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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate

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De Trinitate

VI.

[VI] Tanta est tamen cogitationis vis ut nec ipsa mens quodam modo se in conspectu suo ponat nisi quando se cogitat, ac per hoc ita nihil in conspectu mentis est nisi unde cogitatur ut nec ipsa mens qua cogitatur quidquid cogitatur aliter possit esse in conspectu suo nisi se ipsam cogitando. Quomodo autem quando se non cogitat in conspectu suo non sit cum sine se ipsa numquam esse possit quasi aliud sit ipsa, aliud conspectus eius, invenire non possum. Hoc quippe de oculo corporis non absurde dicitur. Ipse quippe oculus loco suo est fixus in corpore; aspectus autem eius in ea quae extra sunt tenditur et usque in sidera extenditur. Nec est oculus in conspectu suo quandoquidem non conspicit se ipsum nisi speculo obiecto unde iam locuti sumus. Quod non fit utique quando se mens in suo conspectu sui cogitatione constituit. Numquid ergo alia sua parte aliam suam partem videt cum se conspicit cogitando sicut aliis membris nostris qui sunt oculi alia nostra membra conspicimus quae in nostro possunt esse conspectu? Quid dici absurdius vel sentiri potest? Unde igitur aufertur mens nisi a se ipsa, et ubi ponitur in conspectu suo nisi ante se ipsam? Non ergo ibi erit ubi erat quando in conspectu suo non erat quia hic posita, inde sublata est. Sed si conspicienda migravit, conspectura ubi manebit? An quasi geminatur ut et illic sit et hic, id est et ubi conspicere et ubi conspici possit, ut in se sit conspiciens ante se conspicua? Nihil horum nobis veritas consulta respondet quoniam quando isto modo cogitamus non nisi corporum fictas imagines cogitamus, quod mentem non esse paucis certissimum est mentibus a quibus potest de hac re veritas consuli.

Proinde restat ut aliquid pertinens ad eius naturam sit conspectus eius, et in eam quando se cogitat non quasi per loci spatium sed incorporea conversione revocetur. Cum vero non se cogitat, non sit quidem in conspectu suo nec de illa suus formetur obtutus, sed tamen noverit se tamquam ipsa sibi sit memoria sui. Sicut multarum disciplinarum peritus ea quae novit eius memoria continentur, nec est inde aliquid in conspectu mentis eius nisi unde cogitat; cetera in arcana quadam notitia sunt recondita quae memoria nuncupatur. Ideo trinitatem sic commendabamus ut illud unde formatur cogitantis obtutus in memoria poneremus, ipsam vero conformationem tamquam imaginem quae inde imprimitur, at illud quo utrumque coniungitur amorem seu voluntatem. Mens igitur quando cogitatione se conspicit, intellegit se et recognoscit; gignit ergo hunc intellectum et cognitionem suam. Res quippe incorporea intellecta conspicitur et intellegendo cognoscitur. Nec ita sane gignit istam notitam suam mens quando cogitando intellectam se conspicit tamquam sibi ante incognita fuerit, sed ita sibi nota erat quemadmodum notae sunt res quae memoria continentur etiamsi non cogitentur (quoniam dicimus hominem nosse litteras etiam cum de aliis rebus, non de litteris cogitat). Haec autem duo, gignens et genitum, dilectione tertia copulantur quae nihil est aliud quam voluntas fruendum aliquid appetens vel tenens. Ideoque etiam illis tribus nominibus insinuandam mentis putavimus trinitatem, memoria, intellegentia, voluntate.

[9] Sed quoniam mentem semper sui meminisse semperque se ipsam intellegere et amare, quamvis non semper se cogitare discretam ab eis quae non sunt quod ipsa est, circa eiusdem libri decimi finem diximus, quaerendum est quonam modo ad cogitationem pertineat intellectus, notitia vero cuiusque rei quae inest menti etiam quando non de ipsa cogitatur ad solam dicatur memoriam pertinere. Si enim hoc ita est, non habebat haec tria ut et sui meminisset et se intellegeret et amaret, sed meminerat sui tantum, et postea cum cogitare se coepit tunc se intellexit atque dilexit.

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De la trinité

CHAPITRE VI.

COMMENT IL SE TROUVE UNE CERTAINE TRINITÉ DANS L’ÂME QUI RÉFLÉCHIT SUR ELLE-MÊME. QUEL RÔLE LA PENSÉE JOUE DANS CETTE TRINITÉ.

Telle est la puissance de la pensée, que l’âme n’est en sa propre présence que quand elle pense à elle-même ; par conséquent il n’y a de présent à l’âme que ce qu’elle pense, à tel point que l’âme elle-même ; par laquelle se pense tout ce qui se pense, ne peut être en sa propre présence, que quand elle se replie sur elle-même par la pensée. Mais comment se fait-il que l’âme n’est pas en sa propre présence, à moins de penser à elle-même, quand nous savons qu’elle ne peut être sans elle-même, qu’il n’y a pas de différence entre elle et sa propre présence? C’est là un mystère qui m’échappe. Cela se comprend pour l’oeil du corps: il occupe une place fixe dans le corps, sa vue se dirige sur les objets extérieurs et peut s’étendre jusqu’aux astres. Mais il n’est pas en sa propre présence, puisqu’il ne se voit pas lui-même, sinon à l’aide d’un miroir, comme nous l’avons déjà dit (Liv., X, ch. III. ): ce qui n’a pas lieu quand l’âme se met en présence d’elle-même par la pensée. Serait-ce donc que, quand elle se voit par la pensée, une partie d’elle-même verrait une autre partie d’elle-même, comme certains de nos organes, nos yeux par exemple, voient d’autres de nos organes qui sont exposés à leur regard? On ne saurait dire ni penser rien de plus absurde, A qui l’âme est-elle donc enlevée, sinon à elle-même? Et où se met-elle en sa propre présence, sinon devant elle-même? Donc quand elle n’est plus en sa propre présence, elle n’est plus où elle était: car elle était là, et elle en a été enlevée. Mais si l’âme à voir a émigré, où demeure-t-elle pour se voir? Est-elle double, de manière à être ici et là, c’est-à-dire où elle puisse voir et où elle puisse être vue; en elle-même, pour voir, et devant elle, pour être vue? Si nous consultons la vérité, elle ne nous répondra rien là-dessus; parce que cette façon de penser repose sur des images matérielles que nous nous figurons et qui n’ont rien de commun avec notre âme, comme le savent avec une parfaite certitude le petit nombre de ceux qui peuvent consulter la vérité sur ce point.

Il reste donc à dire que la vue d’elle-même est quelque chose qui appartient à sa nature et qui, lorsqu’elle pense à elle-même, lui revient, non par un déplacement local, mais par un mouvement immatériel; et cette vue, lorsque l’âme ne pense pas à elle-même, ne lui est pas présente, ne devient pour elle le but d’aucun regard, bien qu’elle se reconnaisse encore et qu’elle soit en quelque sorte pour elle-même sa propre mémoire. C’est ainsi que chez l’homme instruit dans beaucoup de sciences, ce qu’il sait est renfermé dans sa mémoire, et que rien cependant n’est présent à son âme que ce à quoi il pense, tout le reste est caché dans ce secret arsenal qui s’appelle la mémoire. Or, pour former cette trinité, nous plaçions dans la mémoire ce qui forme le regard de la pensée, puis nous donnions comme son image l’impression conforme qui en résulte, et en troisième lieu venait l’amour ou la volonté pour unir ces deux choses. Donc, quand l’âme se voit par la pensée, elle se comprend et se reconnaît; par conséquent elle engendre cette intelligence et sa propre connaissance. En effet, comprendre une chose immatérielle c’est la voir, et c’est en la comprenant qu’on la connaît. Et quand l’âme se comprend par la pensée et se voit, elle n’engendre pas sa propre connaissance comme si auparavant elle ne s’était pas connue; mais elle se connaissait, comme on connaît ce qui est enfermé dans la mémoire, alors même qu’on n’y pense pas; dans le sens où nous disons qu’un homme connaît les lettres alors. qu’il pense à toute autre chose qu’aux lettres. Or ces deux choses, ce qui engendre et ce qui est engendré, sont unies par un tiers, l’amour, qui n’est pas autre chose que la volonté désirant posséder un objet ou le possédant déjà. Voilà pourquoi nous avons cru pouvoir exprimer cette espèce de trinité par ces trois mots: mémoire, intelligence, volonté.

  1. Mais, comme nous l’avons dit, vers la fin de ce même livre dix, l’âme se souvient toujours d’elle-même, elle se comprend et s’aime toujours elle-même, quoiqu’elle ne pense pas toujours qu’elle est différente des êtres qui ne sont pas ce qu’elle est. Il faut donc chercher comment l’intelligence appartient à la pensée, tandis que nous disons que la connaissance (529) d’un objet quelconque, qui est dans l’âme, même quand elle n’y pense pas, appartient exclusivement à la mémoire. Car, s’il en est ainsi, elle ne réunissait pas les trois conditions, se souvenir d’elle-même, se comprendre et s’aimer: elle n’avait d’abord que le souvenir d’elle-même; puis, quand elle a commencé à penser, elle s’est comprise et s’est aimée.
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Fünfzehn Bücher über die Dreieinigkeit Compare
The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity Compare
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