demonstrans: Propterea, inquit, abundantius debemus attendere nos ea quae audivimus ne forte defluamus. Si enim qui per angelos dictus sermo factus est firmus, et omnis praevaricatio et inoboedientia iustam accepit mercedis retributionem, quomodo nos effugiemus tantam neglegentes salutem? Et quasi quaereres quam salutem, ut ostenderet se de novo testamento iam dicere, id est sermonem qui non per angelos sed per dominum factus est: Quae cum initium accepisset, inquit, ut enarraretur per dominum, ab his qui audierunt in nos confirmata est coatestante deo signis et ostentis et variis virtutibus et spiritus sancti divisionibus secundum suam voluntatem.

[23] ‚Sed,‘ ait aliquis, ‚cur ergo scriptum est: Dixit dominus ad Moysen, et non potius: Dixit angelus ad Moysen?‘ Quia cum verba iudicis praeco pronuntiat, non scribitur in gestis: ‚Ille praeco dixit,‘ sed: ‚Ille iudex.‘ Sic etiam loquente propheta sancto etsi dicamus: ‚Propheta dixit,‘ nihil aliud quam dominum dixisse intellegi volumus. Et si dicamus: Dominus dixit, prophetam non subtrahimus, sed quis per eum dixerit admonemus. Et illa quidem scriptura saepe aperit angelum esse domini quo loquente identidem dicitur: Dominus dixit, sicut iam demonstravimus. Sed propter eos qui cum scriptura illic angelum nominat ipsum per se ipsum filium dei volunt intellegi quia propter annuntiationem paternae ac suae voluntatis a propheta dictus est angelus, propterea volui ex hac epistula manifestius testimonium dare ubi non dictum est: per angelum, sed: per angelos.

[24] Nam et Stephanus in actibus apostolorum eo more narrat haec quo etiam in veteribus libris conscripta sunt: Viri fratres et patres, audite, inquit: Deus gloriae apparuit Abrahae patri nostro cum esset in Mesopotamia. Ne quis autem arbitraretur tunc deum gloriae per id quod in se ipso est cuiusquam oculis apparuisse mortalium, in consequentibus dicit quod Moysi angelus apparuerit. Fugit, inquit, Moyses in verbo isto, et factus est inquilinus in terra Madian ubi genuit filios duos. Et completis illic annis quadraginta apparuit illi in deserto montis Sina angelus domini in flamma ignis in rubo. Moyses autem videns mirabatur visum. Qui cum accederet considerare, facta est vox domini: Ego deus patrum tuorum, deus Abraham et deus Isaac et deus Iacob. Tremefactus autem Moyses non audebat considerare. Dixitque illi dominus: Solve calceamentum pedum tuorum, et cetera. Hic certe et angelum et dominum dicit eundemque deum Abraham et deum Isaac et deum Iacob sicut in genesi scriptum est.

[25] An forte quisquam dicturus est quod Moysi per angelum apparuit dominus, Abrahae vero per se ipsum? At hoc ab Stephano non quaeramus. Ipsum librum interrogemus unde Stephanus ista narravit. Numquid enim quia scriptum est: Et dixit dominus deus ad Abraham, et paulo post: Et visus est dominus deus Abrahae, propterea ista non per angelos facta sunt? Cum alio loco similiter dicat: Visus est autem ei deus ad ilicem Mambre, sedente eo ad ostium tabernaculi sui meridie, et tamen consequenter adiungat: Respiciens autem oculis suis vidit, et ecce tres viri stabant super eum, de quibus iam diximus. Quomodo enim poterunt isti qui vel a verbis ad intellectum nolunt assurgere vel facile se ab intellectu in verba praecipitant, quodmodo poterunt explicare visum esse deum in viris tribus nisi eos, sicut etiam consequentia docent, angelos fuisse fateantur? An quia non dictum est, ‚Angelus ei locutus est‘ vel ‚apparuit,‘ propterea dicere audebunt Moysi quidem illam visionem ac vocem per angelum factam quia ita scriptum est, Abrahae autem quia commemoratio angeli facta non est per substantiam suam deum apparuisse atque sonuisse? Quid quod nec apud Abraham de angelo tacitum est? Nam ista legitur cum immolandus eius filius peteretur: Et factum est post haec verba temptavit deus Abraham et dixit ad deum: Abraham, Abraham. Et ille dixit: Ecce ego. Et dixit ei: Accipe filium tuum dilectum quem diligis, Isaac, et unde in terram excelsam et offeres eum ibi holocaustum super unum montium quam tibi dixero. Certe hic deus non angelus commemoratus est. Paulo post vero ita se habet scriptura: Extendens autem Abraham manum suam sumpsit gladium occidere filium suum. Et vocavit eum angelus domini de caelo et dixit ei: Abraham, Abraham. Et dixit: Ecce ego. Et dixit: Ne inicias manum tuam super puerum neque facias ei quidquam.

Quid ad haec respondetur? An dicturi sunt deum iussisse ut occideretur Isaac et angelum prohibuisse; porro ipsum patrem adversus dei praeceptum qui iusserat ut occideret obtemperasse angelo ut parceret? Ridendus et abiciendus hic sensus est. Sed neque huic tam grosso et abiecto ullum locum esse scriptura permittit continuo subiungens: Nunc enim cognovi quia times deum tu et non pepercisti filio tuo dilecto propter me. Quid est, propter me, nisi propter eum qui occidi iusserat? Idem igitur deus Abrahae qui angelus, an potius per angelum deus? Accipe sequentia; certe iam hic angelus manifestissime expressus est. Attende tamen quid contexatur: Respiciens Abraham oculis suis vidit, et ecce aries unus tenebatur in arbore sabech cornibus; et abiit Abraham et accepit arietem et obtulit eum holocaustum pro Isaac filio suo. Et cognominavit Abraham nomen loci illius: dominus vidit, ut dicant hodie quod in monte dominus visus est. Sicut paulo ante quod dixit deus per angelum: Nunc enim cognovi quia times deum, non tunc deus cognovisse intellegendus est sed egisse ut per deum ipse Abraham cognosceret quantas haberet vires cordis ad oboediendum deo usque ad immolationem unici filii, illo modo locutionis quo significatur per efficientem id quod efficitur, sicut dicitur frigus pigrum, quod pigros facit, ut ideo cognovisse diceretur quia ipsum Abraham cognoscere fecerat quem poterat latere fidei suae firmitas nisi tali experimento probaretur; ita et hic cognominavit Abraham nomen loci illius: dominus vidit, id est quod videri se fecit. Nam continuo secutus ait: Ut dicant hodie quod in monte dominus visus est. Ecce idem angelus dominus dicitur. Quare nisi quia per angelum dominus? Iam vero in eo quod sequitur prophetice omnino angelus loquitur et prorsus aperit quod per angelum deus loquatur. Et vocavit, inquit, angelus domini Abraham iterum de caelo dicens: Per me iuravi, dicit dominus, propter quod fecisti hoc verbum et non pepercisti filio tuo dilecto propter me, et cetera. Haec certe verba ut dicat ille per quem loquitur dominus, Haec dicit dominus, etiam prophetae solent habere. An filius dei de patre ait: Dicit dominus, et ipse est ille angelus patris? Quid ergo de illis tribus viris, nonne respiciunt quomodo urgeantur qui visi sunt Abrahae cum praedictum esset: Visus est ei dominus? An quia viri dicti sunt non erant angeli? Danielem legant dicentem: Et ecce vir Gabriel.

[26] Sed quid ultra differimus ora eorum evidentissimo atque gravissimo alio documento oppilare ubi non angelus singulariter nec viri pluraliter sed omnino angeli dicuntur, per quos non sermo quilibet factus sed lex ipsa data manifestissime ostenditur, quam certe nullus fidelium dubitat deum dedisse Moysi ad subiugandum populum Israhel sed tamen per angelos datam? Ita Stephanus loquitur: Dura cervice, inquit, et non circumcisi corde et auribus, vos semper spiritui sancto restitistis sicut et patres vestri. Quem prophetarum non persecuti sunt patres vestri? Et occiderunt eos qui praenuntiabant de adventu iusti, cuius nunc vos proditores et interfectores fuistis qui accepistis legem in edictis angelorum nec custodistis. Quid hoc evidentius? Quid tanta auctoritate robustius? In edictis quidem angelorum illi populo lex data est, sed domini Iesu Christi per eam disponebatur et praenuntiabatur adventus, et ipse tamquam verbum dei miro et ineffabili modo erat in angelis in quorum edictis lex dabatur. Unde dicit in evangelio: si crederetis Moysi, crederetis et mihi; de me enim ille scripsit. Per angelos ergo tunc dominus loquebatur, per angelos filius dei mediator dei et hominum futurus ex semine Abrahae suum disponebat adventum ut inveniret a quibus reciperetur, confitentes reos quos lex non impleta fecerat transgressores. Unde et apostolus ad Galatas dicit: Quid ergo lex? Transgressionis gratia proposita est donec veniret semen cui promissum est, dispositum per angelos in manu mediatoris, {hoc est dispositum per angelos in manu sua. Non enim natus est per conditionem sed per potestatem.} Quod autem non aliquem ex angelis dicit mediatorem sed ipsum dominum Iesum Christum in quantum homo fieri dignatus est habens alio loco: Unus, inquit, deus, unus et mediator dei et hominum homo Christus Iesus. Hinc illud pascha in interfectione agni; hinc illa omnia quae de Christo venturo in carne atque passuro sed et resurrecturo in lege figurantur quae data est in edictis angelorum, in quibus angelis erat utique et pater et filius sanctus; et aliquando pater, aliquando filius, aliquando spiritus sanctus, aliquando sine ulla distinctione personae deus per illos figurabatur etsi visibilibus et sensibilibus formis apparens, per creaturam tamen suam non per substantiam suam cui videndae corda mundantur per haec omnia quae oculis videntur et auribus audiuntur.

[27] Sed iam satis quantum existimo pro captu nostro disputatum et demonstratum est quod in hoc libro susceperamus ostendere, constitique et probabilitate rationis quantum homo vel potius quantum ego potui, et firmitate auctoritatis quantum de scripturis sanctis divina eloquia patuerunt, quod antiquis patribus nostris ante incarnationem salvatoris cum deus apparet dicebatur voces illae ac species corporales per angelos factae sunt, sive ipsis loquentibus vel agentibus aliquid ex persona dei sicut etiam prophetas solere ostendimus, sive assumentibus ex creatura quod ipsi non essent ubi deus figurate demonstraretur hominibus, quod genus significationum nec prophetas omisisse multis exemplis docet scriptura.

Superest igitur iam ut videamus cum et nato per virginem domino et corporali specie sicut columba descendente spiritu sancto visisque igneis linguis sonitu facto de caelo die pentecostes post ascensionem domini, non ipsum dei verbum per substantiam qua patri aequale atque coaeternum est, nec spiritus patris et filii per substantiam qua et ipse utrique coaequalis atque coaeternus est, sed utique creatura quae illis modis formari et exsistere potuit corporeis atque mortalibus sensibus apparuerit; quid inter illas demonstrationes et has proprietates filii dei et spiritus sancti quamvis per creaturam visibilem factas intersit, quod ab alio volumine commodius ordiemur.

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